Le 2 mai, Alix Dufresne met en espace et anime Parle à ton voisin : Garden-party libérateur. Pour ce spectacle d’ouverture de la 18e édition du festival Jamais Lu, 10 artistes se rassemblent afin de lire la lettre que chacun·e a écrite à un·e voisin·e. Discussion sur le thème de cette édition : Franchir les solitudes.
« L’idée, c’était de faire un garden-party libérateur où on parle à son voisin et on libère quelque chose, de la colère ou de l’amour ou du désir, et de tisser des liens entre voisins symboliques ou réels. »
Le garden-party est un moment festif qui réunit des gens vivant côte à côte, chose qui n’arrive pas si souvent au quotidien, qu’il faut provoquer. La scénographie participe de cette intention. Les invité·es, comme le public, seront autant sur scène que dans la salle, assis·es autour de tables à pique-nique.
« Rien ne t’empêche d’aller au théâtre seul, de ne parler à personne, de regarder la pièce et de t’en aller. Là, tu vas être pogné à la table avec quelqu’un que tu ne connais pas. Le monde pourra boire une bière, manger un hot-dog. Ce sera inclusif et immersif. »
Le public est donc convié à un rassemblement hétérogène, dans la simplicité et la bonne entente. Dufresne a voulu « trouver des gens qui allaient se compléter et qui auraient des choses à dire par rapport à des enjeux précis » sans sombrer dans un tokénisme bien-pensant qui lui fait horreur.
Les artistes invités, Gabriel Robichaud, Geneviève Pettersen, Ricardo Lamour, Frances Koncan, Frannie Holder, Manal Drissi, le collectif Les déesses, Nicole Brossard et Simon Boulerice, ont écrit des lettres, non pas pour enfoncer des portes déjà ouvertes, mais bien pour « enfoncer des portes qui sont bien fermées. »
La seule règle : cette lettre doit être libératrice.
« Tu peux demander quelque chose à ton voisin. Tu peux empiéter sur ton voisin. Tu peux importuner tes voisins. Ta lettre peut être déchaînée comme un coup de balai au plafond, susurrée comme une invitation à travers une tenture de velours ou passive-agressive comme une note anonyme sur un palier. »
On s’attend à des textes sentis dont surgiront des discussions que Dufresne, en tant qu’animatrice de la soirée, devra stimuler, canaliser et diriger. « Les gens vont exprimer des choses et peut-être que ça va en frustrer quelques-uns·es peut-être que ça va en bouleverser quelques-un·es. »
Quelle lettre écrira Alix Dufresne? Au moment de notre rencontre, elle hésitait encore. Une idée la tenterait peut-être : « une lettre aux “Monsieurs”. Un Monsieur, c’est quelqu’un qui vit de la masculinité toxique. C’est quelqu’un qui a de la misère à laisser aller ses privilèges, à faire de la place aux autres. »
Elle devra être sur le qui-vive, car elle ne connaît d’avance ni le contenu de chaque lettre ni à qui chacune s’adresse. Ces textes ont d’ailleurs été écrits rapidement. Habituée à développer ses spectacles sur de longues périodes, elle n’a eu que très peu de temps pour préparer celui-ci : « C’est Marcelle qui m’a écrit pour me dire qu’elle aimerait que je fasse la soirée d’ouverture, ça doit faire un mois et demi, pas plus. »
Selon Dufresne, cette urgence et cette intensité participent au dynamisme intrinsèque du Jamais Lu :
« Il y a quelque chose d’excessivement démocratique dans le Jamais Lu. Ça ouvre des portes à des nouveaux artistes et ça permet aussi à des artistes établis de prendre des risques, de tester des affaires. Pour moi, il y a là quelque chose d’extrêmement libérateur. »
Elle évoque aussi l’influence de la directrice générale du festival :
« Marcelle Dubois est une des rares directrices artistiques à Montréal qui fait ce qu’elle dit. Quand elle dit qu’on s’intéresse à l’autre et qu’on fait de la place à la différence, elle le fait pour vrai. Elle cède du pouvoir, elle cède des privilèges, elle partage ses affaires. Je veux que ma soirée d’ouverture soit à la hauteur de cette posture et qu’elle donne une voix à plusieurs personnes qui ont toutes des univers différents. »
Idéation, mise en espace et animation : Alix Dufresne. Avec Simon Boulerice, Frances Koncan, Nicole Brossard, Les déesses*, Manal Drissi, Frannie Holder, Ricardo Lamour, Geneviève Pettersen, Gabriel Robichaud. *Collectif Les déesses : Lori’anne Bemba, Alexie Legendre, Elizabeth Mageren, Amaryllis Tremblay. Musique en direct : Comment Debord. Présenté dans le cadre du 18e Festival Jamais Lu au Théâtre Aux Écuries, le 2 mai 2019.
Le 2 mai, Alix Dufresne met en espace et anime Parle à ton voisin : Garden-party libérateur. Pour ce spectacle d’ouverture de la 18e édition du festival Jamais Lu, 10 artistes se rassemblent afin de lire la lettre que chacun·e a écrite à un·e voisin·e. Discussion sur le thème de cette édition : Franchir les solitudes.
« L’idée, c’était de faire un garden-party libérateur où on parle à son voisin et on libère quelque chose, de la colère ou de l’amour ou du désir, et de tisser des liens entre voisins symboliques ou réels. »
Le garden-party est un moment festif qui réunit des gens vivant côte à côte, chose qui n’arrive pas si souvent au quotidien, qu’il faut provoquer. La scénographie participe de cette intention. Les invité·es, comme le public, seront autant sur scène que dans la salle, assis·es autour de tables à pique-nique.
« Rien ne t’empêche d’aller au théâtre seul, de ne parler à personne, de regarder la pièce et de t’en aller. Là, tu vas être pogné à la table avec quelqu’un que tu ne connais pas. Le monde pourra boire une bière, manger un hot-dog. Ce sera inclusif et immersif. »
Le public est donc convié à un rassemblement hétérogène, dans la simplicité et la bonne entente. Dufresne a voulu « trouver des gens qui allaient se compléter et qui auraient des choses à dire par rapport à des enjeux précis » sans sombrer dans un tokénisme bien-pensant qui lui fait horreur.
Les artistes invités, Gabriel Robichaud, Geneviève Pettersen, Ricardo Lamour, Frances Koncan, Frannie Holder, Manal Drissi, le collectif Les déesses, Nicole Brossard et Simon Boulerice, ont écrit des lettres, non pas pour enfoncer des portes déjà ouvertes, mais bien pour « enfoncer des portes qui sont bien fermées. »
La seule règle : cette lettre doit être libératrice.
« Tu peux demander quelque chose à ton voisin. Tu peux empiéter sur ton voisin. Tu peux importuner tes voisins. Ta lettre peut être déchaînée comme un coup de balai au plafond, susurrée comme une invitation à travers une tenture de velours ou passive-agressive comme une note anonyme sur un palier. »
On s’attend à des textes sentis dont surgiront des discussions que Dufresne, en tant qu’animatrice de la soirée, devra stimuler, canaliser et diriger. « Les gens vont exprimer des choses et peut-être que ça va en frustrer quelques-uns·es peut-être que ça va en bouleverser quelques-un·es. »
Quelle lettre écrira Alix Dufresne? Au moment de notre rencontre, elle hésitait encore. Une idée la tenterait peut-être : « une lettre aux “Monsieurs”. Un Monsieur, c’est quelqu’un qui vit de la masculinité toxique. C’est quelqu’un qui a de la misère à laisser aller ses privilèges, à faire de la place aux autres. »
Elle devra être sur le qui-vive, car elle ne connaît d’avance ni le contenu de chaque lettre ni à qui chacune s’adresse. Ces textes ont d’ailleurs été écrits rapidement. Habituée à développer ses spectacles sur de longues périodes, elle n’a eu que très peu de temps pour préparer celui-ci : « C’est Marcelle qui m’a écrit pour me dire qu’elle aimerait que je fasse la soirée d’ouverture, ça doit faire un mois et demi, pas plus. »
Selon Dufresne, cette urgence et cette intensité participent au dynamisme intrinsèque du Jamais Lu :
« Il y a quelque chose d’excessivement démocratique dans le Jamais Lu. Ça ouvre des portes à des nouveaux artistes et ça permet aussi à des artistes établis de prendre des risques, de tester des affaires. Pour moi, il y a là quelque chose d’extrêmement libérateur. »
Elle évoque aussi l’influence de la directrice générale du festival :
« Marcelle Dubois est une des rares directrices artistiques à Montréal qui fait ce qu’elle dit. Quand elle dit qu’on s’intéresse à l’autre et qu’on fait de la place à la différence, elle le fait pour vrai. Elle cède du pouvoir, elle cède des privilèges, elle partage ses affaires. Je veux que ma soirée d’ouverture soit à la hauteur de cette posture et qu’elle donne une voix à plusieurs personnes qui ont toutes des univers différents. »
Parle à ton voisin : Garden-party libérateur
Idéation, mise en espace et animation : Alix Dufresne. Avec Simon Boulerice, Frances Koncan, Nicole Brossard, Les déesses*, Manal Drissi, Frannie Holder, Ricardo Lamour, Geneviève Pettersen, Gabriel Robichaud. *Collectif Les déesses : Lori’anne Bemba, Alexie Legendre, Elizabeth Mageren, Amaryllis Tremblay. Musique en direct : Comment Debord. Présenté dans le cadre du 18e Festival Jamais Lu au Théâtre Aux Écuries, le 2 mai 2019.