Dans ce petit écrin qu’est le Studio-théâtre de L’Illusion se trouve en ce moment un atelier de couture comme on n’en voit plus, où trône un majestueux métier à tisser entouré de riches étoffes. Y règne une atmosphère délicieusement feutrée où sera racontée à auditoire composé de jeunes enfants (de 3 à 6 ans) et de leurs parents une histoire très librement inspirée des Habits neufs de l’empereur.
L’auteure, metteure en scène, marionnettiste et unique interprète du spectacle, Claire Voisard, s’est octroyé la liberté de s’éloigner du canevas narratif proposé par Hans Christian Andersen et de mettre de côté l’escroquerie dont aurait été victime un souverain à la coquetterie obsessionnelle. Du conte original, la version de L’Illusion, présentée pour la première fois en 2008, ne retient que l’empressement de l’empereur à être admiré, en mentionnant au passage qu’il en va de même pour tous ceux qui portent ce titre.
Nul filou ne vient donc abuser de sa vanité en lui proposant des habits conçus dans un textile raffiné que seuls les sots ne savent pas voir. Pas plus qu’un entourage servile ne feindra de constater la magnificence de la nouvelle tenue impériale. Si le souverain défile nu sous les yeux de ses sujets, c’est simplement parce que sa hâte de parader lui fait oublier de s’enquérir de l’existence véritable de ses nouveaux vêtements et, le cas échéant, de les enfiler.
Une invitation plutôt qu’une leçon
La démonstration morale perd évidemment de son impact. Si la dénonciation de la fatuité de l’un apparaît plutôt subtile, celle de l’hypocrisie des autres passe tout à fait inaperçue. Or là où la version de Voisard perd en didactisme, elle triomphe quant à la magie de l’expérience proposée aux petits. Car l’histoire que leur raconte la narratrice, le monologue qu’elle leur adresse constitue bien davantage une invitation à la créativité, une séance d’éveil à l’imagination qu’une leçon portant sur le bien et le mal.
L’auditoire ébaubi est, par exemple, témoin de la transformation d’une simple bobine de bois, à laquelle sont ajoutés quelques boutons et rubans, en un élégant personnage. La superbe scénographie représente elle aussi un modèle d’inventivité. Le monumental métier à tisser, qui occupe pratiquement toute la scène, ne cesse de révéler des surprises tout au long du spectacle. Les rubans enroulés sur un cylindre de rangement se déploieront en un majestueux rideau, le tissu reposant sur la machine de bois, en se dépliant, dévoilera une foule prête à applaudir, puis à rire de l’empereur.
Tout cela participe, de même que la présence douce, rieuse et chaleureuse de Claire Voisard, au charme fascinant des Habits neufs. Un moment hors du temps, une expérience intime, authentique et inspirante – chaque spectateur reçoit même une minuscule bobine qu’il est invité à transformer selon son gré en rentrant chez soi – que l’on offre aux enfants comme un précieux cadeau.
Idéation, texte, mise en scène et interprétation: Claire Voisard. Conseils artistiques: Sabrina Baran. Scénographie et marionnettes: Marco Coniglione et Catherine Tousignant. Éclairages: Guy Simard. Musique: Pierre Labbé. Costumes: Sabine Voisard. Au Studio-théâtre de L’Illusion jusqu’au 22 octobre 2017.
Dans ce petit écrin qu’est le Studio-théâtre de L’Illusion se trouve en ce moment un atelier de couture comme on n’en voit plus, où trône un majestueux métier à tisser entouré de riches étoffes. Y règne une atmosphère délicieusement feutrée où sera racontée à auditoire composé de jeunes enfants (de 3 à 6 ans) et de leurs parents une histoire très librement inspirée des Habits neufs de l’empereur.
L’auteure, metteure en scène, marionnettiste et unique interprète du spectacle, Claire Voisard, s’est octroyé la liberté de s’éloigner du canevas narratif proposé par Hans Christian Andersen et de mettre de côté l’escroquerie dont aurait été victime un souverain à la coquetterie obsessionnelle. Du conte original, la version de L’Illusion, présentée pour la première fois en 2008, ne retient que l’empressement de l’empereur à être admiré, en mentionnant au passage qu’il en va de même pour tous ceux qui portent ce titre.
Nul filou ne vient donc abuser de sa vanité en lui proposant des habits conçus dans un textile raffiné que seuls les sots ne savent pas voir. Pas plus qu’un entourage servile ne feindra de constater la magnificence de la nouvelle tenue impériale. Si le souverain défile nu sous les yeux de ses sujets, c’est simplement parce que sa hâte de parader lui fait oublier de s’enquérir de l’existence véritable de ses nouveaux vêtements et, le cas échéant, de les enfiler.
Une invitation plutôt qu’une leçon
La démonstration morale perd évidemment de son impact. Si la dénonciation de la fatuité de l’un apparaît plutôt subtile, celle de l’hypocrisie des autres passe tout à fait inaperçue. Or là où la version de Voisard perd en didactisme, elle triomphe quant à la magie de l’expérience proposée aux petits. Car l’histoire que leur raconte la narratrice, le monologue qu’elle leur adresse constitue bien davantage une invitation à la créativité, une séance d’éveil à l’imagination qu’une leçon portant sur le bien et le mal.
L’auditoire ébaubi est, par exemple, témoin de la transformation d’une simple bobine de bois, à laquelle sont ajoutés quelques boutons et rubans, en un élégant personnage. La superbe scénographie représente elle aussi un modèle d’inventivité. Le monumental métier à tisser, qui occupe pratiquement toute la scène, ne cesse de révéler des surprises tout au long du spectacle. Les rubans enroulés sur un cylindre de rangement se déploieront en un majestueux rideau, le tissu reposant sur la machine de bois, en se dépliant, dévoilera une foule prête à applaudir, puis à rire de l’empereur.
Tout cela participe, de même que la présence douce, rieuse et chaleureuse de Claire Voisard, au charme fascinant des Habits neufs. Un moment hors du temps, une expérience intime, authentique et inspirante – chaque spectateur reçoit même une minuscule bobine qu’il est invité à transformer selon son gré en rentrant chez soi – que l’on offre aux enfants comme un précieux cadeau.
Les Habits neufs
Idéation, texte, mise en scène et interprétation: Claire Voisard. Conseils artistiques: Sabrina Baran. Scénographie et marionnettes: Marco Coniglione et Catherine Tousignant. Éclairages: Guy Simard. Musique: Pierre Labbé. Costumes: Sabine Voisard. Au Studio-théâtre de L’Illusion jusqu’au 22 octobre 2017.