Entrer par hasard au Pub Royal en pleine nuit, c’est se soumettre à un violent lavage de cerveau. Le courtier d’assurance et légèrement accidenté Jonathan Doyé y découvrira bientôt l’expérience de la vie et de la mort. Accueilli par Siriso, le fantasque maître des lieux, il sera dépouillé de son existence par une assemblée survoltée. Comme cadeau de bienvenue, les clients du bar, dans une chorégraphie monumentale, fracasse son téléphone intelligent à l’aide d’une gigantesque massue. Le symbole de la frénésie travailliste et consumériste détruit, Jonathan perd tous ses repères. Et cherche une porte de sortie.
Ici, le monde bascule dans un no man’s land iconoclaste où le capital, la bien-pensance et la rectitude politique volent en éclat. Place au cirque, à la danse, à la fête. Il faut remplacer le vieux système par une liberté sans complexes. Place aux extravagances et à l’amour. Les corps virevoltent dans l’espace, s’agglutinent en zombies, grimpent aux poteaux, chutent sans jamais toucher le sol. Dans ce sinueux parcours du combattant, la troupe extirpe Jonathan de son malheur pour le propulser vers la lumière, comme cette Étoile filante logée dans l’inconscient collectif.
Les personnages des Cowboys Fringants sont ancrés dans le quotidien, avec les grandeurs et misères du « vrai monde », marqués par la rugosité de la vie. Ils se retrouvent ici dans un lieu intemporel, liés par leurs tragédies intimes et leur besoin de réconfort.
À travers quatorze chansons, dont cinq originales, Sébastien Soldevila des 7 Doigts de la main propose une comédie musicale en deux actes. Sept excellent·es interprètes usurpent la voix du chanteur charismatique Karl Tremblay, décédé une semaine avant la première. Ils et elles sont démultiplié·es par une troupe de danseurs et danseuses et d’acrobates, qui matérialisent avec une énergie soutenue l’ébranlement de Jonathan. Nous sommes, tout comme lui, aspirés dans les méandres de ce bar bizarre.
Par de remarquables tableaux — Sunny Boisvert, dans une performance krump autour du cerveau d’un Jonathan sidéré ; ailleurs, des bras tentaculaires viennent transformer Catherine en Kali ; et encore, des voltiges, des danses de groupe ondulant comme une horde de morts-vivants —, malgré la noirceur des textes, le spectacle est porté par une musique endiablée. Une invitation à la fête nonobstant l’écho des feux qui grondent.
L’inéluctable destinée
Au deuxième acte, les monstres intérieurs de Jonathan, menaçants sur la chanson D’une tristesse, sortent de ce corps et dévoilent l’espace liminaire où ils se trouvent. C’est le temps et le lieu des questions existentielles, ces Questions sans réponses, comme le libre arbitre opposé à la prédestination, le destin qui frappe, nous emportant dans une spirale fatale. Le spectacle appelle à la révolte, à l’abolition de la censure et des outils du capitalisme. Il témoigne d’une humanité en péril, car l’Amérique pleure : le vire-vent de la conscience/inconscience, absurdité/cohérence, nature/dénature, nous ramène toujours au cœur du problème. Nous sommes dans une situation qui ressemble au coma. Cette antichambre de la vie et de la mort, apparentée aux limbes chrétiens.
Au Pub Royal convergent les vivants et les morts d’où personne ne peut s’échapper. Avec une démesure de carnaval, le monde que nous avons construit s’écroule. On ne peut plus en sortir, car il ne reste Plus rien, terrifiante mélopée apocalyptique sur la fin de l’humanité.
Malgré un bémol concernant la musique préenregistrée qu’il faudrait mieux calibrer avec les voix, tout est bon, il n’y a rien à jeter. La tension émotionnelle, l’énergie contagieuse, l’appel du cœur, la dureté de l’évidence, la magie des voltigeurs de la scène, les interprétations, les chorégraphies qui nous subjuguent. Il est rare d’assister en direct à la naissance d’un événement. Au croisement de la chair, de l’âme et des technologies, Soldevila, Olivier Kemeid (dialogues), Geneviève Dorion Coupal (chorégraphie) et les autres concepteurs et conceptrices entrelacent les corps, les voix, la musique, l’IA et la physique quantique en une poignante tragédie. Comment ne pas pleurer sur l’état du monde ? L’émotion atteint son comble avec L’Amérique pleure, chantée par Normand (Yvan Pedneault) alors que des spots de camion aveuglent le public. Avec ce spectacle, Les Cowboys fringants se propulsent dans une sphère intergalactique en un vibrant hommage à Karl Tremblay, l’enfant chéri des foules de la francophonie.
Chansons et musique : Les Cowboys Fringants (qui ne sont pas sur scène). Auteur du livret et metteur en scène : Sébastien Soldevila. Auteur des dialogues : Olivier Kemeid. Chorégraphe : Geneviève Dorion Coupal. Scénographe : Olivier Landreville. Directeur musical : Daniel Lacoste. Concepteur acrobatique : Stéphane Bayol. Concepteur éclairage : Éric Champoux. Concepteur costumes : Sylvain Genois. Accessoiriste : Alain Jenkins. Conception vidéo : SUPPLY AND DEMAND. Avec sept acteurs/chanteurs — actrices/chanteuses : Richard Charest, Martin Giroux, Alexia Gourd, Kevin Houle, Émilie Josset, Christian Laporte et Yvan Pedneault : sept danseurs/danseuses, Sunny Boisvert, Danny Amaral De Matos, Kennedy Henry, Merryn Kritzinger, Éric Olivier, Guillaume Michaud et Gabrielle Roy : six artistes de cirque, Michael Carter, Victor Crépin, Marie-Ève Dicaire, Theo Le Baut, Kei Nguyen et Frida Velasco. Une création des 7 Doigts de la main présentée à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec du 22 au 26 novembre 2023, puis en tournée au Québec et en Europe par la suite.
Entrer par hasard au Pub Royal en pleine nuit, c’est se soumettre à un violent lavage de cerveau. Le courtier d’assurance et légèrement accidenté Jonathan Doyé y découvrira bientôt l’expérience de la vie et de la mort. Accueilli par Siriso, le fantasque maître des lieux, il sera dépouillé de son existence par une assemblée survoltée. Comme cadeau de bienvenue, les clients du bar, dans une chorégraphie monumentale, fracasse son téléphone intelligent à l’aide d’une gigantesque massue. Le symbole de la frénésie travailliste et consumériste détruit, Jonathan perd tous ses repères. Et cherche une porte de sortie.
Ici, le monde bascule dans un no man’s land iconoclaste où le capital, la bien-pensance et la rectitude politique volent en éclat. Place au cirque, à la danse, à la fête. Il faut remplacer le vieux système par une liberté sans complexes. Place aux extravagances et à l’amour. Les corps virevoltent dans l’espace, s’agglutinent en zombies, grimpent aux poteaux, chutent sans jamais toucher le sol. Dans ce sinueux parcours du combattant, la troupe extirpe Jonathan de son malheur pour le propulser vers la lumière, comme cette Étoile filante logée dans l’inconscient collectif.
Les personnages des Cowboys Fringants sont ancrés dans le quotidien, avec les grandeurs et misères du « vrai monde », marqués par la rugosité de la vie. Ils se retrouvent ici dans un lieu intemporel, liés par leurs tragédies intimes et leur besoin de réconfort.
À travers quatorze chansons, dont cinq originales, Sébastien Soldevila des 7 Doigts de la main propose une comédie musicale en deux actes. Sept excellent·es interprètes usurpent la voix du chanteur charismatique Karl Tremblay, décédé une semaine avant la première. Ils et elles sont démultiplié·es par une troupe de danseurs et danseuses et d’acrobates, qui matérialisent avec une énergie soutenue l’ébranlement de Jonathan. Nous sommes, tout comme lui, aspirés dans les méandres de ce bar bizarre.
Par de remarquables tableaux — Sunny Boisvert, dans une performance krump autour du cerveau d’un Jonathan sidéré ; ailleurs, des bras tentaculaires viennent transformer Catherine en Kali ; et encore, des voltiges, des danses de groupe ondulant comme une horde de morts-vivants —, malgré la noirceur des textes, le spectacle est porté par une musique endiablée. Une invitation à la fête nonobstant l’écho des feux qui grondent.
L’inéluctable destinée
Au deuxième acte, les monstres intérieurs de Jonathan, menaçants sur la chanson D’une tristesse, sortent de ce corps et dévoilent l’espace liminaire où ils se trouvent. C’est le temps et le lieu des questions existentielles, ces Questions sans réponses, comme le libre arbitre opposé à la prédestination, le destin qui frappe, nous emportant dans une spirale fatale. Le spectacle appelle à la révolte, à l’abolition de la censure et des outils du capitalisme. Il témoigne d’une humanité en péril, car l’Amérique pleure : le vire-vent de la conscience/inconscience, absurdité/cohérence, nature/dénature, nous ramène toujours au cœur du problème. Nous sommes dans une situation qui ressemble au coma. Cette antichambre de la vie et de la mort, apparentée aux limbes chrétiens.
Au Pub Royal convergent les vivants et les morts d’où personne ne peut s’échapper. Avec une démesure de carnaval, le monde que nous avons construit s’écroule. On ne peut plus en sortir, car il ne reste Plus rien, terrifiante mélopée apocalyptique sur la fin de l’humanité.
Malgré un bémol concernant la musique préenregistrée qu’il faudrait mieux calibrer avec les voix, tout est bon, il n’y a rien à jeter. La tension émotionnelle, l’énergie contagieuse, l’appel du cœur, la dureté de l’évidence, la magie des voltigeurs de la scène, les interprétations, les chorégraphies qui nous subjuguent. Il est rare d’assister en direct à la naissance d’un événement. Au croisement de la chair, de l’âme et des technologies, Soldevila, Olivier Kemeid (dialogues), Geneviève Dorion Coupal (chorégraphie) et les autres concepteurs et conceptrices entrelacent les corps, les voix, la musique, l’IA et la physique quantique en une poignante tragédie. Comment ne pas pleurer sur l’état du monde ? L’émotion atteint son comble avec L’Amérique pleure, chantée par Normand (Yvan Pedneault) alors que des spots de camion aveuglent le public. Avec ce spectacle, Les Cowboys fringants se propulsent dans une sphère intergalactique en un vibrant hommage à Karl Tremblay, l’enfant chéri des foules de la francophonie.
Pub Royal – La comédie musicale des Cowboys Fringants
Chansons et musique : Les Cowboys Fringants (qui ne sont pas sur scène). Auteur du livret et metteur en scène : Sébastien Soldevila. Auteur des dialogues : Olivier Kemeid. Chorégraphe : Geneviève Dorion Coupal. Scénographe : Olivier Landreville. Directeur musical : Daniel Lacoste. Concepteur acrobatique : Stéphane Bayol. Concepteur éclairage : Éric Champoux. Concepteur costumes : Sylvain Genois. Accessoiriste : Alain Jenkins. Conception vidéo : SUPPLY AND DEMAND. Avec sept acteurs/chanteurs — actrices/chanteuses : Richard Charest, Martin Giroux, Alexia Gourd, Kevin Houle, Émilie Josset, Christian Laporte et Yvan Pedneault : sept danseurs/danseuses, Sunny Boisvert, Danny Amaral De Matos, Kennedy Henry, Merryn Kritzinger, Éric Olivier, Guillaume Michaud et Gabrielle Roy : six artistes de cirque, Michael Carter, Victor Crépin, Marie-Ève Dicaire, Theo Le Baut, Kei Nguyen et Frida Velasco. Une création des 7 Doigts de la main présentée à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec du 22 au 26 novembre 2023, puis en tournée au Québec et en Europe par la suite.