De la science-fiction au théâtre ? Voilà le défi rarissime que le duo formé de Marie-Claude Verdier, autrice, et de Justin Laramée, metteur en scène, cherche à relever sur la petite scène de la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Seeker est une courte pièce remplie de rebondissements étonnants, baignant dans le climat froid d’un bunker militaire où ont lieu des recherches scientifiques ultra-secrètes.
Marie-Claude Verdier a beaucoup travaillé en tant que conseillère dramaturgique au Québec pendant que ses pièces (I am not here et Andy’s Gone) ont surtout été présentées en Europe. C’est à n’en pas douter une véritable fan de SF, comme le disent les aficionados et aficionadas. Elle en maîtrise les codes et les stratégies narratives. Se déroulant dans le futur, comme il se doit, le texte relate une confrontation entre deux ex-conjoint·es, Niamh (Madeleine Péloquin), géologue de retour d’une expédition sur la planète Mars et, Lomond (David Boutin), un seeker, c’est-à-dire une personne capable de lire et de ressentir ce qui se trouve dans la mémoire, appelé fichier mémoriel, d’autres individus et objets. Niamh veut que son ex-mari l’aide à déchiffrer les souvenirs enfouis dans une pierre étrange qu’elle a rapportée de son périple extraterrestre.
Niamh et Lomond sont parents d’une petite fille, dont on entendra que la voix dans le spectacle. On comprendra également que la garde de l’enfant fait l’objet d’une vieille dispute entre elle et lui. L’homme se montre donc réticent à collaborer avec son ex-épouse pour faire « avancer » la science. Il pourra voir sa fille à condition de décrire ce qu’il voit et entend dans les fichiers mémoriels d’une « roche », comme il l’a nomme au début.
L’exercice ne se déroulera pas tel que prévu, comme dans tout bon récit de SF, mais à part les nombreuses tournures inattendues, la pièce se concentre sur le sujet de la mémoire humaine, individuelle et collective. Les questions qu’elle pose sont les mêmes qui taraudent les philosophes depuis la nuit des temps : « qui sommes-nous » et « d’où venons-nous et où allons-nous » à la lumière des traces laissées par nos ancêtres, notre famille et les communautés qui nous ont précédé·es.
SF réussie
Seeker, c’est de la science-fiction psychologique très réussie, en fait, qui ne s’égare pas dans une terminologie hermétique destinée à jeter de la poudre aux yeux des spectateurs et spectatrices. Le texte est parfaitement soutenu par le décor minimaliste d’Odile Gamache, qui fait penser à un ring de boxe sans les câbles. L’excellente bande-son d’Andréa Marsolais-Roy évoque le monde extérieur et, surtout, un environnement techno-futuriste crédible. Les éclairages de Martin Labrecque complètent merveilleusement cette enveloppe de mystère, usant essentiellement des couleurs bleu, rouge et mauve.
Dans cette ambiance surréelle, Justin Laramée dirige avec une précision presque mathématique deux interprètes pur-sang qui se confrontent, s’entraident et semblent encore avoir des sentiments l’un·e pour l’autre. David Boutin est incandescent dans le rôle de Lomond et Madeleine Péloquin, dans un rôle plus ingrat de faire-valoir, tire son épingle du jeu en passant de froide manipulatrice à une femme presque amoureuse.
Le souhait de départ du duo Laramée-Verdier était de préparer un spectacle à plus grand déploiement, mais leur excellent travail à petite échelle démontre que la science-fiction vit très bien sur scène parce qu’il s’agit de concentrer, comme toujours, la dramaturgie sur les conflits entre les personnages, avec les non-dits qu’ils peuvent parfois symboliser, au sein d’une théâtralité bien arrimée avec le genre exploré.
Texte : Marie-Claude Verdier. Mise en scène : Justin Laramée. Assistance à la mise en scène, direction de production et régie : Jacinthe Nepveu. Scénographie et accessoires : Odile Gamache. Éclairages : Martin Labrecque. Son : Andréa Marsolais-Roy. Direction technique : Charlie-Loup Turcot. Avec David Boutin et Madeleine Péloquin. Une création du Collectif Point bleu en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, présentée dans la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 2 octobre 2021.
De la science-fiction au théâtre ? Voilà le défi rarissime que le duo formé de Marie-Claude Verdier, autrice, et de Justin Laramée, metteur en scène, cherche à relever sur la petite scène de la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Seeker est une courte pièce remplie de rebondissements étonnants, baignant dans le climat froid d’un bunker militaire où ont lieu des recherches scientifiques ultra-secrètes.
Marie-Claude Verdier a beaucoup travaillé en tant que conseillère dramaturgique au Québec pendant que ses pièces (I am not here et Andy’s Gone) ont surtout été présentées en Europe. C’est à n’en pas douter une véritable fan de SF, comme le disent les aficionados et aficionadas. Elle en maîtrise les codes et les stratégies narratives. Se déroulant dans le futur, comme il se doit, le texte relate une confrontation entre deux ex-conjoint·es, Niamh (Madeleine Péloquin), géologue de retour d’une expédition sur la planète Mars et, Lomond (David Boutin), un seeker, c’est-à-dire une personne capable de lire et de ressentir ce qui se trouve dans la mémoire, appelé fichier mémoriel, d’autres individus et objets. Niamh veut que son ex-mari l’aide à déchiffrer les souvenirs enfouis dans une pierre étrange qu’elle a rapportée de son périple extraterrestre.
Niamh et Lomond sont parents d’une petite fille, dont on entendra que la voix dans le spectacle. On comprendra également que la garde de l’enfant fait l’objet d’une vieille dispute entre elle et lui. L’homme se montre donc réticent à collaborer avec son ex-épouse pour faire « avancer » la science. Il pourra voir sa fille à condition de décrire ce qu’il voit et entend dans les fichiers mémoriels d’une « roche », comme il l’a nomme au début.
L’exercice ne se déroulera pas tel que prévu, comme dans tout bon récit de SF, mais à part les nombreuses tournures inattendues, la pièce se concentre sur le sujet de la mémoire humaine, individuelle et collective. Les questions qu’elle pose sont les mêmes qui taraudent les philosophes depuis la nuit des temps : « qui sommes-nous » et « d’où venons-nous et où allons-nous » à la lumière des traces laissées par nos ancêtres, notre famille et les communautés qui nous ont précédé·es.
SF réussie
Seeker, c’est de la science-fiction psychologique très réussie, en fait, qui ne s’égare pas dans une terminologie hermétique destinée à jeter de la poudre aux yeux des spectateurs et spectatrices. Le texte est parfaitement soutenu par le décor minimaliste d’Odile Gamache, qui fait penser à un ring de boxe sans les câbles. L’excellente bande-son d’Andréa Marsolais-Roy évoque le monde extérieur et, surtout, un environnement techno-futuriste crédible. Les éclairages de Martin Labrecque complètent merveilleusement cette enveloppe de mystère, usant essentiellement des couleurs bleu, rouge et mauve.
Dans cette ambiance surréelle, Justin Laramée dirige avec une précision presque mathématique deux interprètes pur-sang qui se confrontent, s’entraident et semblent encore avoir des sentiments l’un·e pour l’autre. David Boutin est incandescent dans le rôle de Lomond et Madeleine Péloquin, dans un rôle plus ingrat de faire-valoir, tire son épingle du jeu en passant de froide manipulatrice à une femme presque amoureuse.
Le souhait de départ du duo Laramée-Verdier était de préparer un spectacle à plus grand déploiement, mais leur excellent travail à petite échelle démontre que la science-fiction vit très bien sur scène parce qu’il s’agit de concentrer, comme toujours, la dramaturgie sur les conflits entre les personnages, avec les non-dits qu’ils peuvent parfois symboliser, au sein d’une théâtralité bien arrimée avec le genre exploré.
Seeker
Texte : Marie-Claude Verdier. Mise en scène : Justin Laramée. Assistance à la mise en scène, direction de production et régie : Jacinthe Nepveu. Scénographie et accessoires : Odile Gamache. Éclairages : Martin Labrecque. Son : Andréa Marsolais-Roy. Direction technique : Charlie-Loup Turcot. Avec David Boutin et Madeleine Péloquin. Une création du Collectif Point bleu en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, présentée dans la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 2 octobre 2021.