Critiques

Sixº : Un divertissement réussi

© Jean-François Savaria

Pour sa centième représentation depuis sa création, la compagnie FLIP Fabrique a présenté la grande première de son nouveau spectacle Sixº à la TOHU. L’entrée en scène est marquée par une citation de Charles Baudelaire : « L’orage rajeunit les fleurs », à laquelle font écho, tout au long de la production, les averses, les tonnerres que l’on entend, de même que les fleurs colorées qui ornent la scène et celle qu’un admirateur cherche à offrir à une jeune femme, une histoire de séduction qui s’étire jusqu’à la fin du spectacle. Il émane de celui-ci une fraîcheur qui rappelle le beau temps après la pluie.

Sur le plateau, meublé d’une maison (ou est-ce plutôt une salle d’attente ?), cinq artistes de cirque proposent chacun·e un tableau unique dédié à sa discipline de prédilection, unis par des chorégraphies qui donnent de l’entrain à l’ensemble. Une ambiance enjouée à laquelle contribuent l’interaction entre les interprètes et l’audience ainsi que la musique, une sélection d’échantillons de plusieurs styles et courants (de Leonard Cohen à Harry Nilsson), dont certains airs sont très entraînants. Les costumes rappellent aussi quelques époques différentes, parmi lesquelles la décennie 1970 avec ses couleurs pastel et ses tons de terre. Tout comme la trame musicale et les chorégraphies, ces tenues nous ramènent à l’ère rétro dans quelques numéros, dont celui de jonglerie où tous et toutes dansent derrière le jongleur en claquant des doigts.

© Jean-François Savaria

Habileté et prouesses

On peut voir plusieurs disciplines circassiennes dans Sixº, outre celles déjà mentionnées, comme les acrobaties au sol, les cerceaux, le fil de fer et le trampo-mur. Les numéros de l’équilibriste Camille Tremblay, aux mouvements précis et contrôlés, sont incroyables. Si la plupart des tableaux sont admirablement réussis (et que les performances des circanien·nes sont époustouflantes), certains s’avèrent particulièrement hypnotisants, dont celui de Méliejade Tremblay Bouchard à la roue Cyr.

La scénographie en mouvement, les murs étant manipulés par les interprètes, permet que certaines scènes se déroulent à l’intérieur de la salle d’attente et d’autres, à l’extérieur. Parmi ces dernières, notons, le numéro de trampo-mur, entouré de beaucoup de fleurs colorées, et celui du clown sur un fil de fer. Ces deux tableaux sont humoristiques et divertissants, menés par trois artistes masculins énergiques.

Est-ce que les six degrés de séparation qui unissent les personnages sont liés à l’heure où ils entrent dans la maison, soit à 14 :47 mais à différente époque ? Ils semblent tous avoir reçu une invitation, mais de qui vient-elle ? De la maison elle-même ? Car qui est le mystérieux narrateur qui prend à l’occasion la parole ? Et que veut-on nous communiquer en réunissant plusieurs individus issus de diverses décennies en un même lieu qui apparaît être leur seul point commun ? Difficile à dire. On peut toutefois accepter de bon gré de ne pas trop comprendre ce que la FLIP Fabrique entend nous dire et simplement admirer les prouesses physiques et stylistiques qu’elle nous offre.

Sixº

Concept original : FLIP Fabrique. Coconception : Jamie Adkins. Mise en scène : Olivier Lépine. Direction artistique : Bruno Gagnon. Scénographie : Julie Levesque. Costumes : Camila Comin Éclairages : Bruno Matte. Avec Jamie Adkins, Jacob Grégoire, Dylan Herrera, Camille Tremblay et Méliejade Tremblay Bouchard. Une production de FLIP Fabrique présentée à la TOHU, à l’occasion de Montréal Complètement Cirque, jusqu’au 18 juillet 2021, puis à l’Aréna de Montmagny du 23 au 31 juillet.

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À propos de

Marjolaine Mckenzie possède une formation en théâtre et a joué dans plusieurs productions. Elle a fondé sa propre compagnie de théâtre en 2005, Papu Auass, qui veut dire enfant rieur en langue innue. Elle écrit des textes et s’implique dans la co-création de projets artistiques. Présentement, elle est stagiaire à la revue JEU.