À l’occasion du festival Actoral, qui se déroule à l’Usine C du 25 octobre au 5 novembre, Hubert Colas présente Texte M, un spectacle créé à Toulouse en 2015. On y découvre un homme qui a retrouvé la liberté, mais qui est hanté par le souvenir de son asservissement. On dit que le solo vertigineux écrit et interprété par Colas « nous fait pénétrer à l’intérieur d’un esprit qui, malgré ses peurs et ses hallucinations, finit par s’ouvrir à l’Autre ».
Dans quel contexte Texte M a t-il été écrit et créé en 2015 ?
La pièce a été écrite en réponse à une commande pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage, lancée par un artiste, Moïse Touré, sensible à mon propre parcours. J’ai des origines guyanaises et je suis descendant d’esclaves, pour une partie de ma famille. Je suis un mélange de cultures, mon grand-père est algérien, ma mère est métisse. Le fait d’avoir vécu mon enfance avec des images différentes, le fait de savoir que dans ma famille il y a eu des esclaves m’a porté vers une écoute et un regard différents. Cette pratique liée aux écritures et à l’imaginaire fait qu’il y a quelque chose chez moi qui entend les problématiques du racisme. Quand on parle, quand on écrit, quand on vit, nous ne nous exprimons pas seulement avec notre corps présent, avec lequel nous vivons depuis notre naissance, mais aussi avec un corps passé, que nous héritons de nos parents et arrière-grands-parents, toute une mémoire enfouie, cachée, prête à resurgir. Cette mémoire fantôme agit pour moi en tant qu’artiste, elle est active dans mes projets, charrie des peurs ancestrales, physiques, elle crée du trouble, de l’écrit et du regard.
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce monologue ? De quels enfermements est-il question ?
Ce texte ne raconte pas effectivement la fin de l’esclavagisme, mais pose la question de savoir ce qu’est un être qui se retrouve en liberté, alors que son passé est agi par des forces plus sombres, plus obscures. Si on ne lui a pas appris à être libre, qu’est ce que cela provoque dans un corps ? Il y va, non pas du plaisir, mais de l’angoisse de la liberté. Tenter d’être en société et dans une société qui l’a rejeté devient une nouvelle forme d’enfermement.
Pourquoi avoir choisi de jouer vous-même ce texte ?
Sans que ce soit auto-biographique, l’histoire de Texte M résonnait en moi. Retrouver la place de l’acteur, en tant que metteur en scène, permet de mieux comprendre sur le plateau des choses qu’on a parfois tendance à oublier. Il était important pour moi de revivre cette expérience et de pouvoir en témoigner auprès de mes compagnons, de comprendre comment dire très peu des choses à un acteur qui lui ouvrent néanmoins un paysage.
Comment le spectacle est-il reçu ? Qu’est-ce qu’il déclenche ?
Texte M est encore tout frais : nous l’avons joué seulement deux fois pour l’instant. La pièce commence à trouver le chemin de sa liberté, les spectateurs ont entendu cette forme d’humour paradoxale qu’a ce texte. Dans l’errance de cette personne il y a toujours une distance humoristique avec cette souffrance d’être libre.
Propos recueillis par Smaranda Olcèse.
Texte, mise en scène, scénographie et interprétation : Hubert Colas. Vidéo : Pierre Nouvel. Lumières : Fabien Sanchez. Son : Frédéric Viénot. Costumes : Fred Cambier. Mouvement : Odile Cazes-Laurent. Une production Diphtong Cie. À l’Usine C le 1er et le 2 novembre 2016.
À l’occasion du festival Actoral, qui se déroule à l’Usine C du 25 octobre au 5 novembre, Hubert Colas présente Texte M, un spectacle créé à Toulouse en 2015. On y découvre un homme qui a retrouvé la liberté, mais qui est hanté par le souvenir de son asservissement. On dit que le solo vertigineux écrit et interprété par Colas « nous fait pénétrer à l’intérieur d’un esprit qui, malgré ses peurs et ses hallucinations, finit par s’ouvrir à l’Autre ».
Dans quel contexte Texte M a t-il été écrit et créé en 2015 ?
La pièce a été écrite en réponse à une commande pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage, lancée par un artiste, Moïse Touré, sensible à mon propre parcours. J’ai des origines guyanaises et je suis descendant d’esclaves, pour une partie de ma famille. Je suis un mélange de cultures, mon grand-père est algérien, ma mère est métisse. Le fait d’avoir vécu mon enfance avec des images différentes, le fait de savoir que dans ma famille il y a eu des esclaves m’a porté vers une écoute et un regard différents. Cette pratique liée aux écritures et à l’imaginaire fait qu’il y a quelque chose chez moi qui entend les problématiques du racisme. Quand on parle, quand on écrit, quand on vit, nous ne nous exprimons pas seulement avec notre corps présent, avec lequel nous vivons depuis notre naissance, mais aussi avec un corps passé, que nous héritons de nos parents et arrière-grands-parents, toute une mémoire enfouie, cachée, prête à resurgir. Cette mémoire fantôme agit pour moi en tant qu’artiste, elle est active dans mes projets, charrie des peurs ancestrales, physiques, elle crée du trouble, de l’écrit et du regard.
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce monologue ? De quels enfermements est-il question ?
Ce texte ne raconte pas effectivement la fin de l’esclavagisme, mais pose la question de savoir ce qu’est un être qui se retrouve en liberté, alors que son passé est agi par des forces plus sombres, plus obscures. Si on ne lui a pas appris à être libre, qu’est ce que cela provoque dans un corps ? Il y va, non pas du plaisir, mais de l’angoisse de la liberté. Tenter d’être en société et dans une société qui l’a rejeté devient une nouvelle forme d’enfermement.
Pourquoi avoir choisi de jouer vous-même ce texte ?
Sans que ce soit auto-biographique, l’histoire de Texte M résonnait en moi. Retrouver la place de l’acteur, en tant que metteur en scène, permet de mieux comprendre sur le plateau des choses qu’on a parfois tendance à oublier. Il était important pour moi de revivre cette expérience et de pouvoir en témoigner auprès de mes compagnons, de comprendre comment dire très peu des choses à un acteur qui lui ouvrent néanmoins un paysage.
Comment le spectacle est-il reçu ? Qu’est-ce qu’il déclenche ?
Texte M est encore tout frais : nous l’avons joué seulement deux fois pour l’instant. La pièce commence à trouver le chemin de sa liberté, les spectateurs ont entendu cette forme d’humour paradoxale qu’a ce texte. Dans l’errance de cette personne il y a toujours une distance humoristique avec cette souffrance d’être libre.
Propos recueillis par Smaranda Olcèse.
Texte M
Texte, mise en scène, scénographie et interprétation : Hubert Colas. Vidéo : Pierre Nouvel. Lumières : Fabien Sanchez. Son : Frédéric Viénot. Costumes : Fred Cambier. Mouvement : Odile Cazes-Laurent. Une production Diphtong Cie. À l’Usine C le 1er et le 2 novembre 2016.