Puisque les salles de spectacle ne peuvent actuellement ouvrir leurs portes, Olivier Choinière a décidé de placer son théâtre là où cet art est né, dans la rue, au milieu de la place publique. En association avec le Théâtre de Quat’sous, il a demandé à cinq metteurs et metteuses en scène de concevoir, avec la même trame sonore, cinq déambulatoires pour un acteur ou une actrice et un spectateur ou une spectatrice, à deux mètres de distance, intitulés Vers solitaire. Notons qu’il nous avait déjà offert un parcours déambulatoire intitulé Vers solitaire (OUT) en 2008.
Équipé d’un téléphone et d’écouteurs sur les oreilles, le spectateur, la spectatrice fait quelques pas devant le Théâtre de Quat’sous, avant de tourner le coin de l’avenue Coloniale pour rencontrer le comédien ou la comédienne qui va l’accompagner dans les rues de Montréal durant les 60 minutes suivantes.
La trame sonore est d’abord peuplée d’échos urbains, de gens qui crient, d’autres qui demandent leur chemin, de bruits de chantier ou de voitures. Dans le parcours qui nous a été proposé, on suit une héroïne (Angie Cheng), une jeune femme enceinte, maquillée à l’excès et vêtue d’atours flamboyants, à grand renfort de paillettes. De nombreux sacs sont accrochés à ses bras.
On marche tranquillement jusqu’à la Place des arts, alors que notre personnage s’arrête devant des vitrines, prenant en photo des produits qu’elle aimerait certainement acquérir. La ville devient étrangement un décor, les passant·es sont des figurant·es, mais on est soi-même plongé dans l’action.
Au fil du chemin, une complicité s’installe avec la comédienne, même si elle ne nous parle pas vraiment. Notre périple va nous conduire ensuite au Complexe Desjardins, avant de traverser le quartier chinois pour se rendre au Palais des congrès, puis dans la ville souterraine du World Trade Center de Montréal. Sans trop en dévoiler, on peut simplement dire qu’en route, on va manger un cornet glacé, entrer dans plusieurs magasins, et vivre un moment assez dérangeant dans les toilettes des femmes du Palais des congrès, jusqu’à une finale plutôt singulière.
Tout au long du déambulatoire, des mots reviennent sans cesse dans nos oreilles, comme des mantras intérieurs du personnage qui intriguent et déstabilisent en même temps. La déliquescence de la société, les dérives du consumérisme, l’accroissement des inégalités dans les grands centres urbains, l’invisibilité de la pauvreté sont des thèmes qui transparaissent à travers ce monologue décousu.
Trois kilomètres et demi plus tard, la finale est abrupte et déconcertante. Cette expérience immersive nous plonge dans une sorte d’univers parallèle dont on ne s’extrait pas sans séquelles. Un sentiment de vide nous enveloppe après avoir rendu nos écouteurs et, laissé à soi-même à l’entrée d’un métro, on ressent le poids de toutes ces dérives sociétales explicitées. Le Vers solitaire nous a quitté, mais sa trace reste dans notre esprit.
Vers solitaire
Texte et direction artistique : Olivier Choinière. Mise en scène : Mélanie Demers, Alix Dufresne, Xavier Huard, Justin Laramée et Marie-Ève Milot. Avec Vladimir Alexis, Olivier Aubin, Angie Cheng, Marco Collin et Joanie Martel. Une production de L’Activité, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous. Départs devant le théâtre de Quat’Sous, les mardis, vendredis et samedis jusqu’au 14 novembre 2020.
Puisque les salles de spectacle ne peuvent actuellement ouvrir leurs portes, Olivier Choinière a décidé de placer son théâtre là où cet art est né, dans la rue, au milieu de la place publique. En association avec le Théâtre de Quat’sous, il a demandé à cinq metteurs et metteuses en scène de concevoir, avec la même trame sonore, cinq déambulatoires pour un acteur ou une actrice et un spectateur ou une spectatrice, à deux mètres de distance, intitulés Vers solitaire. Notons qu’il nous avait déjà offert un parcours déambulatoire intitulé Vers solitaire (OUT) en 2008.
Équipé d’un téléphone et d’écouteurs sur les oreilles, le spectateur, la spectatrice fait quelques pas devant le Théâtre de Quat’sous, avant de tourner le coin de l’avenue Coloniale pour rencontrer le comédien ou la comédienne qui va l’accompagner dans les rues de Montréal durant les 60 minutes suivantes.
La trame sonore est d’abord peuplée d’échos urbains, de gens qui crient, d’autres qui demandent leur chemin, de bruits de chantier ou de voitures. Dans le parcours qui nous a été proposé, on suit une héroïne (Angie Cheng), une jeune femme enceinte, maquillée à l’excès et vêtue d’atours flamboyants, à grand renfort de paillettes. De nombreux sacs sont accrochés à ses bras.
On marche tranquillement jusqu’à la Place des arts, alors que notre personnage s’arrête devant des vitrines, prenant en photo des produits qu’elle aimerait certainement acquérir. La ville devient étrangement un décor, les passant·es sont des figurant·es, mais on est soi-même plongé dans l’action.
Au fil du chemin, une complicité s’installe avec la comédienne, même si elle ne nous parle pas vraiment. Notre périple va nous conduire ensuite au Complexe Desjardins, avant de traverser le quartier chinois pour se rendre au Palais des congrès, puis dans la ville souterraine du World Trade Center de Montréal. Sans trop en dévoiler, on peut simplement dire qu’en route, on va manger un cornet glacé, entrer dans plusieurs magasins, et vivre un moment assez dérangeant dans les toilettes des femmes du Palais des congrès, jusqu’à une finale plutôt singulière.
Tout au long du déambulatoire, des mots reviennent sans cesse dans nos oreilles, comme des mantras intérieurs du personnage qui intriguent et déstabilisent en même temps. La déliquescence de la société, les dérives du consumérisme, l’accroissement des inégalités dans les grands centres urbains, l’invisibilité de la pauvreté sont des thèmes qui transparaissent à travers ce monologue décousu.
Trois kilomètres et demi plus tard, la finale est abrupte et déconcertante. Cette expérience immersive nous plonge dans une sorte d’univers parallèle dont on ne s’extrait pas sans séquelles. Un sentiment de vide nous enveloppe après avoir rendu nos écouteurs et, laissé à soi-même à l’entrée d’un métro, on ressent le poids de toutes ces dérives sociétales explicitées. Le Vers solitaire nous a quitté, mais sa trace reste dans notre esprit.
Vers solitaire
Texte et direction artistique : Olivier Choinière. Mise en scène : Mélanie Demers, Alix Dufresne, Xavier Huard, Justin Laramée et Marie-Ève Milot. Avec Vladimir Alexis, Olivier Aubin, Angie Cheng, Marco Collin et Joanie Martel. Une production de L’Activité, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous. Départs devant le théâtre de Quat’Sous, les mardis, vendredis et samedis jusqu’au 14 novembre 2020.