À l’image de la pièce d’Alexis Michalik qui explorait les détails biographiques d’Edmond Rostand, l’auteur caché derrière l’immensité de son œuvre, Cyrano de Bergerac, Eric-Emmanuel Schmitt suit non seulement la linéarité biographique de Georges Bizet, mais décortique également l’œuvre, en créant des parallèles entre le personnage de Carmen et celui de son auteur.
Compositeur émérite, Alexandre-César-Léopold, plus connu sous le prénom Georges, Bizet a été très tôt initié à la musique par ses parents, eux-mêmes musicien et chanteur. À 17 ans, il écrit sa première symphonie, mais elle restera sur une tablette jusqu’en 1933, moment où elle a été redécouverte. Faisant œuvre de malchance à chacune de ses productions, il ne connaîtra jamais l’euphorie du succès. Pour des raisons purement financières, il va se tourner vers l’opérette, mais les honneurs populaires ne seront pas plus au rendez-vous.
Sa vie privée est à l’avenant. Marié à Geneviève, jeune fille (de dix ans sa cadette) issue d’une famille juive cossue, l’amour ne sera jamais véritablement au rendez-vous. Elle ira même jusqu’à le tromper ouvertement avec le meilleur ami du couple.
Plaire à tout prix
Bizet ne pense, respire, mange et vit que dans la quête de créer une œuvre immense qui lui permettra de subvenir confortablement à ses besoins. « Il veut absolument séduire », répète Eric-Emmanuel Schmitt à plusieurs reprises dans la pièce. C’est finalement quand il va se laisser aller et écouter son intuition qu’il va créer Carmen, une pièce commandée par l’Opéra-Comique de Paris, qui fait aujourd’hui partie du trio des opéras les plus joués dans le monde.
Dans Le mystère Carmen, l’auteur, qui fait office de narrateur, détaille la vie de Bizet, insistant parfois sur certains détails, tout en mettant en vie sa désolation et sa frustration. Plusieurs extraits d’œuvres du compositeur sont aussi joués, que ce soit au piano, par l’aérien Dominic Bouliane, ou vocalement, par l’extraordinaire Marie-Josée Lord et par le jeune ténor Jean-Michel Richer. On y entend par exemple des extraits de Les Pêcheurs de perles ou Djamileh.
Le début du succès
Quand Bizet se met à l’écriture de Carmen, on change un peu de registre. Eric-Emmanuel Schmitt se mue alors en passionné d’opéras et de musique classique pour décortiquer chaque scène et chaque air, en faisant un parallèle constant entre la vie de l’auteur et son héroïne.
Eric-Emmanuel Schmitt, agrégée de philosophie, marque la pièce de son propre questionnement. Ainsi, quand Bizet se questionne à savoir s’il doit faire des concessions sur ses compositions pour plaire au plus grand nombre, l’interrogation reste actuelle et se pose toujours, voire encore plus à l’ère des réseaux sociaux, pour les auteurs contemporains.
En faisant le parallèle entre la vie du compositeur et de Carmen, il introduit également une dualité entre liberté et destin qui concernent les deux personnages.
Si on peut reprocher à la pièce d’être parfois trop bavarde et didactique, notamment dans la première partie, elle laisse ensuite toute la place à la musique et aux voix du chanteur et de la chanteuse dans la seconde moitié. La mise en scène de Lorraine Pintal est fluide et organique, avec quelques belles trouvailles, le tout facilité par l’astucieuse scénographie de Jean Bard.
Mélomane averti, Eric-Emmanuel Schmitt conclut avec un clin d’œil à ses illustres favoris : « Carmen, c’est comme si Mozart avait signé la musique et Nietzsche le livret. »
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène : Lorraine Pintal. Conception de décor : Jean bard. Costumes : Marc Senécal. Éclairages : Erwann Bernard. Conception vidéo : Lionel Arnould. Maquillages : Jacques-Lee Pelletier. Consultant en mouvements : Huy Phong Doan. Avec Marie-Josée Lord (soprano), Eric-Emmanuel Schmitt (narrateur), Jean-Michel Richer (ténor), Dominic Boulianne (pianiste). Production Théâtre du nouveau Monde et Didier Morissonneau. Au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 16 mars. En tournée au Québec du 19 avril au 15 mai.
À l’image de la pièce d’Alexis Michalik qui explorait les détails biographiques d’Edmond Rostand, l’auteur caché derrière l’immensité de son œuvre, Cyrano de Bergerac, Eric-Emmanuel Schmitt suit non seulement la linéarité biographique de Georges Bizet, mais décortique également l’œuvre, en créant des parallèles entre le personnage de Carmen et celui de son auteur.
Compositeur émérite, Alexandre-César-Léopold, plus connu sous le prénom Georges, Bizet a été très tôt initié à la musique par ses parents, eux-mêmes musicien et chanteur. À 17 ans, il écrit sa première symphonie, mais elle restera sur une tablette jusqu’en 1933, moment où elle a été redécouverte. Faisant œuvre de malchance à chacune de ses productions, il ne connaîtra jamais l’euphorie du succès. Pour des raisons purement financières, il va se tourner vers l’opérette, mais les honneurs populaires ne seront pas plus au rendez-vous.
Sa vie privée est à l’avenant. Marié à Geneviève, jeune fille (de dix ans sa cadette) issue d’une famille juive cossue, l’amour ne sera jamais véritablement au rendez-vous. Elle ira même jusqu’à le tromper ouvertement avec le meilleur ami du couple.
Plaire à tout prix
Bizet ne pense, respire, mange et vit que dans la quête de créer une œuvre immense qui lui permettra de subvenir confortablement à ses besoins. « Il veut absolument séduire », répète Eric-Emmanuel Schmitt à plusieurs reprises dans la pièce. C’est finalement quand il va se laisser aller et écouter son intuition qu’il va créer Carmen, une pièce commandée par l’Opéra-Comique de Paris, qui fait aujourd’hui partie du trio des opéras les plus joués dans le monde.
Dans Le mystère Carmen, l’auteur, qui fait office de narrateur, détaille la vie de Bizet, insistant parfois sur certains détails, tout en mettant en vie sa désolation et sa frustration. Plusieurs extraits d’œuvres du compositeur sont aussi joués, que ce soit au piano, par l’aérien Dominic Bouliane, ou vocalement, par l’extraordinaire Marie-Josée Lord et par le jeune ténor Jean-Michel Richer. On y entend par exemple des extraits de Les Pêcheurs de perles ou Djamileh.
Le début du succès
Quand Bizet se met à l’écriture de Carmen, on change un peu de registre. Eric-Emmanuel Schmitt se mue alors en passionné d’opéras et de musique classique pour décortiquer chaque scène et chaque air, en faisant un parallèle constant entre la vie de l’auteur et son héroïne.
Eric-Emmanuel Schmitt, agrégée de philosophie, marque la pièce de son propre questionnement. Ainsi, quand Bizet se questionne à savoir s’il doit faire des concessions sur ses compositions pour plaire au plus grand nombre, l’interrogation reste actuelle et se pose toujours, voire encore plus à l’ère des réseaux sociaux, pour les auteurs contemporains.
En faisant le parallèle entre la vie du compositeur et de Carmen, il introduit également une dualité entre liberté et destin qui concernent les deux personnages.
Si on peut reprocher à la pièce d’être parfois trop bavarde et didactique, notamment dans la première partie, elle laisse ensuite toute la place à la musique et aux voix du chanteur et de la chanteuse dans la seconde moitié. La mise en scène de Lorraine Pintal est fluide et organique, avec quelques belles trouvailles, le tout facilité par l’astucieuse scénographie de Jean Bard.
Mélomane averti, Eric-Emmanuel Schmitt conclut avec un clin d’œil à ses illustres favoris : « Carmen, c’est comme si Mozart avait signé la musique et Nietzsche le livret. »
Le mystère Carmen
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène : Lorraine Pintal. Conception de décor : Jean bard. Costumes : Marc Senécal. Éclairages : Erwann Bernard. Conception vidéo : Lionel Arnould. Maquillages : Jacques-Lee Pelletier. Consultant en mouvements : Huy Phong Doan. Avec Marie-Josée Lord (soprano), Eric-Emmanuel Schmitt (narrateur), Jean-Michel Richer (ténor), Dominic Boulianne (pianiste). Production Théâtre du nouveau Monde et Didier Morissonneau. Au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 16 mars. En tournée au Québec du 19 avril au 15 mai.