Pinocchio : De chétifs fils narratifs
Les versions théâtrales du célèbre conte de Carlo Collodi n’ont pas manqué depuis les dernières années, de la mouture signée Joël Pommerat à celle, allégorique, de Rosana Cade et Ivor MacAskill, The Making of Pinocchio, présentée lors du plus récent Festival TransAmériques. Celle proposée par la compagnie slovène Maribor Puppet Theatre emprunte résolument la voie humoristique.
Abordant le public d’un air à la fois blasé, ronchon et légèrement hautain, le narrateur séduit d’emblée par l’habileté qu’il démontre dans ses interactions avec l’auditoire. Celles-ci sont néanmoins de courte durée, puisque le comédien Miha Bezeljak se concentrera par la suite sur la manipulation d’objets, notamment en bois — l’illustre pantin est lui-même représenté par un maillet dont le manche fait office d’appendice nasal — pourvoyant sa parabole de très peu de mots.
Cette frugalité textuelle, de même que la voix de polichinelle choisie pour le héros, affectent hélas la clarté du récit, perclus de raccourcis, qui apparaît au mieux schématique. On y retrouve, bien sûr, les grands pôles de l’histoire classique (le théâtre qui recrute le protagoniste, la transformation en âne, l’intervention de la fée…) mais plus ou moins vidés de leur substance.
Quoi qu’il en soit, l’interprète maîtrise fort bien l’art de la manipulation. Ajoutons que le tout s’avère ludique : les copeaux qui virevoltent, le bloc de bois qui tète le sein du narrateur, les intonations du marionnettiste et ainsi de suite. Un délice, sans doute, pour ceux et celles qui prisent ce type d’approche comique.
Texte : Carlo Collodi. Mise en scène : Matteo Spiazzi. Scénographie : Primoz Mihevc et Darka Erdelji. Costumes : Mojca Bernjak. Avec Miha Bezeljak. Une production du Maribor Puppet Theatre, présentée, à l’occasion du FIAMS, à la salle Côté-Cour du 27 au 29 juillet 2023, puis, à l’occasion de Casteliers sur l’herbe, les 3 et 4 août à la Maison internationale des arts de la marionnette de Montréal.
Arbre : Photosynthèse humaine
Le Théâtre Motus présente trois créations lors de la présente édition du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay (FIAMS), dont le formidable Parole d’eau, une coproduction Québec-Sénégal-Burkina Faso que l’on pourra voir en janvier à la Maison Théâtre.
Les deux autres tirent leurs racines de la même souche : Arbre, conçu pour les tout- petits (de 0 à 3 ans), et Arbre, tout un monde, destiné aux jeunes (et même moins jeunes) vivant avec un trouble du spectre de l’autisme. Fait intéressant, la version originale du spectacle est celle créée pour le public neuroatypique, et non l’inverse.
Dans Arbre, c’est tout en douceur, au son de fredonnements et des notes feutrées d’un handpan que les bambin·es sont accueilli·es et invité·es à s’installer en périphérie d’un arbre à la vaste ramure trônant au centre de l’aire de jeu. De son tronc en tuyaux, entre autres, seront extraits les accessoires qui serviront à illustrer une journée en nature.
D’abord, des œufs lumineux — forme populaire auprès de la petite enfance s’il faut se fier aux mignons « Cocos ! » qui fusent de toutes parts — sont promenés devant les spectateurs et spectatrices, qui recevront ensuite la visite des rayons du soleil (un tissu orangé que l’on fait planer au-dessus d’eux et elles), du vent (des éventails sur lesquels sont peintes des ailes de papillons), de chenilles, de la lune (des tambours que les enfants sont convié·es à tapoter) et enfin, d’oisillons, que l’on devine être issus des œufs du tout début du spectacle.
Les multiples sensations ainsi que les musiques variées (celles-ci jouées à partir d’une panoplie d’instruments originaux, dont un bol tibétain) qui forment cette expérience unique ont semblé captiver, voire ravir, les tout-petits assistant — pour ne pas dire participant — à la représentation à laquelle nous avons eu le privilège d’être témoins. Et c’est bien un privilège, car il s’agit là — et le même constat s’applique, peut-être plus encore, à Arbre, tout un monde — d’une œuvre d’art d’une grande humanité.
Texte et mise en scène : Hélène Ducharme. Assistance à la mise en scène : Danaëlle Ducharme-Massé. Assistance artistique et marionnettes : Marie-Claude Labrecque. Création : Mathilde Addy-Laird, Salim Hammad, Paola Huitròn, Julie Labrecque, Marie-Claude Labrecque et Hugo Monroy Najera. Musique : Julie Labrecque et Hugo Monroy Najera. Scénographie : Normand Blais. Éclairages : Valérie Bourque. Costumes : Érica Schmitz. Une production du Théâtre Motus, présentée, à l’occasion du FIAMS, à la bibliothèque Hélène-Pednault du 26 au 29 juillet, puis en tournée.
Pinocchio : De chétifs fils narratifs
Les versions théâtrales du célèbre conte de Carlo Collodi n’ont pas manqué depuis les dernières années, de la mouture signée Joël Pommerat à celle, allégorique, de Rosana Cade et Ivor MacAskill, The Making of Pinocchio, présentée lors du plus récent Festival TransAmériques. Celle proposée par la compagnie slovène Maribor Puppet Theatre emprunte résolument la voie humoristique.
Abordant le public d’un air à la fois blasé, ronchon et légèrement hautain, le narrateur séduit d’emblée par l’habileté qu’il démontre dans ses interactions avec l’auditoire. Celles-ci sont néanmoins de courte durée, puisque le comédien Miha Bezeljak se concentrera par la suite sur la manipulation d’objets, notamment en bois — l’illustre pantin est lui-même représenté par un maillet dont le manche fait office d’appendice nasal — pourvoyant sa parabole de très peu de mots.
Cette frugalité textuelle, de même que la voix de polichinelle choisie pour le héros, affectent hélas la clarté du récit, perclus de raccourcis, qui apparaît au mieux schématique. On y retrouve, bien sûr, les grands pôles de l’histoire classique (le théâtre qui recrute le protagoniste, la transformation en âne, l’intervention de la fée…) mais plus ou moins vidés de leur substance.
Quoi qu’il en soit, l’interprète maîtrise fort bien l’art de la manipulation. Ajoutons que le tout s’avère ludique : les copeaux qui virevoltent, le bloc de bois qui tète le sein du narrateur, les intonations du marionnettiste et ainsi de suite. Un délice, sans doute, pour ceux et celles qui prisent ce type d’approche comique.
Pinocchio
Texte : Carlo Collodi. Mise en scène : Matteo Spiazzi. Scénographie : Primoz Mihevc et Darka Erdelji. Costumes : Mojca Bernjak. Avec Miha Bezeljak. Une production du Maribor Puppet Theatre, présentée, à l’occasion du FIAMS, à la salle Côté-Cour du 27 au 29 juillet 2023, puis, à l’occasion de Casteliers sur l’herbe, les 3 et 4 août à la Maison internationale des arts de la marionnette de Montréal.
Arbre : Photosynthèse humaine
Le Théâtre Motus présente trois créations lors de la présente édition du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay (FIAMS), dont le formidable Parole d’eau, une coproduction Québec-Sénégal-Burkina Faso que l’on pourra voir en janvier à la Maison Théâtre.
Les deux autres tirent leurs racines de la même souche : Arbre, conçu pour les tout- petits (de 0 à 3 ans), et Arbre, tout un monde, destiné aux jeunes (et même moins jeunes) vivant avec un trouble du spectre de l’autisme. Fait intéressant, la version originale du spectacle est celle créée pour le public neuroatypique, et non l’inverse.
Dans Arbre, c’est tout en douceur, au son de fredonnements et des notes feutrées d’un handpan que les bambin·es sont accueilli·es et invité·es à s’installer en périphérie d’un arbre à la vaste ramure trônant au centre de l’aire de jeu. De son tronc en tuyaux, entre autres, seront extraits les accessoires qui serviront à illustrer une journée en nature.
D’abord, des œufs lumineux — forme populaire auprès de la petite enfance s’il faut se fier aux mignons « Cocos ! » qui fusent de toutes parts — sont promenés devant les spectateurs et spectatrices, qui recevront ensuite la visite des rayons du soleil (un tissu orangé que l’on fait planer au-dessus d’eux et elles), du vent (des éventails sur lesquels sont peintes des ailes de papillons), de chenilles, de la lune (des tambours que les enfants sont convié·es à tapoter) et enfin, d’oisillons, que l’on devine être issus des œufs du tout début du spectacle.
Les multiples sensations ainsi que les musiques variées (celles-ci jouées à partir d’une panoplie d’instruments originaux, dont un bol tibétain) qui forment cette expérience unique ont semblé captiver, voire ravir, les tout-petits assistant — pour ne pas dire participant — à la représentation à laquelle nous avons eu le privilège d’être témoins. Et c’est bien un privilège, car il s’agit là — et le même constat s’applique, peut-être plus encore, à Arbre, tout un monde — d’une œuvre d’art d’une grande humanité.
Arbre
Texte et mise en scène : Hélène Ducharme. Assistance à la mise en scène : Danaëlle Ducharme-Massé. Assistance artistique et marionnettes : Marie-Claude Labrecque. Création : Mathilde Addy-Laird, Salim Hammad, Paola Huitròn, Julie Labrecque, Marie-Claude Labrecque et Hugo Monroy Najera. Musique : Julie Labrecque et Hugo Monroy Najera. Scénographie : Normand Blais. Éclairages : Valérie Bourque. Costumes : Érica Schmitz. Une production du Théâtre Motus, présentée, à l’occasion du FIAMS, à la bibliothèque Hélène-Pednault du 26 au 29 juillet, puis en tournée.