Quand Colin Higgins a écrit le scénario du film Harold et Maude, au tout début des années 1970, la situation était différente. L’économie tournait à plein régime, les classes sociales n’étaient pas encore poreuses et, surtout, une femme âgée qui batifolait avec un jeune homme était de l’ordre du tabou. Plus de 45 ans plus tard, les codes sociaux ont évolué et l’intérêt de la pièce s’en trouve amoindri. Hugo Bélanger a tenté d’en faire une adaptation contemporaine, sans y arriver totalement.
Harold est un jeune homme de bonne famille dont le principal passe-temps est d’assister à des funérailles d’inconnus et de simuler des suicides, afin que sa mère, bourgeoise coincée, lui démontre un peu d’amour. Ce qui n’arrive jamais. Alors qu’elle se met en quête de lui trouver un bon parti, Harold va faire la connaissance d’une presque nonagénaire exaltée et cocasse. À force de fréquenter la vieille femme insouciante et exubérante, il va tomber amoureux d’elle malgré leur différence d’âge. Mais cette dernière n’a pas forcément les mêmes sentiments que lui. Surtout, elle a prévu de se donner la mort, le jour de son 90e anniversaire. Ce qu’il va ignorer jusqu’au dernier moment.
Cette production aurait pu être intéressante si le metteur en scène n’avait pas manqué de cohérence et de rigueur dans sa vision. Dans la première partie, alors qu’Harold et Maude apprennent à se connaître, le jeu des comédiens est grossier et caricatural. Les personnages secondaires en font trop, multiplient les mimiques et les interjections, comme les petits cris hystériques du prêtre, le père Finnegan (Martin Héroux), ou les déhanchements burlesques du docteur Mattews (Luc Bourgeois). On a parfois l’impression que tout est fait seulement pour déclencher les rires.
Mais, quand l’amour – ou l’attachement – commence à poindre entre les deux protagonistes, le jeu des acteurs évolue et devient plus dramatique, à tel point que le spectateur se perd sur les intentions de chacun. La scénographie est aussi anachronique. Les grands murs verts et vides, les accessoires et même les costumes de certains personnages renvoient aux années 70, alors que l’action est censée se situer de nos jours. À plusieurs reprises, on sent ce malaise d’être pris entre deux époques.
Des acteurs solides
La distribution est toutefois irréprochable. Danielle Lépine, qui joue la mère d’Harold, est excellente dans son personnage de bourgeoise distante, coincée dans un milieu d’apparence et de préjugés, qui ne semble pas vivre au même siècle que son fils. Béatrice Picard excelle dans celui de Maude, vieille femme libre de tout et de tous. Mais la véritable surprise vient du jeune Sébastien René. Avec un look androgyne, il incarne une version moderne d’Harold, taciturne, branché sur son temps et sur les nouvelles technologies, mais pour qui l’amour reste toujours un mystère. Fil conducteur de la pièce, puisqu’il est présent du début à la fin, son jeu subtil et toujours précis, son assurance et sa polyvalence lui permettent de traverser les méandres d’une mise en scène et d’une direction d’acteurs brouillonnes.
Texte : Colin Higgins. Adaptation : Hugo Bélanger et Michel Dumont. Mise en scène : Hugo Bélanger. Décor : Geneviève Lizotte. Costumes : Marie Chantale Vaillancourt. Éclairages : Luc Prairie. Musique : Ludovic Bonnier. Accessoires : Normand Blais. Avec Danielle Lépine, Marie-Ève Trudel, Sébastien René, Luc Bourgeois, Béatrice Picard, Martin Héroux, Gary Boudreault et Jean-Marc Dalphond. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 13 mai 2017.
Quand Colin Higgins a écrit le scénario du film Harold et Maude, au tout début des années 1970, la situation était différente. L’économie tournait à plein régime, les classes sociales n’étaient pas encore poreuses et, surtout, une femme âgée qui batifolait avec un jeune homme était de l’ordre du tabou. Plus de 45 ans plus tard, les codes sociaux ont évolué et l’intérêt de la pièce s’en trouve amoindri. Hugo Bélanger a tenté d’en faire une adaptation contemporaine, sans y arriver totalement.
Harold est un jeune homme de bonne famille dont le principal passe-temps est d’assister à des funérailles d’inconnus et de simuler des suicides, afin que sa mère, bourgeoise coincée, lui démontre un peu d’amour. Ce qui n’arrive jamais. Alors qu’elle se met en quête de lui trouver un bon parti, Harold va faire la connaissance d’une presque nonagénaire exaltée et cocasse. À force de fréquenter la vieille femme insouciante et exubérante, il va tomber amoureux d’elle malgré leur différence d’âge. Mais cette dernière n’a pas forcément les mêmes sentiments que lui. Surtout, elle a prévu de se donner la mort, le jour de son 90e anniversaire. Ce qu’il va ignorer jusqu’au dernier moment.
Cette production aurait pu être intéressante si le metteur en scène n’avait pas manqué de cohérence et de rigueur dans sa vision. Dans la première partie, alors qu’Harold et Maude apprennent à se connaître, le jeu des comédiens est grossier et caricatural. Les personnages secondaires en font trop, multiplient les mimiques et les interjections, comme les petits cris hystériques du prêtre, le père Finnegan (Martin Héroux), ou les déhanchements burlesques du docteur Mattews (Luc Bourgeois). On a parfois l’impression que tout est fait seulement pour déclencher les rires.
Mais, quand l’amour – ou l’attachement – commence à poindre entre les deux protagonistes, le jeu des acteurs évolue et devient plus dramatique, à tel point que le spectateur se perd sur les intentions de chacun. La scénographie est aussi anachronique. Les grands murs verts et vides, les accessoires et même les costumes de certains personnages renvoient aux années 70, alors que l’action est censée se situer de nos jours. À plusieurs reprises, on sent ce malaise d’être pris entre deux époques.
Des acteurs solides
La distribution est toutefois irréprochable. Danielle Lépine, qui joue la mère d’Harold, est excellente dans son personnage de bourgeoise distante, coincée dans un milieu d’apparence et de préjugés, qui ne semble pas vivre au même siècle que son fils. Béatrice Picard excelle dans celui de Maude, vieille femme libre de tout et de tous. Mais la véritable surprise vient du jeune Sébastien René. Avec un look androgyne, il incarne une version moderne d’Harold, taciturne, branché sur son temps et sur les nouvelles technologies, mais pour qui l’amour reste toujours un mystère. Fil conducteur de la pièce, puisqu’il est présent du début à la fin, son jeu subtil et toujours précis, son assurance et sa polyvalence lui permettent de traverser les méandres d’une mise en scène et d’une direction d’acteurs brouillonnes.
Harold et Maude
Texte : Colin Higgins. Adaptation : Hugo Bélanger et Michel Dumont. Mise en scène : Hugo Bélanger. Décor : Geneviève Lizotte. Costumes : Marie Chantale Vaillancourt. Éclairages : Luc Prairie. Musique : Ludovic Bonnier. Accessoires : Normand Blais. Avec Danielle Lépine, Marie-Ève Trudel, Sébastien René, Luc Bourgeois, Béatrice Picard, Martin Héroux, Gary Boudreault et Jean-Marc Dalphond. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 13 mai 2017.