Troublant, inquiétant, captivant par les informations qu’il distille et par les questions qu’il pose, et divertissant à souhait grâce au savoir-faire d’interprètes aguerris, le nouveau spectacle que signent Angela Konrad et sa troupe ne laissera personne indifférent. En transposant à la scène un essai scientifico-philosophique sur les développements de l’intelligence artificielle et les rapides avancées technologiques, leurs promesses et leurs menaces, la metteuse en scène a vu juste. L’œuvre tombe à point au moment où le transhumanisme gagne du terrain jusque sur nos scènes.
L’ouvrage qui a inspiré l’œuvre théâtrale consiste en un dialogue entre un médecin-entrepreneur et un philosophe français qui confrontent leurs opinions divergentes sur la révolution transhumaniste qui s’annonce. Pour porter à la scène un tel sujet, à la fois complexe et émotivement chargé, Konrad a imaginé réunir des expertes et des experts de diverses disciplines dans un colloque universitaire international fictif, où les personnalités de chacune et chacun finiront par percer derrière la façade des discours patentés.
La représentation prend les allures d’une conférence à plusieurs, les cinq interprètes prenant place derrière une longue table, face au public. L’humour se manifeste dès le départ avec les présentations, à commencer par les titres et les noms des institutions auxquelles sont attachés les participants – notamment l’Université de Montréal à Québec, l’UMAQ –, puis à travers les maladresses répétées de l’hôtesse, la sexologue au nom prédestiné de Dre Delaqueue (hilarante Marie-Laurence Moreau). On sait donc d’emblée qu’on est au théâtre, bien que les arguments et les explications scientifiques soient authentiques, et les questions débattues bien réelles et d’une criante actualité.
On apprend, pour qui n’y a pas trop porté attention au cours des dernières années, que les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et la cognitique (les NBIC) connaissent une explosion exponentielle, qui bouleverse déjà les connaissances et dont les applications multiples font l’objet de recherches dans plusieurs pays, sans qu’on prenne la peine de nous en informer. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), notamment, avec d’énormes moyens, y travaillent.
La trouvaille de cette création réside dans les personnages incarnés avec vitalité et un jeu investi par les acteurs et actrices avec qui Konrad travaille depuis plusieurs années. Philippe Cousineau campe un universitaire allemand un peu mou, mais touchant, qui n’ose trop dénoncer ce qui lui paraît pourtant outrancier, alors que sa complice, une primatologue québécoise jouée par Dominique Quesnel, s’emporte et s’indigne, à raison, des propos tenus devant elle. Une chercheure-docteure en intelligence artificielle et une artiste de la performance prête à tout pour devenir immortelle, interprétées par une Stéphanie Cardi quasi robotique et une Lise Roy en feu, méconnaissable, représentent le transhumanisme le plus terrifiant pour ceux qui y résistent et risquent de devenir «les chimpanzés du futur», qu’on considéra comme des sous-humains. Voilà une pièce riche, fascinante, pertinente, portée, en vérité, par un humanisme salutaire.
Adaptation, costumes, scénographie et mise en scène: Angela Konrad. D’après l’essai de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier. Éclairages: Cédric Delorme-Bouchard. Son: Simon Gauthier. Vidéo: Julien Blais. Avec Stéphanie Cardi, Philippe Cousineau, Dominique Quesnel, Marie-Laurence Moreau et Lise Roy. Une coproduction de la Fabrik et d’Angela Konrad. À l’Usine C jusqu’au 10 mars 2018.
Troublant, inquiétant, captivant par les informations qu’il distille et par les questions qu’il pose, et divertissant à souhait grâce au savoir-faire d’interprètes aguerris, le nouveau spectacle que signent Angela Konrad et sa troupe ne laissera personne indifférent. En transposant à la scène un essai scientifico-philosophique sur les développements de l’intelligence artificielle et les rapides avancées technologiques, leurs promesses et leurs menaces, la metteuse en scène a vu juste. L’œuvre tombe à point au moment où le transhumanisme gagne du terrain jusque sur nos scènes.
L’ouvrage qui a inspiré l’œuvre théâtrale consiste en un dialogue entre un médecin-entrepreneur et un philosophe français qui confrontent leurs opinions divergentes sur la révolution transhumaniste qui s’annonce. Pour porter à la scène un tel sujet, à la fois complexe et émotivement chargé, Konrad a imaginé réunir des expertes et des experts de diverses disciplines dans un colloque universitaire international fictif, où les personnalités de chacune et chacun finiront par percer derrière la façade des discours patentés.
La représentation prend les allures d’une conférence à plusieurs, les cinq interprètes prenant place derrière une longue table, face au public. L’humour se manifeste dès le départ avec les présentations, à commencer par les titres et les noms des institutions auxquelles sont attachés les participants – notamment l’Université de Montréal à Québec, l’UMAQ –, puis à travers les maladresses répétées de l’hôtesse, la sexologue au nom prédestiné de Dre Delaqueue (hilarante Marie-Laurence Moreau). On sait donc d’emblée qu’on est au théâtre, bien que les arguments et les explications scientifiques soient authentiques, et les questions débattues bien réelles et d’une criante actualité.
On apprend, pour qui n’y a pas trop porté attention au cours des dernières années, que les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et la cognitique (les NBIC) connaissent une explosion exponentielle, qui bouleverse déjà les connaissances et dont les applications multiples font l’objet de recherches dans plusieurs pays, sans qu’on prenne la peine de nous en informer. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), notamment, avec d’énormes moyens, y travaillent.
La trouvaille de cette création réside dans les personnages incarnés avec vitalité et un jeu investi par les acteurs et actrices avec qui Konrad travaille depuis plusieurs années. Philippe Cousineau campe un universitaire allemand un peu mou, mais touchant, qui n’ose trop dénoncer ce qui lui paraît pourtant outrancier, alors que sa complice, une primatologue québécoise jouée par Dominique Quesnel, s’emporte et s’indigne, à raison, des propos tenus devant elle. Une chercheure-docteure en intelligence artificielle et une artiste de la performance prête à tout pour devenir immortelle, interprétées par une Stéphanie Cardi quasi robotique et une Lise Roy en feu, méconnaissable, représentent le transhumanisme le plus terrifiant pour ceux qui y résistent et risquent de devenir «les chimpanzés du futur», qu’on considéra comme des sous-humains. Voilà une pièce riche, fascinante, pertinente, portée, en vérité, par un humanisme salutaire.
Les robots font-ils l’amour?
Adaptation, costumes, scénographie et mise en scène: Angela Konrad. D’après l’essai de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier. Éclairages: Cédric Delorme-Bouchard. Son: Simon Gauthier. Vidéo: Julien Blais. Avec Stéphanie Cardi, Philippe Cousineau, Dominique Quesnel, Marie-Laurence Moreau et Lise Roy. Une coproduction de la Fabrik et d’Angela Konrad. À l’Usine C jusqu’au 10 mars 2018.