Créé à Premier Acte en 2016, Sauver des vies est repris devant un plus vaste public, à La Bordée. L’auteure Pascale Renaud–Hébert signe un premier texte bien tourné, plein d’humour et touchant, et une mise en scène sans flafla, mais sans grande originalité.
Le tout commence par la rencontre, en avant-scène, d’Étienne (Marc-Antoine Marceau) et de Philippe (Samuel Corbeil), qui ont tous deux vécu un deuil. Après cinq ans, le premier a réussi à continuer sa vie, tout en conservant le souvenir précieux de son ex-amoureuse, alors que le second souffre de la mort de sa mère avec la même acuité que si elle venait de se produire. Le premier est en paix, le second est rongé par la rancœur et le silence dont ses parents ont préféré entourer la maladie.
Déjà, et cette impression se concrétisera au fil de la pièce, on sent qu’on nous présente une « bonne » et une « mauvaise » manière de vivre la maladie et d’aller vers la mort.
Nous suivrons le récit d’Étienne et Maude (Ariel Charest), un jeune couple lumineux dont la première rencontre à Amsterdam sèmera une multitude de détails touchants qui seront habilement repris dans les scènes où ils ont à composer avec la maladie. En parallèle, l’histoire des dernières semaines de Murielle (Sophie Dion), entourée de son mari Jean (Vincent Champoux) et ses deux fils Philippe et Simon (Maxime Beauregard-Martin), semble moins bien ficelée. Le mélange de blagues, de banal, de digressions et d’allusions au drame inévitable est moins riche. On s’attache moins à la famille, peut-être parce que, contrairement au jeune couple, le passé n’y est qu’évoqué, et qu’on se figure plus difficilement que leur bonheur est menacé. Une scène d’intimité très réussie, où Murielle, affaiblie et sans cheveux, et son mari jouent au Scrabble, en dit plus sur l’amour qui unit les personnages que le souper de famille banal dont on peut questionner l’utilité.
Dans son écriture, Pascale Renaud-Hébert maîtrise bien les ficelles du réalisme et tricote des scènes courtes pleines de tendresse et de vie, où on peut passer rapidement du rire aux larmes. Elle a bien su diriger les acteurs. Marc-Antoine Marceau est touchant en copain qui se démène pour rendre la vie plus belle, mais qui parvient à nous soutirer une larme rien qu’en retenant un sanglot à un moment-clé. Vincent Champoux est attachant en père qui ne sait trop comment confronter sa conjointe tout en communiquant avec ses garçons. Les moments de crise et les conversations chargées, qui auraient pu facilement devenir criardes et larmoyantes, sont judicieusement assourdies. Le dosage est bon, on arrive très bien à comprendre les émotions et les dilemmes des personnages sans tomber dans la saturation.
Le décor proposé ressemble à mille autres (la silhouette d’une maison, une salle à manger, un fauteuil, un lit, un coin jardin) et les transitions ne sont marquées que par des changements d’éclairage et les entrées et sorties des acteurs et des actrices. On aurait pu trouver une manière plus fluide et rapide de passer au décor d’hôpital plutôt que de faire déambuler les deux femmes malades en avant-scène, pendant que les autres retirent tous les meubles et réaménagent les murs.
Les quelques beaux effets de mise en scène sont rassemblés à la toute fin de la pièce, alors qu’un ciel de lit lumineux transporte le jeune couple parmi les étoiles et qu’un des murs se transforme en écran de projection.
Texte et mise en scène de Pascale Renaud-Hébert. Assistance à la mise en scène de David Grenier. Accompagnement dramaturgique de Mathieu Leroux et Isabelle Hubert. Décor de Cécile Lefebvre. Costumes de Gabrielle Arsenault. Éclairage de Maude Groleau. Musique de Vincent Roy. Une coproduction du théâtre de la Bordée et du Collectif du Vestiaire présentée à la Bordée du 26 février au 23 mars 2019.
Créé à Premier Acte en 2016, Sauver des vies est repris devant un plus vaste public, à La Bordée. L’auteure Pascale Renaud–Hébert signe un premier texte bien tourné, plein d’humour et touchant, et une mise en scène sans flafla, mais sans grande originalité.
Le tout commence par la rencontre, en avant-scène, d’Étienne (Marc-Antoine Marceau) et de Philippe (Samuel Corbeil), qui ont tous deux vécu un deuil. Après cinq ans, le premier a réussi à continuer sa vie, tout en conservant le souvenir précieux de son ex-amoureuse, alors que le second souffre de la mort de sa mère avec la même acuité que si elle venait de se produire. Le premier est en paix, le second est rongé par la rancœur et le silence dont ses parents ont préféré entourer la maladie.
Déjà, et cette impression se concrétisera au fil de la pièce, on sent qu’on nous présente une « bonne » et une « mauvaise » manière de vivre la maladie et d’aller vers la mort.
Nous suivrons le récit d’Étienne et Maude (Ariel Charest), un jeune couple lumineux dont la première rencontre à Amsterdam sèmera une multitude de détails touchants qui seront habilement repris dans les scènes où ils ont à composer avec la maladie. En parallèle, l’histoire des dernières semaines de Murielle (Sophie Dion), entourée de son mari Jean (Vincent Champoux) et ses deux fils Philippe et Simon (Maxime Beauregard-Martin), semble moins bien ficelée. Le mélange de blagues, de banal, de digressions et d’allusions au drame inévitable est moins riche. On s’attache moins à la famille, peut-être parce que, contrairement au jeune couple, le passé n’y est qu’évoqué, et qu’on se figure plus difficilement que leur bonheur est menacé. Une scène d’intimité très réussie, où Murielle, affaiblie et sans cheveux, et son mari jouent au Scrabble, en dit plus sur l’amour qui unit les personnages que le souper de famille banal dont on peut questionner l’utilité.
Dans son écriture, Pascale Renaud-Hébert maîtrise bien les ficelles du réalisme et tricote des scènes courtes pleines de tendresse et de vie, où on peut passer rapidement du rire aux larmes. Elle a bien su diriger les acteurs. Marc-Antoine Marceau est touchant en copain qui se démène pour rendre la vie plus belle, mais qui parvient à nous soutirer une larme rien qu’en retenant un sanglot à un moment-clé. Vincent Champoux est attachant en père qui ne sait trop comment confronter sa conjointe tout en communiquant avec ses garçons. Les moments de crise et les conversations chargées, qui auraient pu facilement devenir criardes et larmoyantes, sont judicieusement assourdies. Le dosage est bon, on arrive très bien à comprendre les émotions et les dilemmes des personnages sans tomber dans la saturation.
Le décor proposé ressemble à mille autres (la silhouette d’une maison, une salle à manger, un fauteuil, un lit, un coin jardin) et les transitions ne sont marquées que par des changements d’éclairage et les entrées et sorties des acteurs et des actrices. On aurait pu trouver une manière plus fluide et rapide de passer au décor d’hôpital plutôt que de faire déambuler les deux femmes malades en avant-scène, pendant que les autres retirent tous les meubles et réaménagent les murs.
Les quelques beaux effets de mise en scène sont rassemblés à la toute fin de la pièce, alors qu’un ciel de lit lumineux transporte le jeune couple parmi les étoiles et qu’un des murs se transforme en écran de projection.
Sauver des vies
Texte et mise en scène de Pascale Renaud-Hébert. Assistance à la mise en scène de David Grenier. Accompagnement dramaturgique de Mathieu Leroux et Isabelle Hubert. Décor de Cécile Lefebvre. Costumes de Gabrielle Arsenault. Éclairage de Maude Groleau. Musique de Vincent Roy. Une coproduction du théâtre de la Bordée et du Collectif du Vestiaire présentée à la Bordée du 26 février au 23 mars 2019.