L’Espace Libre ouvre sa quarantième saison théâtrale avec la pièce Histoire populaire et sensationnelle dont l’auteur, Gabriel Plante, recevait le prix Gratien-Gélinas du CEAD pour le meilleur texte inédit, en 2016.
Cette présentation de la compagnie Création dans la Chambre réinvente de façon impressionniste une partie récente de l’Histoire du Québec. Zandré est le fils d’anciens felquistes ayant échangé leur otage Pierre Laporte contre des allocations leur permettant de vivre riches sur plusieurs générations, à condition qu’ils aient des enfants. Le ministre kidnappé n’est pas mort et les idéaux du couple ne se sont pas matérialisés. Le jour de son anniversaire, Zandré quitte ses parents et ses sœurs jumelles, des petites filles obéissantes et consensuelles, pour s’apercevoir qu’on ne lui a rien appris, pas même son prénom.
À travers la quête d’identité du personnage principal, joué par Gabriel Plante lui-même, le récit met en exergue les oppositions qui divisent les générations. Il traite des transmissions et des espérances qui pèsent sur celles et ceux qui suivent, du désir d’affranchissement, de l’inachevé comme de ce qui semble inachevable. Ce texte, écrit avec un rythme précis et jazzé, a des montées dramatiques ponctuées d’humour et, la plupart du temps, couronnées de passages grotesques. L’auteur surprend le public et fait appel à sa vivacité grâce à de brusques changements de ton, pour qu’il puisse tirer ses conclusions par lui-même.
Odile Gamache, à la scénographie, et Julie Basse, aux éclairages, ont su créer une ambiance glauque et lourde. Du vert, couleur maléfique au théâtre, tapisse en partie le plancher et certains murs, pied de nez aux traditions et superstitions. Ce décor aux allures de nefs de cathédrales ou de tribunaux austères s’avère un endroit parfait pour s’accuser et se crucifier. Entre deux rangées de chaises partiellement occupées par des fantoches, les personnages déambulent en bottes d’hiver ou en pantoufles en phentex, ajoutant au grotesque de certains dialogues.
La mise en scène déjantée, crue et adroitement chorégraphiée de Félix-Antoine Boutin, soutient les mots de l’auteur autant que le jeu des acteurs, dans le tragique comme le burlesque. On crie, on détruit, on salit, on saigne et plus encore. La distribution uniquement masculine se veut une dénonciation de la suprématie des blancs dominants, selon les créateurs. Cela amuse, mais on peut questionner la nécessité d’incarner sur les planches cette métaphore.
Malgré ses excès de bouffonnerie, Histoire populaire et sensationnelle mérite une place parmi les spectacles à voir cette saison. Son propos ne laisse pas indifférent bien qu’on y fasse davantage appel à l’intelligence du public qu’à son affect. La pièce est présentée dans la salle nouvellement baptisée Gravel-Ronfard de l’Espace Libre, jusqu’au 8 février 2020.
Texte : Gabriel Plante. Mise en scène : Félix-Antoine Boutin. Interprétation : Christian Bégin, Philippe Boutin, Sébastien David, Jacques L’Heureux et Gabriel Plante. Conception lumière : Julie Basse. Scénographie et co-conception costumes : Odile Gamache. Co-conception de costumes : Léonie Blanchet. Direction de production : Émilie Martel. Direction technique : Mickaël Tétrault-Ménard. Composition : Christophe Lamarche-Ledoux. Assistance à la mise en scène et régie : Emily Vallée-Knight.
L’Espace Libre ouvre sa quarantième saison théâtrale avec la pièce Histoire populaire et sensationnelle dont l’auteur, Gabriel Plante, recevait le prix Gratien-Gélinas du CEAD pour le meilleur texte inédit, en 2016.
Cette présentation de la compagnie Création dans la Chambre réinvente de façon impressionniste une partie récente de l’Histoire du Québec. Zandré est le fils d’anciens felquistes ayant échangé leur otage Pierre Laporte contre des allocations leur permettant de vivre riches sur plusieurs générations, à condition qu’ils aient des enfants. Le ministre kidnappé n’est pas mort et les idéaux du couple ne se sont pas matérialisés. Le jour de son anniversaire, Zandré quitte ses parents et ses sœurs jumelles, des petites filles obéissantes et consensuelles, pour s’apercevoir qu’on ne lui a rien appris, pas même son prénom.
À travers la quête d’identité du personnage principal, joué par Gabriel Plante lui-même, le récit met en exergue les oppositions qui divisent les générations. Il traite des transmissions et des espérances qui pèsent sur celles et ceux qui suivent, du désir d’affranchissement, de l’inachevé comme de ce qui semble inachevable. Ce texte, écrit avec un rythme précis et jazzé, a des montées dramatiques ponctuées d’humour et, la plupart du temps, couronnées de passages grotesques. L’auteur surprend le public et fait appel à sa vivacité grâce à de brusques changements de ton, pour qu’il puisse tirer ses conclusions par lui-même.
Odile Gamache, à la scénographie, et Julie Basse, aux éclairages, ont su créer une ambiance glauque et lourde. Du vert, couleur maléfique au théâtre, tapisse en partie le plancher et certains murs, pied de nez aux traditions et superstitions. Ce décor aux allures de nefs de cathédrales ou de tribunaux austères s’avère un endroit parfait pour s’accuser et se crucifier. Entre deux rangées de chaises partiellement occupées par des fantoches, les personnages déambulent en bottes d’hiver ou en pantoufles en phentex, ajoutant au grotesque de certains dialogues.
La mise en scène déjantée, crue et adroitement chorégraphiée de Félix-Antoine Boutin, soutient les mots de l’auteur autant que le jeu des acteurs, dans le tragique comme le burlesque. On crie, on détruit, on salit, on saigne et plus encore. La distribution uniquement masculine se veut une dénonciation de la suprématie des blancs dominants, selon les créateurs. Cela amuse, mais on peut questionner la nécessité d’incarner sur les planches cette métaphore.
Malgré ses excès de bouffonnerie, Histoire populaire et sensationnelle mérite une place parmi les spectacles à voir cette saison. Son propos ne laisse pas indifférent bien qu’on y fasse davantage appel à l’intelligence du public qu’à son affect. La pièce est présentée dans la salle nouvellement baptisée Gravel-Ronfard de l’Espace Libre, jusqu’au 8 février 2020.
Histoire populaire et sensationnelle
Texte : Gabriel Plante. Mise en scène : Félix-Antoine Boutin. Interprétation : Christian Bégin, Philippe Boutin, Sébastien David, Jacques L’Heureux et Gabriel Plante. Conception lumière : Julie Basse. Scénographie et co-conception costumes : Odile Gamache. Co-conception de costumes : Léonie Blanchet. Direction de production : Émilie Martel. Direction technique : Mickaël Tétrault-Ménard. Composition : Christophe Lamarche-Ledoux. Assistance à la mise en scène et régie : Emily Vallée-Knight.