Alice et Dan s’aiment, mais Dan aime aussi Anna. Anna et Larry s’aiment, mais Anna aime aussi Dan. On badine avec l’amour et avec le destin dans le chassé-croisé sexuel et amoureux exposé dans Closer, une comédie romantique qui fait sourire, sans toutefois bouleverser le moins du monde notre univers.
La première mise en scène de Marie-Josée Bastien à titre de directrice artistique du Théâtre Niveau Parking a pour objet une pièce du Britannique Patrick Marber, portée au cinéma par Hollywood en 2004. Fanny Britt signe la traduction, où quelques phrases bien juteuses en québécois (notamment «T’es un crisse de pétard.») tentent de faire oublier le vouvoiement et les noms américains, qui donnent un peu l’impression de regarder un film doublé. Le défi des acteurs ici est de faire mine que leurs personnages croient sincèrement aux phrases plus ingénues et à leurs déclarations d’amour qui se multiplient au fil des sauts dans le temps. Plus facile d’adopter un ton badin ou de se montrer cynique ou hargneux que de jouer l’amour vrai.
Chez David Bouchard, qui joue Dan, un écrivain raté devenu nécrologue, on peine malheureusement à y croire. Son personnage manque de cohérence, ne semble pas toujours endosser ce qu’il dit, nous envoie constamment des signaux contradictoires. Claudiane Ruelland s’en tire bien en Alice, éternelle adolescente, libre et fonceuse, muse et fantasme. Alexandrine Warren joue Anna, femme plus complexe, plus assumée, qui arrive à formuler ses opinions sur l’amour avec des phrases bien tournées, à défaut d’être d’une originalité renversante. Jean-Michel Déry est totalement à l’aise en Larry, un dermatologue amoureux sans être naïf, qui sert les répliques qui tombent les plus à point.
Tous les quatre se déplacent sur une scène longiligne, où ils multiplient les allers-retours et se recroisent sans cesse, illustrant la parade amoureuse, les multiples volte-face, la vie qui piétine. Les deux moitiés du public se font face et se lorgnent, par moments. Marie-Josée Bastien a intégré plusieurs moments en miroir dans sa mise en scène. Les deux ruptures, interreliées, se déroulent notamment dans le même espace, autour du même lit. La musique de Mykalle Bielinski, qui insuffle, entre les scènes, des ambiances émouvantes, vibrantes et oniriques, est plus bouleversante que toutes les phrases, même les plus dures, qui s’enchaînent dans Closer. Les éclairages de Sonoyo Nishikawa contribuent également à envelopper la scène d’une aura cinématographique, sont également bien réussis.
Le détachement avec lequel les adultères sont avoués, le sexe évoqué et l’amour déclaré rend toutefois ce «laboratoire humain» plutôt froid et tient le spectateur à distance. Nous sommes témoins de quelque chose qui ne nous concerne pas vraiment, même s’il pourrait avoir un écho dans nos propres vies.
Texte: Patrick Marber. Traduction: Fanny Britt. Mise en scène: Marie-Josée Bastien. Scénographie: Véronique Bertrand. Costumes: Sébastien Dionne. Éclairages: Sonoyo Nishikawa. Musique: Mykalle Bielinski. Avec Alexandrine Warren, Claudiane Ruelland, Jean-Michel Déry et David Bouchard. Une production du Théâtre Niveau Parking. Présenté au Centre des congrès de Québec, par le Périscope, jusqu’au 22 février 2018.
Alice et Dan s’aiment, mais Dan aime aussi Anna. Anna et Larry s’aiment, mais Anna aime aussi Dan. On badine avec l’amour et avec le destin dans le chassé-croisé sexuel et amoureux exposé dans Closer, une comédie romantique qui fait sourire, sans toutefois bouleverser le moins du monde notre univers.
La première mise en scène de Marie-Josée Bastien à titre de directrice artistique du Théâtre Niveau Parking a pour objet une pièce du Britannique Patrick Marber, portée au cinéma par Hollywood en 2004. Fanny Britt signe la traduction, où quelques phrases bien juteuses en québécois (notamment «T’es un crisse de pétard.») tentent de faire oublier le vouvoiement et les noms américains, qui donnent un peu l’impression de regarder un film doublé. Le défi des acteurs ici est de faire mine que leurs personnages croient sincèrement aux phrases plus ingénues et à leurs déclarations d’amour qui se multiplient au fil des sauts dans le temps. Plus facile d’adopter un ton badin ou de se montrer cynique ou hargneux que de jouer l’amour vrai.
Chez David Bouchard, qui joue Dan, un écrivain raté devenu nécrologue, on peine malheureusement à y croire. Son personnage manque de cohérence, ne semble pas toujours endosser ce qu’il dit, nous envoie constamment des signaux contradictoires. Claudiane Ruelland s’en tire bien en Alice, éternelle adolescente, libre et fonceuse, muse et fantasme. Alexandrine Warren joue Anna, femme plus complexe, plus assumée, qui arrive à formuler ses opinions sur l’amour avec des phrases bien tournées, à défaut d’être d’une originalité renversante. Jean-Michel Déry est totalement à l’aise en Larry, un dermatologue amoureux sans être naïf, qui sert les répliques qui tombent les plus à point.
Tous les quatre se déplacent sur une scène longiligne, où ils multiplient les allers-retours et se recroisent sans cesse, illustrant la parade amoureuse, les multiples volte-face, la vie qui piétine. Les deux moitiés du public se font face et se lorgnent, par moments. Marie-Josée Bastien a intégré plusieurs moments en miroir dans sa mise en scène. Les deux ruptures, interreliées, se déroulent notamment dans le même espace, autour du même lit. La musique de Mykalle Bielinski, qui insuffle, entre les scènes, des ambiances émouvantes, vibrantes et oniriques, est plus bouleversante que toutes les phrases, même les plus dures, qui s’enchaînent dans Closer. Les éclairages de Sonoyo Nishikawa contribuent également à envelopper la scène d’une aura cinématographique, sont également bien réussis.
Le détachement avec lequel les adultères sont avoués, le sexe évoqué et l’amour déclaré rend toutefois ce «laboratoire humain» plutôt froid et tient le spectateur à distance. Nous sommes témoins de quelque chose qui ne nous concerne pas vraiment, même s’il pourrait avoir un écho dans nos propres vies.
Closer. Tout contre toi
Texte: Patrick Marber. Traduction: Fanny Britt. Mise en scène: Marie-Josée Bastien. Scénographie: Véronique Bertrand. Costumes: Sébastien Dionne. Éclairages: Sonoyo Nishikawa. Musique: Mykalle Bielinski. Avec Alexandrine Warren, Claudiane Ruelland, Jean-Michel Déry et David Bouchard. Une production du Théâtre Niveau Parking. Présenté au Centre des congrès de Québec, par le Périscope, jusqu’au 22 février 2018.