Écrite par la britannique Anna Jordan en 2015, la pièce Yen a été brillamment traduite et adaptée par David Laurin, qui a réussi à transposer ce huis clos malsain de deux jeunes désœuvrés dans le langage des jeunes Québécois d’aujourd’hui. Ils sacrent beaucoup, ne possèdent pas un vocabulaire très riche, peinent à exprimer leurs sentiments, mais ils sont certainement représentatifs des jeunes qui vivent dans des environnements malsains, difficiles et défavorisés.
Yen raconte l’histoire de deux adolescents, Mac (Guillaume Gauthier) et son frère cadet Tommy (Théodore Pellerin), livrés à eux-mêmes dans un triste appartement, abandonnés par leur mère alcoolique qui les visite épisodiquement. Pour survivre, ils se sont créés une bulle où règnent la violence, la pornographie, les jeux vidéo et les aboiements désespérés d’un chien, appelé Taliban, enfermé dans une chambre. Une jeune voisine de leur âge prend le chien en pitié et confronte les deux frères, avant de réussir à les dompter, du moins en apparence. L’absence de modèle adulte va toutefois les entrainer dans une confusion des sentiments et une absence de repères qui pourrait les mener à commettre des gestes irréparables.
Malgré quelques longueurs, la traduction de David Laurin est particulièrement vibrante et installe rapidement le contexte dramatique dans une simplicité quotidienne. Son écriture réussit à entremêler des passages d’extrême violence avec des moments de tendresse émouvante. La mise en scène de Jean-Simon Traversy, qui suggère les atrocités commises par les deux ados plutôt que de les montrer, est particulièrement judicieuse pour montrer les conséquences de la pauvreté, autant financière qu’intellectuelle, de l’abandon et de l’enfermement sur des adultes en devenir.
Un comédien se révèle
Incarnant un jeune de 13 ans atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, Théodore Pellerin, dont c’est le premier rôle au théâtre, vole complètement la vedette. La profondeur de son jeu est spectaculaire, lui qui n’a pourtant pas fréquenté d’école de théâtre. À chacune de ses interventions, que ce soit un jeu physique ou plus introspectif, il semble totalement incarné, il est complètement habité par son personnage. Il arrive même à le rendre attendrissant, alors qu’il commet des actes abjects. Dans la dernière scène, dont on ne donnera aucun détail pour ne rien dévoiler, il est tout simplement époustouflant par la décharge de sentiments contradictoires qu’il transmet au public. On assiste réellement à la naissance d’un comédien d’une grande intensité, que l’on a déjà hâte de voir dans d’autres productions. Ses collègues sur scène s’en sortent aussi très bien, mais Théodore Pellerin se démarque par une partition plus intense dans les émotions.
Texte : Anna Jordan. Traduction : David Laurin. Mise en scène : Jean-Simon Traversy. Scénographie et accessoires : Odile Gamache. Costumes : Marie-Noëlle Klis. Éclairages : Renaud Pettigrew. Musique : David Laurin. Mouvement : Isabelle Boulanger. Avec Guillaume Gauthier, Noémie Godin-Vigneau, Théodore Pellerin et Mounia Zahman. Une production de LAB87, en codiffusion avec La Manufacture. Au théâtre La Licorne jusqu’au 17 février 2017.
Écrite par la britannique Anna Jordan en 2015, la pièce Yen a été brillamment traduite et adaptée par David Laurin, qui a réussi à transposer ce huis clos malsain de deux jeunes désœuvrés dans le langage des jeunes Québécois d’aujourd’hui. Ils sacrent beaucoup, ne possèdent pas un vocabulaire très riche, peinent à exprimer leurs sentiments, mais ils sont certainement représentatifs des jeunes qui vivent dans des environnements malsains, difficiles et défavorisés.
Yen raconte l’histoire de deux adolescents, Mac (Guillaume Gauthier) et son frère cadet Tommy (Théodore Pellerin), livrés à eux-mêmes dans un triste appartement, abandonnés par leur mère alcoolique qui les visite épisodiquement. Pour survivre, ils se sont créés une bulle où règnent la violence, la pornographie, les jeux vidéo et les aboiements désespérés d’un chien, appelé Taliban, enfermé dans une chambre. Une jeune voisine de leur âge prend le chien en pitié et confronte les deux frères, avant de réussir à les dompter, du moins en apparence. L’absence de modèle adulte va toutefois les entrainer dans une confusion des sentiments et une absence de repères qui pourrait les mener à commettre des gestes irréparables.
Malgré quelques longueurs, la traduction de David Laurin est particulièrement vibrante et installe rapidement le contexte dramatique dans une simplicité quotidienne. Son écriture réussit à entremêler des passages d’extrême violence avec des moments de tendresse émouvante. La mise en scène de Jean-Simon Traversy, qui suggère les atrocités commises par les deux ados plutôt que de les montrer, est particulièrement judicieuse pour montrer les conséquences de la pauvreté, autant financière qu’intellectuelle, de l’abandon et de l’enfermement sur des adultes en devenir.
Un comédien se révèle
Incarnant un jeune de 13 ans atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, Théodore Pellerin, dont c’est le premier rôle au théâtre, vole complètement la vedette. La profondeur de son jeu est spectaculaire, lui qui n’a pourtant pas fréquenté d’école de théâtre. À chacune de ses interventions, que ce soit un jeu physique ou plus introspectif, il semble totalement incarné, il est complètement habité par son personnage. Il arrive même à le rendre attendrissant, alors qu’il commet des actes abjects. Dans la dernière scène, dont on ne donnera aucun détail pour ne rien dévoiler, il est tout simplement époustouflant par la décharge de sentiments contradictoires qu’il transmet au public. On assiste réellement à la naissance d’un comédien d’une grande intensité, que l’on a déjà hâte de voir dans d’autres productions. Ses collègues sur scène s’en sortent aussi très bien, mais Théodore Pellerin se démarque par une partition plus intense dans les émotions.
Yen
Texte : Anna Jordan. Traduction : David Laurin. Mise en scène : Jean-Simon Traversy. Scénographie et accessoires : Odile Gamache. Costumes : Marie-Noëlle Klis. Éclairages : Renaud Pettigrew. Musique : David Laurin. Mouvement : Isabelle Boulanger. Avec Guillaume Gauthier, Noémie Godin-Vigneau, Théodore Pellerin et Mounia Zahman. Une production de LAB87, en codiffusion avec La Manufacture. Au théâtre La Licorne jusqu’au 17 février 2017.