Sandro (Alessandro Pisci), costume-cravate et attaché-case typiques de l’employé de bureau, revient chez lui après une longue journée de travail. À la faveur d’une musique langoureuse, le voilà qui se lance dans un striptease tout aussi réel que symbolique, de ce costume-cravate au pyjama (qu’il portait dessous), de l’homme à l’enfant, manière de nous faire comprendre que le gamin espiègle n’est jamais loin sous le vernis de la version « mature et évoluée ». Là-dessus arrive Lino (Pasquale Buonarota), un inconnu invité à passer la nuit à la maison. Ensemble, les deux hommes retombés en enfance apprennent à se connaître, à s’apprivoiser, traversant toutes les phases d’une amitié naissante, des fous rires aux petites rivalités en passant par la première dispute. Voilà ce qui tient lieu de prémisse et de fable à la fois à Pigiami, une production de la Fondazione Teatro Ragazzi e Giovani Onlus de Turin et présentée à la Maison Théâtre tout le mois de décembre.
La pièce coécrite par Nino d’Introna, Graziano Melano et Giacomo Ravicchio (tous trois cofondateurs du Teatro dell’Angelo) se veut une ode à l’amitié et à la créativité et, en effet, tout repose sur la complicité entre les deux comédiens, à leur chimie et leur enthousiasme infatigable. Avec une grande économie de mots – même s’ils s’expriment bien en français -, les larrons s’abandonnent au jeu dans une tentative de réinterprétation des objets du quotidien: un pantalon devient montagne, les lits renversés des remparts contre l’ennemi. Leur performance très physique relève à la fois de l’art clownesque et d’une certaine tradition du tandem comique, on songe à Laurel et Hardy. La scénographie, elle, fait le pari de la simplicité volontaire, un peu trop peut-être, passe toujours pour le décor minimaliste (tournée oblige), mais on ne voit pas en quoi le statisme de l’éclairage sert la variété des sketchs.
Pigiami n’est donc pas parvenu à bâillonner en moi l’indécrottable adulte; l’absence d’une véritable histoire a suscité de l’impatience, même si cette absence est compensée par un rythme soutenu. Si les enchaînements sont à point, les gags visuels, eux, semblent inégaux et souvent … (vais-je oser écrire ça? osons) enfantins. Les souliers et les pieds qui puent (quatre fois plutôt qu’une), les coups de pied aux fesses, les chutes au sol télégraphiées, la chemise devenue serpent qui s’enroule autour du cou pour un étranglement: c’est un attirail plutôt convenu du comique de geste qui se déploie. Remarquez, j’étais bien le seul dans la salle à ne pas trouver ça tordant. Surtout, nous demeurons tout du long dans un imaginaire de petits garçons à la limite du stéréotype: duel de cowboys, guerre de tranchées qui vire à la bataille d’oreillers et accidents automobiles. Est-ce parce que ce spectacle a été écrit il y 35 ans? Les saynètes dégagent parfois un parfum suranné.
Malgré les réserves, ce spectacle comporte ses bons moments, comme ce train de bottillons tiré par une bouteille de talc en guise de locomotive ou quand les deux amis jouent de l’harmonica. La pièce s’achève sur une image poétique; chacun des garçons porte une pantoufle qui appartient à l’autre, la paire dépareillée, grise et rouge, signifiant que c’est sans doute en amitié que l’homme peut trouver son complément idéal, son âme sœur, et former une paire pour la route.
Texte: Nino d’Introna, Graziano Melano et Giacomo Ravicchio. Mise en scène: d’Introna et Ravicchio. Interprétation: Alessandro Pisci et Pasquale Buonarota. Décor et costumes: François Chanal. Technique et lumière: Sara Brigatti. Production: Fondazione Teatro Ragazzi e Giovani Onlus. Présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 6 janvier 2019.
Sandro (Alessandro Pisci), costume-cravate et attaché-case typiques de l’employé de bureau, revient chez lui après une longue journée de travail. À la faveur d’une musique langoureuse, le voilà qui se lance dans un striptease tout aussi réel que symbolique, de ce costume-cravate au pyjama (qu’il portait dessous), de l’homme à l’enfant, manière de nous faire comprendre que le gamin espiègle n’est jamais loin sous le vernis de la version « mature et évoluée ». Là-dessus arrive Lino (Pasquale Buonarota), un inconnu invité à passer la nuit à la maison. Ensemble, les deux hommes retombés en enfance apprennent à se connaître, à s’apprivoiser, traversant toutes les phases d’une amitié naissante, des fous rires aux petites rivalités en passant par la première dispute. Voilà ce qui tient lieu de prémisse et de fable à la fois à Pigiami, une production de la Fondazione Teatro Ragazzi e Giovani Onlus de Turin et présentée à la Maison Théâtre tout le mois de décembre.
La pièce coécrite par Nino d’Introna, Graziano Melano et Giacomo Ravicchio (tous trois cofondateurs du Teatro dell’Angelo) se veut une ode à l’amitié et à la créativité et, en effet, tout repose sur la complicité entre les deux comédiens, à leur chimie et leur enthousiasme infatigable. Avec une grande économie de mots – même s’ils s’expriment bien en français -, les larrons s’abandonnent au jeu dans une tentative de réinterprétation des objets du quotidien: un pantalon devient montagne, les lits renversés des remparts contre l’ennemi. Leur performance très physique relève à la fois de l’art clownesque et d’une certaine tradition du tandem comique, on songe à Laurel et Hardy. La scénographie, elle, fait le pari de la simplicité volontaire, un peu trop peut-être, passe toujours pour le décor minimaliste (tournée oblige), mais on ne voit pas en quoi le statisme de l’éclairage sert la variété des sketchs.
Pigiami n’est donc pas parvenu à bâillonner en moi l’indécrottable adulte; l’absence d’une véritable histoire a suscité de l’impatience, même si cette absence est compensée par un rythme soutenu. Si les enchaînements sont à point, les gags visuels, eux, semblent inégaux et souvent … (vais-je oser écrire ça? osons) enfantins. Les souliers et les pieds qui puent (quatre fois plutôt qu’une), les coups de pied aux fesses, les chutes au sol télégraphiées, la chemise devenue serpent qui s’enroule autour du cou pour un étranglement: c’est un attirail plutôt convenu du comique de geste qui se déploie. Remarquez, j’étais bien le seul dans la salle à ne pas trouver ça tordant. Surtout, nous demeurons tout du long dans un imaginaire de petits garçons à la limite du stéréotype: duel de cowboys, guerre de tranchées qui vire à la bataille d’oreillers et accidents automobiles. Est-ce parce que ce spectacle a été écrit il y 35 ans? Les saynètes dégagent parfois un parfum suranné.
Malgré les réserves, ce spectacle comporte ses bons moments, comme ce train de bottillons tiré par une bouteille de talc en guise de locomotive ou quand les deux amis jouent de l’harmonica. La pièce s’achève sur une image poétique; chacun des garçons porte une pantoufle qui appartient à l’autre, la paire dépareillée, grise et rouge, signifiant que c’est sans doute en amitié que l’homme peut trouver son complément idéal, son âme sœur, et former une paire pour la route.
Pigiami
Texte: Nino d’Introna, Graziano Melano et Giacomo Ravicchio. Mise en scène: d’Introna et Ravicchio. Interprétation: Alessandro Pisci et Pasquale Buonarota. Décor et costumes: François Chanal. Technique et lumière: Sara Brigatti. Production: Fondazione Teatro Ragazzi e Giovani Onlus. Présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 6 janvier 2019.