«Bouillon, bouillon, toujours l’immanquable bouillon.» Cela pourrait être le cogito ergo sum que lance le personnage de Mérédith, dans la pièce écrite par Marie-Christine Lavallée et mise en scène par Jean-François Lapierre. Dans la bouche de la comédienne Geneviève St Louis, la phrase s’articule de façon impeccable et agit comme une bombe à retardement.
Après avoir exploré l’univrers de Copi avec La nuit de Madame Lucienne, le Théâtre le Tartare, fidèle à sa mission, dresse un portrait cru de la société et des névroses qu’elle engendre avec cette nouvelle production. Mérédith est la chef d’orchestre d’une vie réglée au quart de tour. Cette célibataire endurcie affronte chaque journée passée au Bureau Darlington grâce à ses protocoles de survie savamment étudiés.
Elle bascule légèrement de son trône lorsqu’un matin, sa «bol de toilette» lui déclare sa flamme. Entre deux touchantes confessions à son appuie-fesse, la moustache de son patron prénommé Dale, les commentaires désobligeants des commères du Bureau Darlington et son imagination galopante, on ne s’ennuie pas en compagnie de cette prosaïque Mérédith.
Cette deuxième pièce signée par Marie-Christine Lavallée aborde à l’aide de savoureux jeux de mots et d’un verbe scabreux le thème de la solitude. On a rarement affaire à une plume aussi raffinée, qui guide le spectateur avec autant de maîtrise à travers un dédale psychique complexe. La virtuose interprète Geneviève St Louis relève le défi lancé par ce puissant monologue tragi-comique pour vieille fille. On remarque l’extrême justesse et la droiture avec laquelle elle campe son personnage et nous livre cette poésie onirique méthodiquement planifiée.
Le fondateur et metteur en scène du Théâtre le Tartare, Jean-François Lapierre, a fait le pari d’une mise en scène très sobre, s’appuyant sur l’utilisation de trois panneaux verticaux et d’une table de bois. On se console du manque d’audace de la mise en scène, puisqu’il permet de concentrer toute notre attention sur le jeu de l’actrice, qui lui, ne manque pas de couleurs!
Malgré tout, le ton dramatique adopté dans le chapître final paraît forcé, alors qu’il survient après un climax narratif ingénieux. Mérédith, en proie à une psychose la plus totale, se révèle être la malheureuse victime de ses contes de princes charmants et la désillusion lui est fatale. Le monologue nous aspire dans sa trajectoire habile, mais les remous ne réussiront pas à créer la vague parfaite.
Un texte de Marie-Christine Lavallée. Mise en scène par Jean-François Lapierre. Une production du Théâtre le Tartare. Au Théâtre Prospero jusqu’au 12 mars 2016.
«Bouillon, bouillon, toujours l’immanquable bouillon.» Cela pourrait être le cogito ergo sum que lance le personnage de Mérédith, dans la pièce écrite par Marie-Christine Lavallée et mise en scène par Jean-François Lapierre. Dans la bouche de la comédienne Geneviève St Louis, la phrase s’articule de façon impeccable et agit comme une bombe à retardement.
Après avoir exploré l’univrers de Copi avec La nuit de Madame Lucienne, le Théâtre le Tartare, fidèle à sa mission, dresse un portrait cru de la société et des névroses qu’elle engendre avec cette nouvelle production. Mérédith est la chef d’orchestre d’une vie réglée au quart de tour. Cette célibataire endurcie affronte chaque journée passée au Bureau Darlington grâce à ses protocoles de survie savamment étudiés.
Elle bascule légèrement de son trône lorsqu’un matin, sa «bol de toilette» lui déclare sa flamme. Entre deux touchantes confessions à son appuie-fesse, la moustache de son patron prénommé Dale, les commentaires désobligeants des commères du Bureau Darlington et son imagination galopante, on ne s’ennuie pas en compagnie de cette prosaïque Mérédith.
Cette deuxième pièce signée par Marie-Christine Lavallée aborde à l’aide de savoureux jeux de mots et d’un verbe scabreux le thème de la solitude. On a rarement affaire à une plume aussi raffinée, qui guide le spectateur avec autant de maîtrise à travers un dédale psychique complexe. La virtuose interprète Geneviève St Louis relève le défi lancé par ce puissant monologue tragi-comique pour vieille fille. On remarque l’extrême justesse et la droiture avec laquelle elle campe son personnage et nous livre cette poésie onirique méthodiquement planifiée.
Le fondateur et metteur en scène du Théâtre le Tartare, Jean-François Lapierre, a fait le pari d’une mise en scène très sobre, s’appuyant sur l’utilisation de trois panneaux verticaux et d’une table de bois. On se console du manque d’audace de la mise en scène, puisqu’il permet de concentrer toute notre attention sur le jeu de l’actrice, qui lui, ne manque pas de couleurs!
Malgré tout, le ton dramatique adopté dans le chapître final paraît forcé, alors qu’il survient après un climax narratif ingénieux. Mérédith, en proie à une psychose la plus totale, se révèle être la malheureuse victime de ses contes de princes charmants et la désillusion lui est fatale. Le monologue nous aspire dans sa trajectoire habile, mais les remous ne réussiront pas à créer la vague parfaite.
Mérédith
Un texte de Marie-Christine Lavallée. Mise en scène par Jean-François Lapierre. Une production du Théâtre le Tartare. Au Théâtre Prospero jusqu’au 12 mars 2016.