Ici ou (pas) là : Être ou disparaître ?
Dans ce spectacle d’ouverture du festival, un personnage solitaire, joué par Laurent Fraunié déguisé en ninja plutôt timide, se présente sur scène pour interagir avec un tourne-disque récalcitrant. Il s’appropriera peu à peu l’espace, se débarrassant de ses vêtements encombrants, mais affichant toujours un certain mal-être. Il semble hésiter entre ce qu’il souhaite secrètement et ce qui advient à son insu. Mal à l’aise dans son corps et son environnement.
Être ou disparaître ? Ici ou ailleurs ? Piégé, serait-il lui-même une marionnette ? Il n’y a pas de réponse à cette question ni à toutes les autres que l’on peut se poser durant cette pièce qui exige autant de réflexion que d’imagination. Avec de nombreux outils (mime, danse, illusionnisme, projections, rideaux, musique), l’artiste veut susciter des émotions qui restent floues et des états d’esprit tout aussi incertains.
L’apparition rare de mannequins et de marionnettes constitue toutefois les moments les plus émouvants de la pièce. Ici ou (pas) là paraît un rien décousu par moments, mais la très belle imagerie visuelle développée avec doigté tout au long de la représentation crée de l’émerveillement avec des sensations qui s’ancrent profondément en nous.
Mise en scène et interprétation : Laurent Fraunié. Scénographie : Grégoire Faucheux. Interprétation : Laurent Fraunié. Marionnettes : Laurent Fraunié (avec la complicité de Martin Rézard). Musique : Laurent Fraunié et Xavier Trouble. Éclairage : Sylvain Séchet. Regards extérieurs : Babette Masson et Harry Holtzman. Manipulation et régie de plateau : Mehdi Maymat-Pellicane. Chorégraphie : Cristiana Morganti. Costumes : Catherine Oliveira. Son et vidéo : Xavier Trouble. Régie : Sylvain Séchet. Consultante pour les collectages : Claude Lapointe. Affiche : Bertrand Gatignol. Œuvre « Cascade » : Noémie Goudal. Une coproduction du collectif Label Brut et d’une douzaine d’autres institutions, présentée au Festival de Casteliers les 1er et 2 mars 2023 au Théâtre Outremont et le 12 mars 2023 au Centre culturel du Mont-Jacob à Jonquière.
Simples Machines : La danse des robots
Ce spectacle intime d’une compagnie de danse belge a été présenté, depuis sa création en 2019, dans des festivals de danse, de théâtre et d’art numérique puisque ces trois formes d’expression s’y réunissent. Autour d’une table où prennent place les spectateurs et spectatrices, le chorégraphe Ugo Dehaes explique avec le sourire qu’il a dû remplacer ses interprètes humains par des robots qui présentent l’avantage financier de travailler gratuitement.
Théâtre d’objets, donc, qui n’ont rien d’inanimé. La pièce place le public devant ce qui pourrait représenter, dans le futur, un nouveau genre des arts du spectacle « vivant ». Le metteur en scène nous présente plusieurs petits robots plus drôles les uns que les autres en disséminant un constant souci d’ironie sur le fait que les arts de la scène sont sous-financés. Il se rit aussi de lui-même et de ses « interprètes » qui, de plus en plus intelligents, lui ont carrément fait savoir qu’il pouvait dégager.
La danse occupe tout de même une bonne partie de la représentation. Après ce qui a dû nécessiter des centaines d’heures de programmation, les danseurs robotisés virevoltent et se contorsionnent, pratiquent plusieurs gestuelles rappelant le ballet, la danse contemporaine et même le breakdance. Ils dégagent une énergie contagieuse, une certaine élégance tout en faisant rire petits et grands.
Texte, mise en scène, interprétation, marionnettes et éclairage : Ugo Dehaes. Scénographie et musique : Wannes Deneer. Dramaturgie : Marie Peeters. Silicone : avec la collaboration de Rebecca Flores. La présentation de Simples Machines s’inscrit dans le cadre du projet Coopération Québec-Flandre, soutenu par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et le département de la Jeunesse, de la Culture et des Médias de Flandre. Une production de kwaad bloed, présentée à la galerie Oboro dans le cadre du Festival de Casteliers les 3 et 4 mars 2023.
La Potion de réincarnation : Comme du riz collant
Ce spectacle de marionnettes à gaine, en taïwanais avec surtitres français, fusionne deux cultures immémoriales : le bouddhisme avec sa croyance en la réincarnation ainsi que l’opéra traditionnel chinois. Un narrateur explique que cette troupe a été fondée par une femme, fait inusité dans ce pays, et que toute sa famille y travaille. Le spectacle bifurque lentement hors des traditions en jouant avec les codes du 11e art. Ainsi, les marionnettistes, deux hommes et une femme, s’adressent parfois au public, s’échangent de marionnettes dans une même scène et se cachent rarement derrière des éléments de décor.
Autre innovation dans ce genre de spectacle, un musicien accompagne les faits et gestes des artistes sur scène en usant de divers instruments percussifs. Les trois marionnettistes démontrent une grande polyvalence, maitrisant autant le jeu que le chant et quelques pas de danse. Les marionnettes sont colorées et somptueuses, tout comme le personnage de la maîtresse des enfers qui manipule de grands pans de tulle donnant à la fable une consistance entre rêve et réalité.
La Potion de réincarnation s’amuse également à déconstruire certains mythes en racontant l’histoire d’une femme qui, au contraire de la légende, ne connaît jamais un sort meilleur, même après sept « ressuscitations ». Le langage se permet également quelques mots crus et des images surprenantes. « Notre famille est comme du riz collant », conclut un narrateur hors champ, ce qui confirme ce que l’on voit chez les artisan·es et les admirateurs et admiratrices du 11e art depuis longtemps : une communauté tissée très serrée, même sans fil.
Texte : Ching Fu-Chin et Ko Shih-Hing. Mise en scène : Cheng Chia-Yin. Direction artistique : Kochiang Szu-Mei. Scénographie : Zheng Shengwen. Éclairage et régie : Tahir Mohamed Fita Helmi Bin. Marionnettes : Leung Menghan, Shih-Hung Ko, Shih-Hua Ko. Musique : Chiang Chien-HSing. Arrangements des voix : Wu Yating. Technique: Lai Wei-Yu. Traduction : Su Wei-Jeune. Interprètes : Ke Shihong, Ke Shihua et Liu Yuzhen. Une production de la compagnie de marionnettes Jin Kwei Lo à l’occasion du Festival de Casteliers les 3 et 4 mars 2023 au Théâtre Outremont.
Ici ou (pas) là : Être ou disparaître ?
Dans ce spectacle d’ouverture du festival, un personnage solitaire, joué par Laurent Fraunié déguisé en ninja plutôt timide, se présente sur scène pour interagir avec un tourne-disque récalcitrant. Il s’appropriera peu à peu l’espace, se débarrassant de ses vêtements encombrants, mais affichant toujours un certain mal-être. Il semble hésiter entre ce qu’il souhaite secrètement et ce qui advient à son insu. Mal à l’aise dans son corps et son environnement.
Être ou disparaître ? Ici ou ailleurs ? Piégé, serait-il lui-même une marionnette ? Il n’y a pas de réponse à cette question ni à toutes les autres que l’on peut se poser durant cette pièce qui exige autant de réflexion que d’imagination. Avec de nombreux outils (mime, danse, illusionnisme, projections, rideaux, musique), l’artiste veut susciter des émotions qui restent floues et des états d’esprit tout aussi incertains.
L’apparition rare de mannequins et de marionnettes constitue toutefois les moments les plus émouvants de la pièce. Ici ou (pas) là paraît un rien décousu par moments, mais la très belle imagerie visuelle développée avec doigté tout au long de la représentation crée de l’émerveillement avec des sensations qui s’ancrent profondément en nous.
Ici ou (pas) là
Mise en scène et interprétation : Laurent Fraunié. Scénographie : Grégoire Faucheux. Interprétation : Laurent Fraunié. Marionnettes : Laurent Fraunié (avec la complicité de Martin Rézard). Musique : Laurent Fraunié et Xavier Trouble. Éclairage : Sylvain Séchet. Regards extérieurs : Babette Masson et Harry Holtzman. Manipulation et régie de plateau : Mehdi Maymat-Pellicane. Chorégraphie : Cristiana Morganti. Costumes : Catherine Oliveira. Son et vidéo : Xavier Trouble. Régie : Sylvain Séchet. Consultante pour les collectages : Claude Lapointe. Affiche : Bertrand Gatignol. Œuvre « Cascade » : Noémie Goudal. Une coproduction du collectif Label Brut et d’une douzaine d’autres institutions, présentée au Festival de Casteliers les 1er et 2 mars 2023 au Théâtre Outremont et le 12 mars 2023 au Centre culturel du Mont-Jacob à Jonquière.
Simples Machines : La danse des robots
Ce spectacle intime d’une compagnie de danse belge a été présenté, depuis sa création en 2019, dans des festivals de danse, de théâtre et d’art numérique puisque ces trois formes d’expression s’y réunissent. Autour d’une table où prennent place les spectateurs et spectatrices, le chorégraphe Ugo Dehaes explique avec le sourire qu’il a dû remplacer ses interprètes humains par des robots qui présentent l’avantage financier de travailler gratuitement.
Théâtre d’objets, donc, qui n’ont rien d’inanimé. La pièce place le public devant ce qui pourrait représenter, dans le futur, un nouveau genre des arts du spectacle « vivant ». Le metteur en scène nous présente plusieurs petits robots plus drôles les uns que les autres en disséminant un constant souci d’ironie sur le fait que les arts de la scène sont sous-financés. Il se rit aussi de lui-même et de ses « interprètes » qui, de plus en plus intelligents, lui ont carrément fait savoir qu’il pouvait dégager.
La danse occupe tout de même une bonne partie de la représentation. Après ce qui a dû nécessiter des centaines d’heures de programmation, les danseurs robotisés virevoltent et se contorsionnent, pratiquent plusieurs gestuelles rappelant le ballet, la danse contemporaine et même le breakdance. Ils dégagent une énergie contagieuse, une certaine élégance tout en faisant rire petits et grands.
Simples Machines
Texte, mise en scène, interprétation, marionnettes et éclairage : Ugo Dehaes. Scénographie et musique : Wannes Deneer. Dramaturgie : Marie Peeters. Silicone : avec la collaboration de Rebecca Flores. La présentation de Simples Machines s’inscrit dans le cadre du projet Coopération Québec-Flandre, soutenu par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et le département de la Jeunesse, de la Culture et des Médias de Flandre. Une production de kwaad bloed, présentée à la galerie Oboro dans le cadre du Festival de Casteliers les 3 et 4 mars 2023.
La Potion de réincarnation : Comme du riz collant
Ce spectacle de marionnettes à gaine, en taïwanais avec surtitres français, fusionne deux cultures immémoriales : le bouddhisme avec sa croyance en la réincarnation ainsi que l’opéra traditionnel chinois. Un narrateur explique que cette troupe a été fondée par une femme, fait inusité dans ce pays, et que toute sa famille y travaille. Le spectacle bifurque lentement hors des traditions en jouant avec les codes du 11e art. Ainsi, les marionnettistes, deux hommes et une femme, s’adressent parfois au public, s’échangent de marionnettes dans une même scène et se cachent rarement derrière des éléments de décor.
Autre innovation dans ce genre de spectacle, un musicien accompagne les faits et gestes des artistes sur scène en usant de divers instruments percussifs. Les trois marionnettistes démontrent une grande polyvalence, maitrisant autant le jeu que le chant et quelques pas de danse. Les marionnettes sont colorées et somptueuses, tout comme le personnage de la maîtresse des enfers qui manipule de grands pans de tulle donnant à la fable une consistance entre rêve et réalité.
La Potion de réincarnation s’amuse également à déconstruire certains mythes en racontant l’histoire d’une femme qui, au contraire de la légende, ne connaît jamais un sort meilleur, même après sept « ressuscitations ». Le langage se permet également quelques mots crus et des images surprenantes. « Notre famille est comme du riz collant », conclut un narrateur hors champ, ce qui confirme ce que l’on voit chez les artisan·es et les admirateurs et admiratrices du 11e art depuis longtemps : une communauté tissée très serrée, même sans fil.
La Potion de réincarnation
Texte : Ching Fu-Chin et Ko Shih-Hing. Mise en scène : Cheng Chia-Yin. Direction artistique : Kochiang Szu-Mei. Scénographie : Zheng Shengwen. Éclairage et régie : Tahir Mohamed Fita Helmi Bin. Marionnettes : Leung Menghan, Shih-Hung Ko, Shih-Hua Ko. Musique : Chiang Chien-HSing. Arrangements des voix : Wu Yating. Technique: Lai Wei-Yu. Traduction : Su Wei-Jeune. Interprètes : Ke Shihong, Ke Shihua et Liu Yuzhen. Une production de la compagnie de marionnettes Jin Kwei Lo à l’occasion du Festival de Casteliers les 3 et 4 mars 2023 au Théâtre Outremont.