Jusqu’au 2 décembre, la célèbre chorégraphe vancouvéroise Crystal Pite et le dramaturge Jonathon Young présentent leur toute nouvelle cocréation, Assembly Hall, au Théâtre Maisonneuve. Une création de danse théâtre qui, comme Crystal Pite en a l’habitude, embelli le rythme de la parole, magnifie les corps et nous plonge dans tout un univers. Cette fois-ci, entre reconstitution médiévale et réalité.
Dès l’ouverture du rideau, la compagnie Kidd Pivot plante le décor. On s’immerge dès les premières minutes dans cette salle communale, d’apparence banale, qui va se transformer en de multiples lieux imaginaires. Peu à peu, on rencontre les huit interprètes de la compagnie, réuni pour leur assemblée générale annuelle. Les amateurs de reconstitution médiévale sont mal pris : leur événement est en perte de vitesse. Tant et si bien que de grandes décisions vont devoir être prises. Peut-être même la dissolution de leur groupe. Fin d’une association, fin de leur passion.
Au départ très terre à terre, focalisant principalement sur le dialogue, les relations entre les différents personnages et la mise en contexte, Assembly Hall prend ensuite peu à peu des allures de fiction. On navigue alors entre la présumée reconstitution médiévale, épique, et la réalité plus simple, et calme, à travers divers tableaux. Loufoque, parfois décalé, drôle, la création tient le public en alerte tout le long de cette histoire d’assemblée générale et de grandeur nature. La salle de réunion se métamorphose en champ de bataille et laisse l’espace à la petite scène, situé au fond, qui devient alors un deuxième écran, un autre spectacle, et qui a souvent des allures de film. En effet, tout au long de la pièce, les effets visuels, sonores, les décors et les costumes s’agrègent pour créer de véritables scènes de film, souvent époustouflantes. Cette belle mise en abime floute alors les contours de l’espace-temps.
Ainsi, pendant toute la pièce, nous partageons les émois des interprètes, qui divaguent entre la prise de décision quotidienne et ordinaire, et l’élan d’un valeureux chevalier prêt à tout pour se sentir utile. Une simple administratrice se transforme alors en princesse au cœur brisé, à l’âme perdue pour revenir finalement dans l’anodin et voter pour la dissolution de l’association. Tantôt cérébral, tantôt absurde, Assembly Hall joue avec la variété des émotions et arrive facilement à nous transporter de l’une à l’autre.
Rythme des corps, rythme des mots
Comme à l’accoutumée, Crystal Pite joue merveilleusement avec les rythmes. Qu’ils proviennent des sons, des souffles, de la mélodie des mots ou des élans du corps, les rythmes bâtissent l’entièreté du spectacle. En effet, une des caractéristiques du travail de la compagnie est l’utilisation comme trame sonore des paroles, des dialogues entre les personnages. Ainsi, la théâtralité est évidemment au rendez-vous, mais n’est pas seulement présente pour soutenir la dramaturgie. En effet, le phrasé, les silences, les tics de langages et les intonations sont toutes des forces narratives, mais aussi des bases pour la création chorégraphique. En plus de recréer les discussions avec leur bouche et leur visage, les interprètes vivent les mots, et les rythmes qu’ils créent, dans leur corps. Précision du geste, arrêt sur image, mouvements saccadés s’incarnent alors dans la corporalité des danseurs.
En plus de la maîtrise du rythme des mots, la chorégraphe Crystal Pite s’amuse avec le tempo des corps. Le ralenti prend par exemple toute sa valeur lors de fausses scènes de combat. L’unisson, assez rare dans cette proposition, explore l’idée du groupe, mais aussi le dédoublement d’un personnage central de la pièce. De plus, la créatrice laisse place à plusieurs moments de délicatesse, de corps à corps, où les portés semblent naturels et légers, où la cadence n’est plus que fluidité. Les différentes propositions chorégraphiques, alliées à la musique, amènent le public à sourire, à se divertir, ou parfois à prendre un temps de recul et s’enfouir dans des moments plus sentimentaux, calmes et réfléchis.
En plus d’une scénographie élaborée, Assembly Hall nous offre une justesse dans l’usage des rythmes des mots et des corps pour incarner toute une histoire, qui peu à peu nous immerge dans la fiction. Une belle réussite donc qui invite au voyage médiéval, mais aussi à se questionner, s’émouvoir et rire.
Chorégraphie et mise en scène : Crystal Pite. Texte et mise en scène : Jonathon Young. Composition et conception sonore : Owen Belton, Alessandro Juliani et Meg Roe. Conception scénique : Jay Gower Taylor. Conception des costumes : Nancy Bryant. Conception des éclairages : Tom Visser. Conception vidéo : Cybèle Young. Une production de Kidd Pivot présentée au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts du 29 novembre au 2 décembre 2023.
Jusqu’au 2 décembre, la célèbre chorégraphe vancouvéroise Crystal Pite et le dramaturge Jonathon Young présentent leur toute nouvelle cocréation, Assembly Hall, au Théâtre Maisonneuve. Une création de danse théâtre qui, comme Crystal Pite en a l’habitude, embelli le rythme de la parole, magnifie les corps et nous plonge dans tout un univers. Cette fois-ci, entre reconstitution médiévale et réalité.
Dès l’ouverture du rideau, la compagnie Kidd Pivot plante le décor. On s’immerge dès les premières minutes dans cette salle communale, d’apparence banale, qui va se transformer en de multiples lieux imaginaires. Peu à peu, on rencontre les huit interprètes de la compagnie, réuni pour leur assemblée générale annuelle. Les amateurs de reconstitution médiévale sont mal pris : leur événement est en perte de vitesse. Tant et si bien que de grandes décisions vont devoir être prises. Peut-être même la dissolution de leur groupe. Fin d’une association, fin de leur passion.
Au départ très terre à terre, focalisant principalement sur le dialogue, les relations entre les différents personnages et la mise en contexte, Assembly Hall prend ensuite peu à peu des allures de fiction. On navigue alors entre la présumée reconstitution médiévale, épique, et la réalité plus simple, et calme, à travers divers tableaux. Loufoque, parfois décalé, drôle, la création tient le public en alerte tout le long de cette histoire d’assemblée générale et de grandeur nature. La salle de réunion se métamorphose en champ de bataille et laisse l’espace à la petite scène, situé au fond, qui devient alors un deuxième écran, un autre spectacle, et qui a souvent des allures de film. En effet, tout au long de la pièce, les effets visuels, sonores, les décors et les costumes s’agrègent pour créer de véritables scènes de film, souvent époustouflantes. Cette belle mise en abime floute alors les contours de l’espace-temps.
Ainsi, pendant toute la pièce, nous partageons les émois des interprètes, qui divaguent entre la prise de décision quotidienne et ordinaire, et l’élan d’un valeureux chevalier prêt à tout pour se sentir utile. Une simple administratrice se transforme alors en princesse au cœur brisé, à l’âme perdue pour revenir finalement dans l’anodin et voter pour la dissolution de l’association. Tantôt cérébral, tantôt absurde, Assembly Hall joue avec la variété des émotions et arrive facilement à nous transporter de l’une à l’autre.
Rythme des corps, rythme des mots
Comme à l’accoutumée, Crystal Pite joue merveilleusement avec les rythmes. Qu’ils proviennent des sons, des souffles, de la mélodie des mots ou des élans du corps, les rythmes bâtissent l’entièreté du spectacle. En effet, une des caractéristiques du travail de la compagnie est l’utilisation comme trame sonore des paroles, des dialogues entre les personnages. Ainsi, la théâtralité est évidemment au rendez-vous, mais n’est pas seulement présente pour soutenir la dramaturgie. En effet, le phrasé, les silences, les tics de langages et les intonations sont toutes des forces narratives, mais aussi des bases pour la création chorégraphique. En plus de recréer les discussions avec leur bouche et leur visage, les interprètes vivent les mots, et les rythmes qu’ils créent, dans leur corps. Précision du geste, arrêt sur image, mouvements saccadés s’incarnent alors dans la corporalité des danseurs.
En plus de la maîtrise du rythme des mots, la chorégraphe Crystal Pite s’amuse avec le tempo des corps. Le ralenti prend par exemple toute sa valeur lors de fausses scènes de combat. L’unisson, assez rare dans cette proposition, explore l’idée du groupe, mais aussi le dédoublement d’un personnage central de la pièce. De plus, la créatrice laisse place à plusieurs moments de délicatesse, de corps à corps, où les portés semblent naturels et légers, où la cadence n’est plus que fluidité. Les différentes propositions chorégraphiques, alliées à la musique, amènent le public à sourire, à se divertir, ou parfois à prendre un temps de recul et s’enfouir dans des moments plus sentimentaux, calmes et réfléchis.
En plus d’une scénographie élaborée, Assembly Hall nous offre une justesse dans l’usage des rythmes des mots et des corps pour incarner toute une histoire, qui peu à peu nous immerge dans la fiction. Une belle réussite donc qui invite au voyage médiéval, mais aussi à se questionner, s’émouvoir et rire.
Assembly Hall
Chorégraphie et mise en scène : Crystal Pite. Texte et mise en scène : Jonathon Young. Composition et conception sonore : Owen Belton, Alessandro Juliani et Meg Roe. Conception scénique : Jay Gower Taylor. Conception des costumes : Nancy Bryant. Conception des éclairages : Tom Visser. Conception vidéo : Cybèle Young. Une production de Kidd Pivot présentée au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts du 29 novembre au 2 décembre 2023.