L’orchestre d’hommes-orchestres (L’ODHO) nous invite en cuisine pour nous concocter une expérience théâtrale des plus inusitées. Ce collectif pluridisciplinaire en arts vivants, fondé en 2002 à Québec, est renommé pour ses œuvres fantaisistes conçues autour de la discographie d’un·e musicien·ne, notamment les productions Joue à Tom Waits (2005) et Cabaret brise-jour (2014). Cette fois-ci, L’ODHO nous plonge dans les années 1930, à l’ère de gloire des Cackle Sisters (originalement, les DeZurik Sisters). Les chansons de ce duo légendaire du yodle américain, interprétées directement sur scène par les artistes de la distribution, rythment les tableaux de cette œuvre monumentale, lors desquels une nouvelle recette se voit, chaque fois, complétée, puis servie au public. Accompagné·es d’une simple guitare, parfois d’un violon et d’un tambour, les comédien·nes chantent et usent des éléments du décor en tant qu’instruments, ceux-là mêmes qu’ils et elles utilisent pour cuisiner.
Dans la cadence effrénée de la préparation du repas, l’attendrissement et l’assaisonnement du poulet font office de percussions, tout comme la coupe d’oignons ou leur déglaçage sur la plaque de cuisson. Il faut voir les sept performeurs et performeuses coordonner le tout ! Il ne semble pas y avoir place à l’erreur, puisque toute manipulation se doit d’arriver à un moment précis, au risque de fausser une pièce musicale. Chaque tableau relève donc d’une véritable prouesse technique. Dans cette sorte de grand chaos organisé qu’est la cuisine de Kitchen Chicken, les hommes-orchestres et les femmes-orchestres, comme des êtres tentaculaires, se livrent à une incroyable gymnastique musicale et culinaire.
Une œuvre audacieuse et extravagante
Les personnages partagent les festivités avec le public, lui adressent des regards complices et lui offrent les chansons et bouchées. Vêtu·es de chemises blanches, de robes de ménagères et de tabliers bruns ou beiges, ils et elles naviguent entre les différents postes de travail de la cuisine, aux couleurs sobres et champêtres. L’environnement scénographique évoque la vie rurale, en accord avec les chants folkloriques au centre de la production, mais l’ambiance du spectacle rappelle celle d’un carnaval. Kitchen Chicken est, avant tout, une création théâtrale ludique, où s’enchaînent les scènes originales. Par exemple, une fois les patates pelées, celles-ci sont lancées vers un receveur, gant de baseball à la main, puis à un frappeur qui tient, quant à lui, une hache, prêt à trancher le tubercule dans les airs. Un peu plus tard, assis dans un grand seau, comme dans un bain, l’interprète Bruno Bouchard fait monter du beurre en crème. Ses coups de fouet ponctuent la mélodie chantée par Gabrielle Bouthillier et Danya Ortmann (les reines du yodle du spectacle). Il parsème, ensuite, son visage de bonbons à gâteau, avant d’allumer la bougie d’anniversaire portée à sa bouche, telle une cigarette.
Ainsi, L’orchestre d’hommes-orchestres nous comble d’images créatives et loufoques, servant au public des cornichons volants dans des ballons d’hélium ; des cornets de pommes de terre en purée, garnis de sauce brune et de petits pois ; des tasses de thé infusées avec une poche pendue au manche d’une guitare. Ces propositions, résolument poétiques de par leur caractère insolite et onirique, suscitent les éclats de rire des spectateurs et spectatrices, chaleureusement convié·es à une performance hors du commun. Initiative audacieuse, puisqu’elle requiert beaucoup de travail chorégraphié de la part des interprètes, Kitchen Chicken reste, néanmoins, plutôt anecdotique ; amusant et surprenant, il saura ravir les auditoires plus jeunes comme les plus vieux avec sa trame simple et candide, sans prétention, qui consiste à cuisiner tout en jouant de la musique.
Idéation, création et scénographie : L’orchestre d’hommes-orchestres. Conception sonore : Frédéric Auger. Conception des lumières : Philippe Lessard-Drolet. Musique : DeZurik Sisters, Jimmy Rodgers, Coon Creek Girls et L’orchestre d’hommes-orchestres. Avec Bruno Bouchard, Gabrielle Bouthillier, Jasmin Cloutier, Simon Elmaleh, Philippe Lessard-Drolet et Danya Ortmann. Une production de L’orchestre d’hommes-orchestres, présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 17 décembre 2022.
L’orchestre d’hommes-orchestres (L’ODHO) nous invite en cuisine pour nous concocter une expérience théâtrale des plus inusitées. Ce collectif pluridisciplinaire en arts vivants, fondé en 2002 à Québec, est renommé pour ses œuvres fantaisistes conçues autour de la discographie d’un·e musicien·ne, notamment les productions Joue à Tom Waits (2005) et Cabaret brise-jour (2014). Cette fois-ci, L’ODHO nous plonge dans les années 1930, à l’ère de gloire des Cackle Sisters (originalement, les DeZurik Sisters). Les chansons de ce duo légendaire du yodle américain, interprétées directement sur scène par les artistes de la distribution, rythment les tableaux de cette œuvre monumentale, lors desquels une nouvelle recette se voit, chaque fois, complétée, puis servie au public. Accompagné·es d’une simple guitare, parfois d’un violon et d’un tambour, les comédien·nes chantent et usent des éléments du décor en tant qu’instruments, ceux-là mêmes qu’ils et elles utilisent pour cuisiner.
Dans la cadence effrénée de la préparation du repas, l’attendrissement et l’assaisonnement du poulet font office de percussions, tout comme la coupe d’oignons ou leur déglaçage sur la plaque de cuisson. Il faut voir les sept performeurs et performeuses coordonner le tout ! Il ne semble pas y avoir place à l’erreur, puisque toute manipulation se doit d’arriver à un moment précis, au risque de fausser une pièce musicale. Chaque tableau relève donc d’une véritable prouesse technique. Dans cette sorte de grand chaos organisé qu’est la cuisine de Kitchen Chicken, les hommes-orchestres et les femmes-orchestres, comme des êtres tentaculaires, se livrent à une incroyable gymnastique musicale et culinaire.
Une œuvre audacieuse et extravagante
Les personnages partagent les festivités avec le public, lui adressent des regards complices et lui offrent les chansons et bouchées. Vêtu·es de chemises blanches, de robes de ménagères et de tabliers bruns ou beiges, ils et elles naviguent entre les différents postes de travail de la cuisine, aux couleurs sobres et champêtres. L’environnement scénographique évoque la vie rurale, en accord avec les chants folkloriques au centre de la production, mais l’ambiance du spectacle rappelle celle d’un carnaval. Kitchen Chicken est, avant tout, une création théâtrale ludique, où s’enchaînent les scènes originales. Par exemple, une fois les patates pelées, celles-ci sont lancées vers un receveur, gant de baseball à la main, puis à un frappeur qui tient, quant à lui, une hache, prêt à trancher le tubercule dans les airs. Un peu plus tard, assis dans un grand seau, comme dans un bain, l’interprète Bruno Bouchard fait monter du beurre en crème. Ses coups de fouet ponctuent la mélodie chantée par Gabrielle Bouthillier et Danya Ortmann (les reines du yodle du spectacle). Il parsème, ensuite, son visage de bonbons à gâteau, avant d’allumer la bougie d’anniversaire portée à sa bouche, telle une cigarette.
Ainsi, L’orchestre d’hommes-orchestres nous comble d’images créatives et loufoques, servant au public des cornichons volants dans des ballons d’hélium ; des cornets de pommes de terre en purée, garnis de sauce brune et de petits pois ; des tasses de thé infusées avec une poche pendue au manche d’une guitare. Ces propositions, résolument poétiques de par leur caractère insolite et onirique, suscitent les éclats de rire des spectateurs et spectatrices, chaleureusement convié·es à une performance hors du commun. Initiative audacieuse, puisqu’elle requiert beaucoup de travail chorégraphié de la part des interprètes, Kitchen Chicken reste, néanmoins, plutôt anecdotique ; amusant et surprenant, il saura ravir les auditoires plus jeunes comme les plus vieux avec sa trame simple et candide, sans prétention, qui consiste à cuisiner tout en jouant de la musique.
Kitchen Chicken
Idéation, création et scénographie : L’orchestre d’hommes-orchestres. Conception sonore : Frédéric Auger. Conception des lumières : Philippe Lessard-Drolet. Musique : DeZurik Sisters, Jimmy Rodgers, Coon Creek Girls et L’orchestre d’hommes-orchestres. Avec Bruno Bouchard, Gabrielle Bouthillier, Jasmin Cloutier, Simon Elmaleh, Philippe Lessard-Drolet et Danya Ortmann. Une production de L’orchestre d’hommes-orchestres, présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 17 décembre 2022.