Pendant tout le mois de juillet, au Théâtre de l’Oulle, dans la programmation du OFF d’Avignon, Dave St-Pierre présente un solo en forme de quête de soi. Fragile spectacle que ce Néant, qui raconte d’ailleurs la fragilité de son corps et de son identité, avec des pistes prometteuses, mais inabouties.
Étrange opus où le danseur, montrant un corps à la fois rigide et vulnérable, combine une intéressante recherche chorégraphique et vidéographique à des scènes cabotines typiques de son travail antérieur. En pleine création, assumant le caractère inachevé de sa proposition, il pose quelques jalons d’une nouvelle esthétique nourrie par la démarche vidéo et numérique de son comparse Alex Huot. C’est ce travail, offrant des moments de grande beauté et des images poétiques propices à de riches interprétations, qui nous apparaît le plus fécond. Davantage à tout le moins que les interventions comiques, mais un peu acerbes de son fameux personnage à la perruque blonde.
C’est d’ailleurs en arborant la célèbre perruque et en usant de sa voix haut perchée que Dave St-Pierre, nu et emprisonné dans une enveloppe de plastique, accueille le public. Cabotin et spontané, il fait dans l’ironie et l’autodérision, se plaignant d’avoir été rétrogradé dans le OFF après son immense succès dans le IN en 2009. Le spectateur ne boude pas son plaisir, heureux de retrouver l’intempestive blondasse, cette créature aux fesses poilues et fièrement exhibées qui était omniprésente dans Un peu de tendresse bordel de merde.
Mais St-Pierre utilise aussi sa voix de crécelle et son je-m’en-foutisme pour étaler une colère un peu adolescente contre tout et rien. Le chorégraphe n’a jamais fait dans la délicatesse, et on peut certes apprécier dans sa rébellion le caractère fougueux et romantique qui fait défaut à notre monde. On peut également se désoler un peu du manichéisme avec lequel il se raconte, jetant son fiel contre l’industrie culturelle sans s’embarrasser de nuances et dans une posture un brin narcissique, faisant de l’autoréférence jusqu’à satiété.
La poésie du plastique
Le plastique est l’un des éléments performatifs et symboliques de Néant, utilisé comme enveloppe corporelle contraignante, comme cocon gonflable duquel le corps finit par s’extirper dans un lent éveil, et comme extension écranique dans une magnifique scène où le torse nu de Dave St-Pierre se meuble d’images florales qui s’envolent derrière lui sur une toile de plastique agité par les vents. Riches de sens, ces explorations vidéo et plastiques entrent en dialogue avec une chorégraphie minimaliste qui évoque d’abord une certaine asphyxie, un corps captif et claustré, puis une renaissance et une émancipation. C’est un peu la mise au monde d’un nouveau Dave St-Pierre, à travers des images qui suggèrent l’enfantement et, doucement, la découverte de soi, à tâtons.
En quête d’une nouvelle identité artistique et d’un nouveau rapport à soi, le chorégraphe raconte aussi la fragilité de son corps (on le sait atteint d’une maladie pulmonaire) et, en quelque sorte, le désir de renaître et de rebondir malgré ce corps souffrant. Se posant fermement à l’avant-scène, il se laisse envahir d’images de corps démembrés, de squelettes décortiqués, graduellement reconstruits et renouvelés. Des images fortes. On y voit, bien sûr, des échos à certains spectacles antérieurs mettant aussi en scène cette maladie, comme Over My Dead Body, créé à Tangente en 2009.
Mais, à ce stade embryonnaire, dans une certaine complaisance qui étire inutilement ces images, le travail paraît inabouti et peut exaspérer les spectateurs les plus impatients. Il y a néanmoins d’excellentes pistes à peaufiner.
Création: Dave St-Pierre. Son et musique: Stéfan Boucher. Éclairages: Hubert Leduc-Villeneuve. Vidéo: Alex Huot. Avec Dave St-Pierre. Une production de la Compagnie Dave St-Pierre. Au Théâtre de l’Oulle (Avignon), à l’occasion du Festival OFF d’Avignon, jusqu’au 30 juillet 2017. À Montévidéo (Marseille), à l’occasion du Festival Actoral, les 4 et 5 octobre 2-17. Au Tarmac (Paris) du 11 au 14 octobre 2017.
Pendant tout le mois de juillet, au Théâtre de l’Oulle, dans la programmation du OFF d’Avignon, Dave St-Pierre présente un solo en forme de quête de soi. Fragile spectacle que ce Néant, qui raconte d’ailleurs la fragilité de son corps et de son identité, avec des pistes prometteuses, mais inabouties.
Étrange opus où le danseur, montrant un corps à la fois rigide et vulnérable, combine une intéressante recherche chorégraphique et vidéographique à des scènes cabotines typiques de son travail antérieur. En pleine création, assumant le caractère inachevé de sa proposition, il pose quelques jalons d’une nouvelle esthétique nourrie par la démarche vidéo et numérique de son comparse Alex Huot. C’est ce travail, offrant des moments de grande beauté et des images poétiques propices à de riches interprétations, qui nous apparaît le plus fécond. Davantage à tout le moins que les interventions comiques, mais un peu acerbes de son fameux personnage à la perruque blonde.
C’est d’ailleurs en arborant la célèbre perruque et en usant de sa voix haut perchée que Dave St-Pierre, nu et emprisonné dans une enveloppe de plastique, accueille le public. Cabotin et spontané, il fait dans l’ironie et l’autodérision, se plaignant d’avoir été rétrogradé dans le OFF après son immense succès dans le IN en 2009. Le spectateur ne boude pas son plaisir, heureux de retrouver l’intempestive blondasse, cette créature aux fesses poilues et fièrement exhibées qui était omniprésente dans Un peu de tendresse bordel de merde.
Mais St-Pierre utilise aussi sa voix de crécelle et son je-m’en-foutisme pour étaler une colère un peu adolescente contre tout et rien. Le chorégraphe n’a jamais fait dans la délicatesse, et on peut certes apprécier dans sa rébellion le caractère fougueux et romantique qui fait défaut à notre monde. On peut également se désoler un peu du manichéisme avec lequel il se raconte, jetant son fiel contre l’industrie culturelle sans s’embarrasser de nuances et dans une posture un brin narcissique, faisant de l’autoréférence jusqu’à satiété.
La poésie du plastique
Le plastique est l’un des éléments performatifs et symboliques de Néant, utilisé comme enveloppe corporelle contraignante, comme cocon gonflable duquel le corps finit par s’extirper dans un lent éveil, et comme extension écranique dans une magnifique scène où le torse nu de Dave St-Pierre se meuble d’images florales qui s’envolent derrière lui sur une toile de plastique agité par les vents. Riches de sens, ces explorations vidéo et plastiques entrent en dialogue avec une chorégraphie minimaliste qui évoque d’abord une certaine asphyxie, un corps captif et claustré, puis une renaissance et une émancipation. C’est un peu la mise au monde d’un nouveau Dave St-Pierre, à travers des images qui suggèrent l’enfantement et, doucement, la découverte de soi, à tâtons.
En quête d’une nouvelle identité artistique et d’un nouveau rapport à soi, le chorégraphe raconte aussi la fragilité de son corps (on le sait atteint d’une maladie pulmonaire) et, en quelque sorte, le désir de renaître et de rebondir malgré ce corps souffrant. Se posant fermement à l’avant-scène, il se laisse envahir d’images de corps démembrés, de squelettes décortiqués, graduellement reconstruits et renouvelés. Des images fortes. On y voit, bien sûr, des échos à certains spectacles antérieurs mettant aussi en scène cette maladie, comme Over My Dead Body, créé à Tangente en 2009.
Mais, à ce stade embryonnaire, dans une certaine complaisance qui étire inutilement ces images, le travail paraît inabouti et peut exaspérer les spectateurs les plus impatients. Il y a néanmoins d’excellentes pistes à peaufiner.
Néant
Création: Dave St-Pierre. Son et musique: Stéfan Boucher. Éclairages: Hubert Leduc-Villeneuve. Vidéo: Alex Huot. Avec Dave St-Pierre. Une production de la Compagnie Dave St-Pierre. Au Théâtre de l’Oulle (Avignon), à l’occasion du Festival OFF d’Avignon, jusqu’au 30 juillet 2017. À Montévidéo (Marseille), à l’occasion du Festival Actoral, les 4 et 5 octobre 2-17. Au Tarmac (Paris) du 11 au 14 octobre 2017.