L’artiste qui nous reçoit sur la scène de la TOHU a un profil très éclectique. D’abord magicien et ombromane (ou concepteur d’ombres chinoises), Philippe Beau est également auteur, créateur, scénographe et consultant artistique. Depuis une trentaine d’années, de nombreux réalisateurs et réalisatrices de cinéma, plasticien·nes, chorégraphes, photographes et publicitaires font appel à ses talents. Sans compter les metteur·es en scène de théâtre, dont Robert Lepage, avec qui Beau a collaboré à l’occasion des spectacles 887, Ka du Cirque du Soleil, Jeux de cartes : Cœur ainsi que Le Rossignol et autres fables.
Pas étonnant donc que son spectacle solo soit imprégné des trois principales passions qui ont façonné son parcours : l’ombromanie, la magie et le cinéma. Depuis une dizaine d’années, il sillonne la planète avec Magie d’ombres…et autres tours, que nous recevons d’ailleurs pour la deuxième fois à Montréal.
Sur le plateau en demi-cercle de la TOHU, le performeur dispose d’un grand écran, de deux projecteurs, d’une caméra et de ses mains. L’ombromanie, art qui ne serait, paraît-il, pratiqué professionnellement de nos jours que par une vingtaine d’artistes au monde, est au cœur de la représentation. Grâce à l’extrême agilité de ses doigts, Philippe Beau fait apparaître, en transformation continue (morphing en termes cinématographiques), une multitude d’animaux et de personnages, dont les formes et les mouvements sont d’un réalisme saisissant.
Côté sombre
Ces séquences d’ombres réjouissantes, autant pour les enfants que pour les adultes, sont toutefois entrecoupées d’extraits cinématographiques (Méliès, Bresson, Chaplin), accompagnés de projections de textes didactiques et de tours de micromagie, qui, malheureusement, portent ombrage à la finesse et à la poésie du délicat doigté de l’artiste.
Les références aux précurseurs du cinéma ainsi qu’aux balbutiements de leurs effets spéciaux ont certes une valeur historique, mais elles seraient plus pertinentes dans le cadre d’une conférence sur le septième art.
De plus, habitué à travailler dans l’ombre, Philippe Beau n’est pas très charismatique lorsqu’il se retrouve sous les projecteurs pour nous présenter quelques numéros d’illusionnisme. Le magicien perd de sa superbe tant par la lenteur de ses gestes que par le caractère éculé de la proposition. La prestidigitation à base de jeux de cartes, de pièces de monnaie et de billets de banque, même lorsqu’elle est habilement exécutée, comme c’est d’ailleurs le cas ici, n’est pas très originale pour un public qui en a vu d’autres.
C’est lorsqu’on revient à l’essentiel, alors que l’ombromane reprend du service, que la véritable magie réapparaît. En guise de finale, Beau nous offre, en enfilade, les figures emblématiques du grand écran qui ont marqué notre imaginaire. Soutenues par les bandes sonores inoubliables, des icônes, telles Indiana Jones, Darth Vader de Star Wars, l’aileron menaçant de Jaws et l’index rassembleur d’E.T. s’animent sous nos yeux éblouis. Les doigts, les paumes, les avant-bras, le profil, même les cheveux du concepteur sont mis à contribution pour créer ce ballet époustouflant de formes vivantes.
Et c’est là, alors que s’éteignent les réflecteurs, qu’on se met à rêver. On imagine une histoire, belle et toute simple, qui nous serait racontée du début à la fin, de la même façon, de main de maître. Cela serait-il possible ?
Conception, jeu et ombromanie : Philippe Beau. Une production de La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne, présentée à la TOHU jusqu’au 4 mars 2023.
L’artiste qui nous reçoit sur la scène de la TOHU a un profil très éclectique. D’abord magicien et ombromane (ou concepteur d’ombres chinoises), Philippe Beau est également auteur, créateur, scénographe et consultant artistique. Depuis une trentaine d’années, de nombreux réalisateurs et réalisatrices de cinéma, plasticien·nes, chorégraphes, photographes et publicitaires font appel à ses talents. Sans compter les metteur·es en scène de théâtre, dont Robert Lepage, avec qui Beau a collaboré à l’occasion des spectacles 887, Ka du Cirque du Soleil, Jeux de cartes : Cœur ainsi que Le Rossignol et autres fables.
Pas étonnant donc que son spectacle solo soit imprégné des trois principales passions qui ont façonné son parcours : l’ombromanie, la magie et le cinéma. Depuis une dizaine d’années, il sillonne la planète avec Magie d’ombres…et autres tours, que nous recevons d’ailleurs pour la deuxième fois à Montréal.
Sur le plateau en demi-cercle de la TOHU, le performeur dispose d’un grand écran, de deux projecteurs, d’une caméra et de ses mains. L’ombromanie, art qui ne serait, paraît-il, pratiqué professionnellement de nos jours que par une vingtaine d’artistes au monde, est au cœur de la représentation. Grâce à l’extrême agilité de ses doigts, Philippe Beau fait apparaître, en transformation continue (morphing en termes cinématographiques), une multitude d’animaux et de personnages, dont les formes et les mouvements sont d’un réalisme saisissant.
Côté sombre
Ces séquences d’ombres réjouissantes, autant pour les enfants que pour les adultes, sont toutefois entrecoupées d’extraits cinématographiques (Méliès, Bresson, Chaplin), accompagnés de projections de textes didactiques et de tours de micromagie, qui, malheureusement, portent ombrage à la finesse et à la poésie du délicat doigté de l’artiste.
Les références aux précurseurs du cinéma ainsi qu’aux balbutiements de leurs effets spéciaux ont certes une valeur historique, mais elles seraient plus pertinentes dans le cadre d’une conférence sur le septième art.
De plus, habitué à travailler dans l’ombre, Philippe Beau n’est pas très charismatique lorsqu’il se retrouve sous les projecteurs pour nous présenter quelques numéros d’illusionnisme. Le magicien perd de sa superbe tant par la lenteur de ses gestes que par le caractère éculé de la proposition. La prestidigitation à base de jeux de cartes, de pièces de monnaie et de billets de banque, même lorsqu’elle est habilement exécutée, comme c’est d’ailleurs le cas ici, n’est pas très originale pour un public qui en a vu d’autres.
C’est lorsqu’on revient à l’essentiel, alors que l’ombromane reprend du service, que la véritable magie réapparaît. En guise de finale, Beau nous offre, en enfilade, les figures emblématiques du grand écran qui ont marqué notre imaginaire. Soutenues par les bandes sonores inoubliables, des icônes, telles Indiana Jones, Darth Vader de Star Wars, l’aileron menaçant de Jaws et l’index rassembleur d’E.T. s’animent sous nos yeux éblouis. Les doigts, les paumes, les avant-bras, le profil, même les cheveux du concepteur sont mis à contribution pour créer ce ballet époustouflant de formes vivantes.
Et c’est là, alors que s’éteignent les réflecteurs, qu’on se met à rêver. On imagine une histoire, belle et toute simple, qui nous serait racontée du début à la fin, de la même façon, de main de maître. Cela serait-il possible ?
Magie d’ombres… et autres tours
Conception, jeu et ombromanie : Philippe Beau. Une production de La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne, présentée à la TOHU jusqu’au 4 mars 2023.