Critiques

KINK : Cours 101 du BDSM

© Marie-Noële Pilon

Alors que le principe du consentement dans les relations intimes est devenu omniprésent dans les discussions sociales, suite au mouvement #Metoo, Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud propose un objet théâtral sur le BDSM (bondage, domination, sadisme, masochisme), un milieu où la confiance, le respect et le consentement sont justement des principes premiers à la base de tout échange. Ironiquement, le BDSM véhicule encore et toujours une image subversive de la sexualité. 

Dans KINK, les deux créateurs, qui ne sont pas un couple, se livrent à une performance introductive aux pratiques BDSM. Ils détaillent leur entrée dans ce milieu assez fermé et très codifié, tout en confiant leurs premières expériences réussies ou moins satisfaisantes. Entre les confidences, ils vont directement interpeler les spectateurs avec toujours la même question introductive « Veux-tu jouer avec moi ? »

Ce questionnement du consentement peut s’extrapoler au public qui assiste à ces scènes, mais aussi plus généralement à toute personne qui se retrouve dans un théâtre ou une salle de spectacle. La question de l’influence du spectateur sur la représentation est supposée, tout comme le fondement même de la convention théâtrale qui est accepté tacitement par le spectateur. Mais au théâtre comme dans le BDSM, chacun a ses limites et peut décider à un moment donné de décrocher et d’arrêter l’expérience.

Kink© Marie-Noële Pilon

Dans l’expérience performative que proposent les deux concepteurs, on a toutefois davantage l’impression d’assister à une conférence permettant de découvrir ces pratiques soi-disant subversives, dans lesquelles le sexe est finalement assez peu présent. Les deux protagonistes nous montrent une scène de soumission, faite avec un spectateur choisi au hasard, durant laquelle il va devoir verser de la cire chaude sur le dos de Frédéric Sasseville-Painchaud. Dans une autre scène, c’est une spectatrice qui va être dominée malgré elle. Plus tard, c’est Pascale St-Onge qui va se soumettre à une démonstration de kinbaku, une technique japonaise de ligotage. Un moment assez troublant où seuls quelques cris sont lancés au fur et à mesure que les cordes la contraignent, déchirant un silence de plomb. 

Mais il est dommage que leur propos n’aille pas plus loin que la simple démystification de ces pratiques. D’où vient le plaisir, quels sentiments provoquent la douleur ou encore comment la douleur se transforme-t-elle en plaisir ? Ce sont des pistes de réflexion qu’il aurait été intéressant de suivre pour approfondir la réflexion sur le sujet.

Les deux créateurs, qui restent eux-mêmes durant toute la soirée, impressionnent par leur absence de pudeur et leur capacité d’aller aussi loin dans le dévoilement de leur intimité. Mais il y a certains tics de jeux, notamment chez Frédéric Sasseville-Painchaud, qui dérangent jusqu’à la fin.

Kink© Marie-Noële Pilon

KINK

Texte, performance et mise en scène : Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud. Conseils artistiques et assistance à la mise en scène : Sandrine Lemieux. Scénographie et costumes : Sunny Doyle. Lumières : Emmanuelle Brousseau. Conception sonore : Christophe Godon. Conseils à la dramaturgie : Marilyne Lamontagne. À Espace Libre jusqu’au 27 octobre 2018.