En danse, comme dans toute discipline qui utilise le corps comme outil de transmission, une crainte perdure : le moment où celui-ci lâche. Peu importe la cause – l’âge, la maladie, les accidents – ce devenir inévitable est redouté ou pire volontairement ignoré. Le corps étant l’habitacle de sa passion, il est difficile d’admettre que celui-ci a ses limites. Et qu’arrive-t-il après cette prise de conscience ? In My Body, créé en 2022 par Yvon « Crazy Smooth » Soglo et présentée en première montréalaise au FTA, pose cette question dans la plus belle des façons qui soit : en célébrant ces corps-monuments, ces corps-histoires.
Cette rencontre multigénérationnelle réunit donc sur scène neufs b-boys et b-girls (nom donné aux danseurs et aux danseurs de break) entre la vingtaine et la cinquantaine. Dans son préambule, Crazy Smooth se dévoile en sous-vêtements alors que son corps sert d’écran pour une projection lumineuse qui lui donne des allures de surhumain, comme si des laves lui coulaient dans les veines.
Les mots d’Alejandro Rodriguez résonnent racontant un peu la prémisse de cette création : la blessure de son créateur.
Ces mots reviendront en clôture du spectacle livrant un poignant manifeste poétique sur la passation d’un héritage, d’une culture, sur le respect du corps.
Les séquences suivantes s’enchaînent avec précision pour narrer la beauté de ce corps, dans sa force comme dans sa délicatesse. Les interprètes exécutent en ensemble, en duo, en trio les routines du breaking. Debout ou au sol, leurs mouvements acrobatiques et circulaires traduisent l’endurance et l’exigence. L’énergie, particulière au street dance, est palpable et le public comprend bien qu’il est tenu de rendre cette énergie. Les plus jeunes danseurs sont pleinement engagés dans cette optique spectaculaire rivalisant de prouesses traduisant ce sentiment d’invincibilité que le spectacle remet en question.
Parmi ces démonstrations chorégraphiques qui efface tout doute sur le talent et la maîtrise de la distribution, des moments aux rythmes plus lents s’insèrent, principalement des solos propices à une autoréflexivité. Et c’est aux danseurs plus âgés que revient la tâche de mettre de l’avant les histoires qu’ils et elles portent dans leurs corps, dans leurs mémoires. On découvre alors DKC Freeze, pionnier de la danse de rue canadienne, comme également l’ex-danseuse du Cirque du Soleil Natasha « Tash », Jean-Bart, Nadine « Nubian Néné » Sylvestre auxquels se joignent Crazy Smooth.
Ces solos sont puissants, autant dans la manière dont ils sont exécutés que dans ce qu’ils arrivent à transmettre : un espace-temps où on découvre le travail individuel et les inspirations issues d’autres styles des artistes. Ces moments créent parfois une atmosphère de suspension habilement supportée par l’éclairage et la conception multimédia qui ajoutent une touche de théâtralité dramatique.
In My Body parle certes du vieillissement du corps et des choix à venir pour chaque danseur et danseuse. Mais en attendant, le propos final du spectacle est la célébration. L’effet escompté est que ce dialogue ne soit plus tabou au sein de la communauté du street dance.
Une production de Centre de Création O Vertigo – CCOV. Chorégraphie : Crazy Smooth. Assistance à la chorégraphie et direction des répétitions : Saxon Fraser. Interprétation : Jayson Collantes, Mark Collantes, DKC Freeze, Miss Marie Monsta, Nubian Néné, Julie Rock, Crazy Smooth, Tash, Vibz. Regard extérieur : Melly Mel. Musique originale : DJ Shash’U. Texte : Alejandro Rodriguez. Costumes : Sonya Bayer + Melly Mel. Lumières : Chantal Labonté. Conseil dramaturgique : Sophie Michaud. Interprétation et coordination réseaux sociaux : Anyo. Conception multimédia et scénographie : Xavier Mary + Thomas Payette (mirari). Programmation créative : Charles-Éric Gandubert (La boîte interactive). Direction de production : André Houle – CCOV. Direction technique : Jarrett Bartlett. Direction vidéo : Samuel Boucher. Direction de tournée : Claire Bourdin. Agente : Gillian Reid. Traduction des surtitres : Elaine Normandeau. Opération des surtitres : Sandrine Kwan. Une coproduction de Bboyizm, Fonds de création CanDanse, Banff Centre for Arts and Creativity, Brian Webb Dance Company (Edmonton), Yukon Arts Centre (Whitehorse), dance Immersion (Toronto) et du Canadian Stage (Toronto), avec le soutien du Fonds national de création du Centre national des Arts (Ottawa), présentée dans le cadre du Festival TransAmériques au Monument-National, du 2 au 4 juin, et au théâtre Le Diamant, dans le cadre du Carrefour international de théâtre, les 9 et 10 juin 2023.
En danse, comme dans toute discipline qui utilise le corps comme outil de transmission, une crainte perdure : le moment où celui-ci lâche. Peu importe la cause – l’âge, la maladie, les accidents – ce devenir inévitable est redouté ou pire volontairement ignoré. Le corps étant l’habitacle de sa passion, il est difficile d’admettre que celui-ci a ses limites. Et qu’arrive-t-il après cette prise de conscience ? In My Body, créé en 2022 par Yvon « Crazy Smooth » Soglo et présentée en première montréalaise au FTA, pose cette question dans la plus belle des façons qui soit : en célébrant ces corps-monuments, ces corps-histoires.
Cette rencontre multigénérationnelle réunit donc sur scène neufs b-boys et b-girls (nom donné aux danseurs et aux danseurs de break) entre la vingtaine et la cinquantaine. Dans son préambule, Crazy Smooth se dévoile en sous-vêtements alors que son corps sert d’écran pour une projection lumineuse qui lui donne des allures de surhumain, comme si des laves lui coulaient dans les veines.
Les mots d’Alejandro Rodriguez résonnent racontant un peu la prémisse de cette création : la blessure de son créateur.
Ces mots reviendront en clôture du spectacle livrant un poignant manifeste poétique sur la passation d’un héritage, d’une culture, sur le respect du corps.
Les séquences suivantes s’enchaînent avec précision pour narrer la beauté de ce corps, dans sa force comme dans sa délicatesse. Les interprètes exécutent en ensemble, en duo, en trio les routines du breaking. Debout ou au sol, leurs mouvements acrobatiques et circulaires traduisent l’endurance et l’exigence. L’énergie, particulière au street dance, est palpable et le public comprend bien qu’il est tenu de rendre cette énergie. Les plus jeunes danseurs sont pleinement engagés dans cette optique spectaculaire rivalisant de prouesses traduisant ce sentiment d’invincibilité que le spectacle remet en question.
Parmi ces démonstrations chorégraphiques qui efface tout doute sur le talent et la maîtrise de la distribution, des moments aux rythmes plus lents s’insèrent, principalement des solos propices à une autoréflexivité. Et c’est aux danseurs plus âgés que revient la tâche de mettre de l’avant les histoires qu’ils et elles portent dans leurs corps, dans leurs mémoires. On découvre alors DKC Freeze, pionnier de la danse de rue canadienne, comme également l’ex-danseuse du Cirque du Soleil Natasha « Tash », Jean-Bart, Nadine « Nubian Néné » Sylvestre auxquels se joignent Crazy Smooth.
Ces solos sont puissants, autant dans la manière dont ils sont exécutés que dans ce qu’ils arrivent à transmettre : un espace-temps où on découvre le travail individuel et les inspirations issues d’autres styles des artistes. Ces moments créent parfois une atmosphère de suspension habilement supportée par l’éclairage et la conception multimédia qui ajoutent une touche de théâtralité dramatique.
In My Body parle certes du vieillissement du corps et des choix à venir pour chaque danseur et danseuse. Mais en attendant, le propos final du spectacle est la célébration. L’effet escompté est que ce dialogue ne soit plus tabou au sein de la communauté du street dance.
In My Body
Une production de Centre de Création O Vertigo – CCOV. Chorégraphie : Crazy Smooth. Assistance à la chorégraphie et direction des répétitions : Saxon Fraser. Interprétation : Jayson Collantes, Mark Collantes, DKC Freeze, Miss Marie Monsta, Nubian Néné, Julie Rock, Crazy Smooth, Tash, Vibz. Regard extérieur : Melly Mel. Musique originale : DJ Shash’U. Texte : Alejandro Rodriguez. Costumes : Sonya Bayer + Melly Mel. Lumières : Chantal Labonté. Conseil dramaturgique : Sophie Michaud. Interprétation et coordination réseaux sociaux : Anyo. Conception multimédia et scénographie : Xavier Mary + Thomas Payette (mirari). Programmation créative : Charles-Éric Gandubert (La boîte interactive). Direction de production : André Houle – CCOV. Direction technique : Jarrett Bartlett. Direction vidéo : Samuel Boucher. Direction de tournée : Claire Bourdin. Agente : Gillian Reid. Traduction des surtitres : Elaine Normandeau. Opération des surtitres : Sandrine Kwan. Une coproduction de Bboyizm, Fonds de création CanDanse, Banff Centre for Arts and Creativity, Brian Webb Dance Company (Edmonton), Yukon Arts Centre (Whitehorse), dance Immersion (Toronto) et du Canadian Stage (Toronto), avec le soutien du Fonds national de création du Centre national des Arts (Ottawa), présentée dans le cadre du Festival TransAmériques au Monument-National, du 2 au 4 juin, et au théâtre Le Diamant, dans le cadre du Carrefour international de théâtre, les 9 et 10 juin 2023.