Portant le titre d’un tableau de Dalí, Le Miel est plus doux que le sang dépeint la rencontre de trois artistes espagnols qui ont marqué leur époque et sont passés à l’histoire: Salvador Dalí, Federico García Lorca et Luis Buñuel.
La pièce écrite il y a 20 ans par Simone Chartrand et Philippe Soldevila, si elle peine à rejoindre un public adulte en raison de ses blagues faciles («Tu sais que tu es un fils de pute?» «Oui, mon père me l’a déjà dit.»), de son didactisme parfois cliché (l’homophobie est répréhensible, le sexe féminin est un mystère…) et de son verbiage, semble toutefois faire mouche auprès du public adolescent du Théâtre Denise-Pelletier. Du moins est-ce ce que laisse entendre l’ovation réservée aux comédiens à la fin du spectacle, alors que la voisine de gauche et le voisin de droite de votre humble rédactrice, plus âgés que la moyenne, se réveillaient en sursaut. Il faut dire que ce récit initiatique ne manque pas de sujets inspirants pour une jeune génération.
Dalí, García Lorca et Buñuel se rencontrent à la résidence pour étudiants de Madrid (la Residencia), où ils sont tous trois locataires. Ce ne sont pas encore des artistes accomplis, mais de jeunes adultes bouillonnants, persuadés que le monde leur appartient, tâtonnant et expérimentant à la recherche de leur voie, nourrissant des relations passionnées et houleuses, et se plaçant sous l’aile d’un mentor extravagant, Lolita (personnage fictif), une chanteuse de cabaret anarchiste bien décidée à faire éclore leur conscience politique.
Se basant sur des faits réels, la pièce est une ode à l’art et au processus créatif, mais aussi à l’amitié, à la fête et à la rébellion. Au-dessus de la Residencia plane l’esprit de l’ultraïsme espagnol, un mouvement littéraire soucieux de rompre avec l’esthétique traditionnelle pour développer un art nouveau, s’appropriant divers préceptes de l’avant-garde européenne (futurisme, cubisme et dadaïsme).
Après un début manquant de consistance, la pièce s’étoffe quelque peu lorsque Dalí, qui n’avait jusqu’alors fait que de brèves apparitions silencieuses et surréalistes (clins d’œil appréciables à son œuvre), prend une place à part entière dans le spectacle. Simon Lacroix insuffle au personnage une délicieuse et subtile étrangeté, qui contraste avec le ton forcé adopté par François Bernier dans le rôle de Buñuel (les scènes où il est saoul sont éprouvantes, et ne sont pas sans rappeler une autre mise en scène de Catherine Vidal, Avant la retraite, où un acte entier était péniblement joué en état d’ébriété).
Dans un décor évoquant un cabaret qui semble tout droit sorti de l’imagination de Dalí, avec son immense éléphant trônant dans le fond (un cadre de tableau gigantesque entoure d’ailleurs la scène), Vidal tente de donner du rythme à un texte qui en manque en organisant une valse d’entrée et de sorties de scène par tous les angles possibles, une utilisation de l’espace plutôt réussie. Elle parvient ainsi à transmettre l’ardeur et l’impétuosité des protagonistes. Par ailleurs, les chansons de Lolita (Isabelle Blais) sont autant d’intermèdes fort agréables, qui cadrent bien avec la légèreté générale du spectacle et nous transportent tout droit dans l’Espagne des années 20.
Texte de Simone Chartrand et Philippe Soldevila. Mise en scène de Catherine Vidal. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 27 février 2016.
Portant le titre d’un tableau de Dalí, Le Miel est plus doux que le sang dépeint la rencontre de trois artistes espagnols qui ont marqué leur époque et sont passés à l’histoire: Salvador Dalí, Federico García Lorca et Luis Buñuel.
La pièce écrite il y a 20 ans par Simone Chartrand et Philippe Soldevila, si elle peine à rejoindre un public adulte en raison de ses blagues faciles («Tu sais que tu es un fils de pute?» «Oui, mon père me l’a déjà dit.»), de son didactisme parfois cliché (l’homophobie est répréhensible, le sexe féminin est un mystère…) et de son verbiage, semble toutefois faire mouche auprès du public adolescent du Théâtre Denise-Pelletier. Du moins est-ce ce que laisse entendre l’ovation réservée aux comédiens à la fin du spectacle, alors que la voisine de gauche et le voisin de droite de votre humble rédactrice, plus âgés que la moyenne, se réveillaient en sursaut. Il faut dire que ce récit initiatique ne manque pas de sujets inspirants pour une jeune génération.
Dalí, García Lorca et Buñuel se rencontrent à la résidence pour étudiants de Madrid (la Residencia), où ils sont tous trois locataires. Ce ne sont pas encore des artistes accomplis, mais de jeunes adultes bouillonnants, persuadés que le monde leur appartient, tâtonnant et expérimentant à la recherche de leur voie, nourrissant des relations passionnées et houleuses, et se plaçant sous l’aile d’un mentor extravagant, Lolita (personnage fictif), une chanteuse de cabaret anarchiste bien décidée à faire éclore leur conscience politique.
Se basant sur des faits réels, la pièce est une ode à l’art et au processus créatif, mais aussi à l’amitié, à la fête et à la rébellion. Au-dessus de la Residencia plane l’esprit de l’ultraïsme espagnol, un mouvement littéraire soucieux de rompre avec l’esthétique traditionnelle pour développer un art nouveau, s’appropriant divers préceptes de l’avant-garde européenne (futurisme, cubisme et dadaïsme).
Après un début manquant de consistance, la pièce s’étoffe quelque peu lorsque Dalí, qui n’avait jusqu’alors fait que de brèves apparitions silencieuses et surréalistes (clins d’œil appréciables à son œuvre), prend une place à part entière dans le spectacle. Simon Lacroix insuffle au personnage une délicieuse et subtile étrangeté, qui contraste avec le ton forcé adopté par François Bernier dans le rôle de Buñuel (les scènes où il est saoul sont éprouvantes, et ne sont pas sans rappeler une autre mise en scène de Catherine Vidal, Avant la retraite, où un acte entier était péniblement joué en état d’ébriété).
Dans un décor évoquant un cabaret qui semble tout droit sorti de l’imagination de Dalí, avec son immense éléphant trônant dans le fond (un cadre de tableau gigantesque entoure d’ailleurs la scène), Vidal tente de donner du rythme à un texte qui en manque en organisant une valse d’entrée et de sorties de scène par tous les angles possibles, une utilisation de l’espace plutôt réussie. Elle parvient ainsi à transmettre l’ardeur et l’impétuosité des protagonistes. Par ailleurs, les chansons de Lolita (Isabelle Blais) sont autant d’intermèdes fort agréables, qui cadrent bien avec la légèreté générale du spectacle et nous transportent tout droit dans l’Espagne des années 20.
Le miel est plus doux que le sang
Texte de Simone Chartrand et Philippe Soldevila. Mise en scène de Catherine Vidal. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 27 février 2016.