Il faut donner la traduction de ce titre italien : « Nous partons pour ne plus vous donner de soucis », phrase attribuée à quatre retraitées grecques qui se seraient suicidées ensemble, ne pouvant plus supporter les effets des mesures d’austérité extrêmes adoptées par leur gouvernement.
Avec en toile de fond la crise économique et sociale, les créateurs italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, et leurs complices Monica Piseddu et Valentino Villa, ont conçu une œuvre d’une grande humanité, sombre et pourtant riche de réflexions sur la vie, la mort et le politique.
En fait, l’histoire de ces quatre femmes désespérées serait une image tirée du roman Le justicier d’Athènes de l’auteur grec Pétros Márkaris, ni plus ni moins qu’un prétexte à une exploration des questions que posent aux sociétés occidentales ces politiques qui appauvrissent les masses alors que les élites s’enrichissent. Mais pas de grands discours ici : sur un plateau complètement nu, une comédienne s’avance, affirmant tout de go à l’endroit du public : « Nous ne sommes pas prêts », ajoutant que ce n’est pas un détail technique qui retarde la représentation de 10 minutes, ni le fait de ne pas avoir travaillé à ce spectacle qui les empêche de le jouer.
Pendant une petite heure, les quatre créateurs-acteurs, chacun s’exprimant à tour de rôle sur un ton d’une grande simplicité, vont rendre compte de l’impasse qu’ils ont rencontrée à vouloir comprendre et expliquer le geste de désespoir des suicidées, et à lui donner une justification. Dans une « Athènes sinistrée » où la vie est devenue insoutenable, de vieilles femmes à qui on a coupé les allocations de retraite, pour qui l’accès au système de santé et aux médicaments s’est compliqué, peuvent vite se sentir « un poids pour la société » et décider d’en finir.
Consentant à montrer certains passages créés en répétition, une actrice incarne un moment l’une des femmes, fâchée contre elle-même de s’être retrouvée ainsi sans filet de sécurité, elle à qui on n’a eu de cesse de demander de réduire ses dépenses : « Jusqu’à quel point tu peux réduire ? », demande-t-elle. Jusqu’à disparaître. En posant un geste que d’aucuns jugeront politique, mais un tel geste, qui ne fait pas les manchettes, dont personne ne parle, peut-il être un geste politique ?
En s’interrogeant sur les dernières heures des suicidées, les artistes parviennent à évoquer l’arrière-fond politique et la crise sociale grecque, « une crise noire sans solution » : les gens en colère dans les rues, ceux qui fouillent dans les poubelles pour survivre, les boutiques qui ferment, rideaux de fer s’abaissant bruyamment pour ne plus se relever… Dans un tel contexte, l’artiste de théâtre tente de poser un geste, même inutile, même incompréhensible, comme se vêtir de noir jusqu’à la tête enfouie sous une housse, pour disparaître dans le noir… À la fin, toute la scène, une table, des chaises seront recouvertes de noir, comme les acteurs soudain muets.
Texte et mise en scène de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, en collaboration avec Monica Piseddu et Valentino Villa. Inspiré par une image du roman Le justicier d’Athènes de Pétros Márkaris. Une coproduction Teatro di Roma, Romaeuropa 2013 et 369Gradi (Rome), présentée à l’Espace GO à l’occasion du FTA les 28 et 29 mai 2016.
Il faut donner la traduction de ce titre italien : « Nous partons pour ne plus vous donner de soucis », phrase attribuée à quatre retraitées grecques qui se seraient suicidées ensemble, ne pouvant plus supporter les effets des mesures d’austérité extrêmes adoptées par leur gouvernement.
Avec en toile de fond la crise économique et sociale, les créateurs italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, et leurs complices Monica Piseddu et Valentino Villa, ont conçu une œuvre d’une grande humanité, sombre et pourtant riche de réflexions sur la vie, la mort et le politique.
En fait, l’histoire de ces quatre femmes désespérées serait une image tirée du roman Le justicier d’Athènes de l’auteur grec Pétros Márkaris, ni plus ni moins qu’un prétexte à une exploration des questions que posent aux sociétés occidentales ces politiques qui appauvrissent les masses alors que les élites s’enrichissent. Mais pas de grands discours ici : sur un plateau complètement nu, une comédienne s’avance, affirmant tout de go à l’endroit du public : « Nous ne sommes pas prêts », ajoutant que ce n’est pas un détail technique qui retarde la représentation de 10 minutes, ni le fait de ne pas avoir travaillé à ce spectacle qui les empêche de le jouer.
Pendant une petite heure, les quatre créateurs-acteurs, chacun s’exprimant à tour de rôle sur un ton d’une grande simplicité, vont rendre compte de l’impasse qu’ils ont rencontrée à vouloir comprendre et expliquer le geste de désespoir des suicidées, et à lui donner une justification. Dans une « Athènes sinistrée » où la vie est devenue insoutenable, de vieilles femmes à qui on a coupé les allocations de retraite, pour qui l’accès au système de santé et aux médicaments s’est compliqué, peuvent vite se sentir « un poids pour la société » et décider d’en finir.
Consentant à montrer certains passages créés en répétition, une actrice incarne un moment l’une des femmes, fâchée contre elle-même de s’être retrouvée ainsi sans filet de sécurité, elle à qui on n’a eu de cesse de demander de réduire ses dépenses : « Jusqu’à quel point tu peux réduire ? », demande-t-elle. Jusqu’à disparaître. En posant un geste que d’aucuns jugeront politique, mais un tel geste, qui ne fait pas les manchettes, dont personne ne parle, peut-il être un geste politique ?
En s’interrogeant sur les dernières heures des suicidées, les artistes parviennent à évoquer l’arrière-fond politique et la crise sociale grecque, « une crise noire sans solution » : les gens en colère dans les rues, ceux qui fouillent dans les poubelles pour survivre, les boutiques qui ferment, rideaux de fer s’abaissant bruyamment pour ne plus se relever… Dans un tel contexte, l’artiste de théâtre tente de poser un geste, même inutile, même incompréhensible, comme se vêtir de noir jusqu’à la tête enfouie sous une housse, pour disparaître dans le noir… À la fin, toute la scène, une table, des chaises seront recouvertes de noir, comme les acteurs soudain muets.
Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni
Texte et mise en scène de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, en collaboration avec Monica Piseddu et Valentino Villa. Inspiré par une image du roman Le justicier d’Athènes de Pétros Márkaris. Une coproduction Teatro di Roma, Romaeuropa 2013 et 369Gradi (Rome), présentée à l’Espace GO à l’occasion du FTA les 28 et 29 mai 2016.