Véritable pionnière du théâtre francophone en Acadie avec le Théâtre l’Escaouette, Marcia Babineau met en scène Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte à la Salle Fred-Barry. Ce premier texte de Caroline Bélisle a remporté le prix Gratien-Gélinas 2020, une première pour un texte provenant de la francophonie canadienne.
Le Théâtre l’Escaouette aura bientôt 50 ans. Comment maintient-on la passion pendant tout ce temps ?
Nous avons mis à l’avant-plan la dramaturgie acadienne et ce depuis 1978 avec un programme de développement et, en 2001, avec des ateliers d’écriture de même que notre Festival à haute voix, une activité de lectures publiques de textes inédits, le plus important événement de développement de la dramaturgie acadienne. Il est toujours stimulant de travailler avec des autrices et des auteurs établis ou émergents et ces prises de paroles diversifiées sont passionnantes. Les univers de Herménégil Chiasson, de Caroline Bélisle, de Mélanie Léger, de Gabriel Robichaud, de Mathieu Girard et de Johanne Parent, pour n’en nommer que quelques-un∙es, nous ont permis de maintenir un dialogue authentique et nécessaire. L’Escaouette est devenu une référence et un lieu de rassemblement unique en Acadie. Nous sommes le seul organisme artistique au Nouveau-Brunswick propriétaire et gestionnaire d’un espace de création et de diffusion pluridisciplinaire. Le Théâtre l’Escaouette vise à produire un théâtre moderne et contemporain ajusté aux préoccupations actuelles.
Le fait de voir une jeune autrice, Caroline Bélisle, remporter le prix Gratien Gélinas pour sa pièce Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte, une première hors-Québec, doit être encourageant ?
Caroline Bélisle a fait sa première audition au département d’art dramatique de l’Université de Moncton où j’étais professeure à l’époque, et je me souviens d’avoir été impressionnée par le fait qu’elle avait écrit son texte d’audition. Par la suite je l’ai fortement encouragée à participer aux ateliers d’écriture et de développement dramaturgique du Théâtre l’Escaouette. Après l’obtention de son baccalauréat spécialisé, j’étais ravie qu’elle soit retenue à l’École Nationale de Théâtre pour y entreprendre une formation en écriture dramatique. Ce prix Gratien Gélinas très mérité, nous rend fiers non pas en tant que hors-Québec mais surtout en tant qu’Acadiens.
Le texte semble d’une actualité brûlante. Comment l’avez-vous abordé en pensant à la mise en scène ?
Un thème dont la présence est tout à fait actuelle est la situation des personnages qui vivent dans un enfermement dont il devient difficile de se libérer, compte tenu des différences qui les isolent. Le spectacle devient une sorte de réflexion sur la solitude et la difficulté à trouver dans l’amitié et l’amour un refuge susceptible de nous rapprocher en tant qu’êtres humains. « On ne sait plus se parler, c’est le fléau de notre siècle ». À partir de cette citation, de cette notion d’enfermement, la vie des personnages occupée entièrement par leur monde intérieur, voire égocentrique, nous les avons regroupés dans un container, dont nous n’avons conservé que l’armature. Le personnage du « gars de Fedex » qui livre les commandes, est le seul conscient de cet isolement.
Cette production de l’Escaouette ressemble également à une magnifique carte de visite pour constater à Montréal la qualité des artistes et artisans du théâtre acadien, non ?
Je pense que le travail des artistes acadiens offre un regard unique et original sur les préoccupations contemporaines, mais la plupart du temps ils ne profitent pas d’autant de visibilité que les artistes opérant dans de plus grands centres urbains, ce qui est
probablement le cas de la grande majorité des créateurs opérant dans la francophonie canadienne. C’est pourquoi nous sommes enchantés de cette réception si cordiale de la pièce Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte, au théâtre Denise-Pelletier.
Comme vous avez été à l’ATFC, si vous vous projetez dans l’avenir, comment voyez-vous les prochaines années du théâtre acadien dans l’ensemble canadien francophone ?
Le théâtre acadien est sans doute à un point tournant de son histoire puisqu’il y a en ce moment une nouvelle génération d’artistes qui prendront bientôt la barre des institutions fondées par notre génération. À l’Escaouette notre production devient de plus en plus diversifiée et aborde des questions qui s’éloignent des préoccupations politiques et identitaires de la première heure pour rejoindre des thématiques plus universelles et sans doute plus actuelles. En ce sens, notre production devient parfois déroutante, mais nous avons confiance qu’elle sera à la hauteur de nos espoirs.
Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte est présentée jusqu’au 11 novembre 2023 au Théâtre Denise-Pelletier.
Véritable pionnière du théâtre francophone en Acadie avec le Théâtre l’Escaouette, Marcia Babineau met en scène Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte à la Salle Fred-Barry. Ce premier texte de Caroline Bélisle a remporté le prix Gratien-Gélinas 2020, une première pour un texte provenant de la francophonie canadienne.
Le Théâtre l’Escaouette aura bientôt 50 ans. Comment maintient-on la passion pendant tout ce temps ?
Nous avons mis à l’avant-plan la dramaturgie acadienne et ce depuis 1978 avec un programme de développement et, en 2001, avec des ateliers d’écriture de même que notre Festival à haute voix, une activité de lectures publiques de textes inédits, le plus important événement de développement de la dramaturgie acadienne. Il est toujours stimulant de travailler avec des autrices et des auteurs établis ou émergents et ces prises de paroles diversifiées sont passionnantes. Les univers de Herménégil Chiasson, de Caroline Bélisle, de Mélanie Léger, de Gabriel Robichaud, de Mathieu Girard et de Johanne Parent, pour n’en nommer que quelques-un∙es, nous ont permis de maintenir un dialogue authentique et nécessaire. L’Escaouette est devenu une référence et un lieu de rassemblement unique en Acadie. Nous sommes le seul organisme artistique au Nouveau-Brunswick propriétaire et gestionnaire d’un espace de création et de diffusion pluridisciplinaire. Le Théâtre l’Escaouette vise à produire un théâtre moderne et contemporain ajusté aux préoccupations actuelles.
Le fait de voir une jeune autrice, Caroline Bélisle, remporter le prix Gratien Gélinas pour sa pièce Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte, une première hors-Québec, doit être encourageant ?
Caroline Bélisle a fait sa première audition au département d’art dramatique de l’Université de Moncton où j’étais professeure à l’époque, et je me souviens d’avoir été impressionnée par le fait qu’elle avait écrit son texte d’audition. Par la suite je l’ai fortement encouragée à participer aux ateliers d’écriture et de développement dramaturgique du Théâtre l’Escaouette. Après l’obtention de son baccalauréat spécialisé, j’étais ravie qu’elle soit retenue à l’École Nationale de Théâtre pour y entreprendre une formation en écriture dramatique. Ce prix Gratien Gélinas très mérité, nous rend fiers non pas en tant que hors-Québec mais surtout en tant qu’Acadiens.
Le texte semble d’une actualité brûlante. Comment l’avez-vous abordé en pensant à la mise en scène ?
Un thème dont la présence est tout à fait actuelle est la situation des personnages qui vivent dans un enfermement dont il devient difficile de se libérer, compte tenu des différences qui les isolent. Le spectacle devient une sorte de réflexion sur la solitude et la difficulté à trouver dans l’amitié et l’amour un refuge susceptible de nous rapprocher en tant qu’êtres humains. « On ne sait plus se parler, c’est le fléau de notre siècle ». À partir de cette citation, de cette notion d’enfermement, la vie des personnages occupée entièrement par leur monde intérieur, voire égocentrique, nous les avons regroupés dans un container, dont nous n’avons conservé que l’armature. Le personnage du « gars de Fedex » qui livre les commandes, est le seul conscient de cet isolement.
Cette production de l’Escaouette ressemble également à une magnifique carte de visite pour constater à Montréal la qualité des artistes et artisans du théâtre acadien, non ?
Je pense que le travail des artistes acadiens offre un regard unique et original sur les préoccupations contemporaines, mais la plupart du temps ils ne profitent pas d’autant de visibilité que les artistes opérant dans de plus grands centres urbains, ce qui est
probablement le cas de la grande majorité des créateurs opérant dans la francophonie canadienne. C’est pourquoi nous sommes enchantés de cette réception si cordiale de la pièce Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte, au théâtre Denise-Pelletier.
Comme vous avez été à l’ATFC, si vous vous projetez dans l’avenir, comment voyez-vous les prochaines années du théâtre acadien dans l’ensemble canadien francophone ?
Le théâtre acadien est sans doute à un point tournant de son histoire puisqu’il y a en ce moment une nouvelle génération d’artistes qui prendront bientôt la barre des institutions fondées par notre génération. À l’Escaouette notre production devient de plus en plus diversifiée et aborde des questions qui s’éloignent des préoccupations politiques et identitaires de la première heure pour rejoindre des thématiques plus universelles et sans doute plus actuelles. En ce sens, notre production devient parfois déroutante, mais nous avons confiance qu’elle sera à la hauteur de nos espoirs.
Les remugles ou La danse nuptiale est une langue morte est présentée jusqu’au 11 novembre 2023 au Théâtre Denise-Pelletier.