Pour son premier solo sur les planches, Sarianne Cormier a choisi d’enfiler plusieurs chapeaux. Elle est à la fois l’autrice, la metteuse en scène et l’interprète de Mythologie, une autofiction basée sur le destin de sa mère et de sa grand-mère, présentée d’abord en lecture publique à l’édition 2020 du Jamais Lu Hors-Série. Cette fois, c’est dans l’atmosphère intime de La Petite Licorne qu’elle raconte l’héritage et les désirs inassouvis des femmes qui l’ont précédée.
Alors que l’artiste était une jeune adulte, sa mère a mis les voiles, comme l’avait fait avant elle sa grand-mère. Sans préavis. Elle a quitté la maison familiale pour refaire sa vie dans la ville qui l’a vue naître. Mais avant de plier bagage, elle a remis à sa fille une valise de paille brodée, remplie de souvenirs de jeunesse : des chaussures de bébé, des vêtements délicats, un livre de recettes réconfortantes… Des objets précieux et évocateurs, qui ont servi d’outils à Sarianne Cormier pour tenter d’expliquer la fuite des femmes de sa vie.
Sens stimulés
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2006, la comédienne s’est fait remarquer du public autant au théâtre (TRIP et 3, 2, 1 coupez, mises en scène par Mathieu Quesnel) qu’au petit et au grand écrans, mais on connaissait encore peu sa plume, qu’on découvre avec plaisir dans Mythologie. La créatrice offre à l’auditoire des fragments de l’existence brisée de sa famille avec sensibilité et minutie. On arrive presque à entendre le cliquetis du collier de plastique rose que sa grand-mère portait dans les années 1980, à humer l’odeur des conifères de la forêt qui sert de refuge ou à goûter la saveur acidulée des pommes qu’on sert en collation.
Bien plus qu’un assemblage de parcelles de la vie quotidienne, ce spectacle de Sarianne Cormier est surtout un hommage à sa grand-mère blanchisseuse et à sa mère ouvrière, qui se sont sacrifiées pour le bien-être de leur tribu, faisant ainsi une croix sur leurs rêves d’opulence, de réussite professionnelle ou d’amour qui dure toujours. Mais comment parvient-on à vivre, à survivre, lorsqu’on n’a pas eu la vie qu’on aurait souhaité avoir ? Est-ce que tout quitter pour repartir à zéro est la meilleure solution ?
Passionnée par le septième art (elle a scénarisé et réalisé quatre courts métrages et travaille présentement à son premier long métrage), l’artiste a choisi de s’accompagner sur scène de deux immenses écrans, sur lesquels sont projetées tout au long du récit des séquences vidéo, dont la direction photo est signée par la talentueuse Julie Artacho. Si certaines scènes teintées d’onirisme sont d’une grande beauté, les gros plans d’objets ou de gestes journaliers évoqués dans le texte apportent peu à l’histoire racontée, même qu’ils détournent notre attention de la performance de Sarianne Cormier, empreinte de vulnérabilité. Seuls, les éclairages sobres et les quelques mélodies minimalistes auraient offert une expérience spectatorielle davantage immersive, auraient permis de se laisser happer par le caractère tantôt mystérieux, tantôt universel des aventures narrées.
Mythologie reste une histoire de famille attachante, qui donne une voix à des générations de femmes qui n’ont pas pu dire leur souffrance et leurs ambitions déçues, qui ne se sont pas donné la permission de toucher les étoiles. Un premier solo qui permettra assurément à nombre de personnes d’y reconnaître avec tendresse leur propre clan.
Texte, mise en scène, vidéos et interprétation : Sarianne Cormier. Assistance à la mise en scène : Audrey Lamontagne. Décor : Patrice Charbonneau-Brunelle. Costumes : Patricia McNeil. Éclairages : Robin Kittel-Ouimet. Musique : Peter Venne. Conception sonore : Arthur Champagne. Direction photo : Julie Artacho. Intégration vidéo : Jean-François Boisvenue. Dramaturgie : Marie-Claude St-Laurent. Une production de Sarianne Cormier, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 16 octobre 2021.
Pour son premier solo sur les planches, Sarianne Cormier a choisi d’enfiler plusieurs chapeaux. Elle est à la fois l’autrice, la metteuse en scène et l’interprète de Mythologie, une autofiction basée sur le destin de sa mère et de sa grand-mère, présentée d’abord en lecture publique à l’édition 2020 du Jamais Lu Hors-Série. Cette fois, c’est dans l’atmosphère intime de La Petite Licorne qu’elle raconte l’héritage et les désirs inassouvis des femmes qui l’ont précédée.
Alors que l’artiste était une jeune adulte, sa mère a mis les voiles, comme l’avait fait avant elle sa grand-mère. Sans préavis. Elle a quitté la maison familiale pour refaire sa vie dans la ville qui l’a vue naître. Mais avant de plier bagage, elle a remis à sa fille une valise de paille brodée, remplie de souvenirs de jeunesse : des chaussures de bébé, des vêtements délicats, un livre de recettes réconfortantes… Des objets précieux et évocateurs, qui ont servi d’outils à Sarianne Cormier pour tenter d’expliquer la fuite des femmes de sa vie.
Sens stimulés
Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2006, la comédienne s’est fait remarquer du public autant au théâtre (TRIP et 3, 2, 1 coupez, mises en scène par Mathieu Quesnel) qu’au petit et au grand écrans, mais on connaissait encore peu sa plume, qu’on découvre avec plaisir dans Mythologie. La créatrice offre à l’auditoire des fragments de l’existence brisée de sa famille avec sensibilité et minutie. On arrive presque à entendre le cliquetis du collier de plastique rose que sa grand-mère portait dans les années 1980, à humer l’odeur des conifères de la forêt qui sert de refuge ou à goûter la saveur acidulée des pommes qu’on sert en collation.
Bien plus qu’un assemblage de parcelles de la vie quotidienne, ce spectacle de Sarianne Cormier est surtout un hommage à sa grand-mère blanchisseuse et à sa mère ouvrière, qui se sont sacrifiées pour le bien-être de leur tribu, faisant ainsi une croix sur leurs rêves d’opulence, de réussite professionnelle ou d’amour qui dure toujours. Mais comment parvient-on à vivre, à survivre, lorsqu’on n’a pas eu la vie qu’on aurait souhaité avoir ? Est-ce que tout quitter pour repartir à zéro est la meilleure solution ?
Passionnée par le septième art (elle a scénarisé et réalisé quatre courts métrages et travaille présentement à son premier long métrage), l’artiste a choisi de s’accompagner sur scène de deux immenses écrans, sur lesquels sont projetées tout au long du récit des séquences vidéo, dont la direction photo est signée par la talentueuse Julie Artacho. Si certaines scènes teintées d’onirisme sont d’une grande beauté, les gros plans d’objets ou de gestes journaliers évoqués dans le texte apportent peu à l’histoire racontée, même qu’ils détournent notre attention de la performance de Sarianne Cormier, empreinte de vulnérabilité. Seuls, les éclairages sobres et les quelques mélodies minimalistes auraient offert une expérience spectatorielle davantage immersive, auraient permis de se laisser happer par le caractère tantôt mystérieux, tantôt universel des aventures narrées.
Mythologie reste une histoire de famille attachante, qui donne une voix à des générations de femmes qui n’ont pas pu dire leur souffrance et leurs ambitions déçues, qui ne se sont pas donné la permission de toucher les étoiles. Un premier solo qui permettra assurément à nombre de personnes d’y reconnaître avec tendresse leur propre clan.
Mythologie
Texte, mise en scène, vidéos et interprétation : Sarianne Cormier. Assistance à la mise en scène : Audrey Lamontagne. Décor : Patrice Charbonneau-Brunelle. Costumes : Patricia McNeil. Éclairages : Robin Kittel-Ouimet. Musique : Peter Venne. Conception sonore : Arthur Champagne. Direction photo : Julie Artacho. Intégration vidéo : Jean-François Boisvenue. Dramaturgie : Marie-Claude St-Laurent. Une production de Sarianne Cormier, en codiffusion avec La Manufacture, présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 16 octobre 2021.