Ils sont à la fois intellos et espiègles, observant le monde avec des yeux candides et curieux, prenant toujours des chemins de pensée inexplorés. Au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, l’Amicale de production égare toutefois sa boussole dans sa nouvelle production, On traversera le pont une fois arrivés à la rivière, un spectacle radiophonique qui tente péniblement de raconter un monde connecté par la multiplicité des ondes.
Décidément, la radio et le théâtre s’acoquinent à nouveau. Pendant qu’à Montréal Porte Parole offre une série documentaire théâtrale et radiophonique en plusieurs épisodes (la pièce à succès J’aime Hydro de Christine Beaulieu), l’Amicale de production invente à Lille et à Bruxelles une pièce de radio-théâtre jouée sur scène et diffusée en simultané dans sa version audio sur Internet.
S’amusant des possibilités de la combinaison ou de la dissociation du son et de l’image sur scène, ainsi que des perceptions différentes que celles-ci instituent chez l’auditeur muni de son casque d’écoute à la maison, la pièce se présente d’abord comme une exploration ludique de la fiction radiophonique. Que se passe-t-il quand une fiction radio dialogue avec un vrai de vrai spectacle vivant présenté devant public? C’est la première question à laquelle les comédiens Arnaud Boulogne, Mathilde Maillard et Sébastien Vial tentent de répondre, armés de leur très vaste appétit pour la compréhension du monde.
Cela se déploie d’abord très simplement, pour ne pas dire naïvement, à partir des ressources du son et de la scène. Dans la courte intro du spectacle, on reconnaît l’état d’esprit qui avait fait le brio de leur pièce Germinal : une capacité à faire naître de grands questionnements philosophiques à partir d’un regard à priori ingénu sur la notion même de spectacle, et à partir d’un appareillage technique sommaire.
Les 20 premières minutes de On traversera le pont une fois rendus à la rivière sont taillées dans ce roc-là et promettent une aventure délicieuse dans les arcanes du son et de la communication radiophonique. On voit s’esquisser les promesses d’une réflexion brillante, optimiste et ludique, sur la radio comme ciment d’une société entrée dans l’âge de l’empathie, obsédée par la communication et par le vivre-ensemble. Hélas, le spectacle empruntera ensuite des voies narratives un peu laborieuses, qui réduisent le sujet à bien peu de choses.
Soudainement articulé selon une dramaturgie plus linéaire, le spectacle suit le périple de Mathilde au moment où sa voiture tombe en panne au milieu de nulle part. Là bas, au fond d’un vaste champ, elle rencontre un animateur radio qui diffuse son émission à partir d’un tracteur. Spontanément, elle l’épaulera dans ses expériences de communication expérimentale (mais assez low-tech) avec des auditeurs disséminés dans les multiples recoins du web. Une tentative d’explorer, par un détour anachronique et ironique vers les bonnes vieilles ondes radio, les aléas d’un monde dans lequel le réel et le virtuel se confondent allègrement, au profit d’une communication abondante et pleine de promesses.
Mais la métaphore de la radio pour illustrer une société de sur-communication ne s’avère pas très puissante au milieu de cette intrigue à trois personnages et, surtout, le récit un peu bancal de cette Mathilde faisant de la radio dans un bled perdu ne se montre pas tellement signifiant. On peine à déceler les multiples couches de sens que cette situation d’hyper-connectivité aurait dû engendrer. Le spectacle, du moins dans cette version qui risque encore d’évoluer, demeure assez proche du premier degré.
Un spectacle d’Antoine Defoort, Julien Fournet, Mathilde Maillard et Sébastien Vial. Son : Lieven Dousselaere. Éclairages : Alice Dussart. Avec Arnaud Boulogne, Mathilde Maillard et Sébastien Vial. Une production de l’Amicale de production (Lille). Au Théâtre Varia (Bruxelles), à l’occasion du Kunstenfestivaldesarts, jusqu’au 27 mai 2017, puis en tournée aux Pays-Bas, en Allemagne et en France jusqu’en avril 2018.
Ils sont à la fois intellos et espiègles, observant le monde avec des yeux candides et curieux, prenant toujours des chemins de pensée inexplorés. Au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, l’Amicale de production égare toutefois sa boussole dans sa nouvelle production, On traversera le pont une fois arrivés à la rivière, un spectacle radiophonique qui tente péniblement de raconter un monde connecté par la multiplicité des ondes.
Décidément, la radio et le théâtre s’acoquinent à nouveau. Pendant qu’à Montréal Porte Parole offre une série documentaire théâtrale et radiophonique en plusieurs épisodes (la pièce à succès J’aime Hydro de Christine Beaulieu), l’Amicale de production invente à Lille et à Bruxelles une pièce de radio-théâtre jouée sur scène et diffusée en simultané dans sa version audio sur Internet.
S’amusant des possibilités de la combinaison ou de la dissociation du son et de l’image sur scène, ainsi que des perceptions différentes que celles-ci instituent chez l’auditeur muni de son casque d’écoute à la maison, la pièce se présente d’abord comme une exploration ludique de la fiction radiophonique. Que se passe-t-il quand une fiction radio dialogue avec un vrai de vrai spectacle vivant présenté devant public? C’est la première question à laquelle les comédiens Arnaud Boulogne, Mathilde Maillard et Sébastien Vial tentent de répondre, armés de leur très vaste appétit pour la compréhension du monde.
Cela se déploie d’abord très simplement, pour ne pas dire naïvement, à partir des ressources du son et de la scène. Dans la courte intro du spectacle, on reconnaît l’état d’esprit qui avait fait le brio de leur pièce Germinal : une capacité à faire naître de grands questionnements philosophiques à partir d’un regard à priori ingénu sur la notion même de spectacle, et à partir d’un appareillage technique sommaire.
Les 20 premières minutes de On traversera le pont une fois rendus à la rivière sont taillées dans ce roc-là et promettent une aventure délicieuse dans les arcanes du son et de la communication radiophonique. On voit s’esquisser les promesses d’une réflexion brillante, optimiste et ludique, sur la radio comme ciment d’une société entrée dans l’âge de l’empathie, obsédée par la communication et par le vivre-ensemble. Hélas, le spectacle empruntera ensuite des voies narratives un peu laborieuses, qui réduisent le sujet à bien peu de choses.
Soudainement articulé selon une dramaturgie plus linéaire, le spectacle suit le périple de Mathilde au moment où sa voiture tombe en panne au milieu de nulle part. Là bas, au fond d’un vaste champ, elle rencontre un animateur radio qui diffuse son émission à partir d’un tracteur. Spontanément, elle l’épaulera dans ses expériences de communication expérimentale (mais assez low-tech) avec des auditeurs disséminés dans les multiples recoins du web. Une tentative d’explorer, par un détour anachronique et ironique vers les bonnes vieilles ondes radio, les aléas d’un monde dans lequel le réel et le virtuel se confondent allègrement, au profit d’une communication abondante et pleine de promesses.
Mais la métaphore de la radio pour illustrer une société de sur-communication ne s’avère pas très puissante au milieu de cette intrigue à trois personnages et, surtout, le récit un peu bancal de cette Mathilde faisant de la radio dans un bled perdu ne se montre pas tellement signifiant. On peine à déceler les multiples couches de sens que cette situation d’hyper-connectivité aurait dû engendrer. Le spectacle, du moins dans cette version qui risque encore d’évoluer, demeure assez proche du premier degré.
On traversera le pont une fois rendus à la rivière
Un spectacle d’Antoine Defoort, Julien Fournet, Mathilde Maillard et Sébastien Vial. Son : Lieven Dousselaere. Éclairages : Alice Dussart. Avec Arnaud Boulogne, Mathilde Maillard et Sébastien Vial. Une production de l’Amicale de production (Lille). Au Théâtre Varia (Bruxelles), à l’occasion du Kunstenfestivaldesarts, jusqu’au 27 mai 2017, puis en tournée aux Pays-Bas, en Allemagne et en France jusqu’en avril 2018.