La pièce Whitehorse a gardé toutes les empreintes du roman graphique dont elle est issue. Des personnages au caractère grossi, parfois grossier, qui appellent un jeu souvent outrancier, des situations farfelues, des accessoires et un décor volontairement kitchs, une palette de costumes qui entremêle réalisme et déguisement. Tout cela avec en arrière-plan une caricature, plutôt qu’une satire, de gens du cinéma (réalisateur, actrices, cascadeur…). Un soir de première, les blagues sur ce beau milieu faisaient mouche. En fait, du début à la fin, les rires sonores du public ont parfois enterré les répliques.
Le récit s’articule autour des deux personnages masculins principaux, celui de l’écrivain anxieux Henri Castagnette et du mégalomane cinéaste Sylvain Pastrami, tous deux magistralement défendus par Sébastien Tessier et Guillaume Laurin. Le personnage d’Henri, malgré son mal-être, ses échecs et son improbable syndrome de la tortue, s’avère par moment attachant, alors que celui de Pastrami reste essentiellement caricatural. Entre eux, Laura (Charlotte Aubin), la blonde actrice du premier qui décroche un rôle dans le film du second. Le trio est entouré de personnages plutôt clownesques : le couple formé de Nath (Sonia Cordeau), actrice amie de Laura, et de Diego (Vincent Kim), un cascadeur qui parfois se déplace sur scène en roulés-boulés, Sébastien (Oscar Desgagnés) l’enfant acteur, Patrick (Éric Bernier) le sous-fifre béni-oui-oui de Pastrami. Le personnage de la docteure Von Strudel (Frédérike Bédard), grisée de sa découverte du syndrome de la tortue, est presque fortuit et ne revient plus une fois l’annonce faite à Henri de sa maladie. Le petit univers forgé par de tels personnages ne peut qu’être vaudevillesque. Et il l’est.
Tout un cartoon, mais rien qu’un cartoon !
La mise en scène de Simon Lacroix insuffle aux répliques vives du texte un rythme soutenu que le jeu des interprètes soutient d’un bout à l’autre. Impossible de ne pas rire quand Henri et son ami Diégo, debout dans l’appartement de ce dernier, se retrouvent sur-le-champ assis sur scène quand ils décident d’aller au parc. Ou devant les menaces du perroquet coloré de la docteure Van Strudel qui, tels les vautours de Lucky Luke, annonce le destin du pauvre Henri.
Cela dit, nous sommes ici dans un univers qui rappelle le boulevard ou le vaudeville. L’essentiel de l’intrigue, si on peut dire, repose sur le trio de l’amoureux perdant, du riche prétendant prétentieux et de la femme prête à se plier au jeu de la séduction. Pourtant, ce personnage aurait pu être le fil de plomb qui assure un certain lest à la comédie. Parce qu’elle est justement déchirée entre le désir d’obtenir le rôle et celui de s’émanciper tant de la concupiscence de Pastrami que de l’amour étouffant d’Henri, Laura est le seul personnage qui évolue un peu. Henri, malgré beaucoup d’envie d’y échapper, reste pris dans sa jalousie et sa médiocrité. Tous les autres courtisent Pastrami parce qu’il a du succès et qu’il peut leur être utile. Certes, ce fil est donné dans le texte, mais me semble faiblement suivi dans la mise en scène. Voilà sans doute les limites du parti pris de faire une comédie bouffonne pour le plus grand bonheur, cela dit, des bédéphiles.
Texte : Guillaume Laurin, Sébastien Tessier et Samuel Cantin, adapté du roman graphique de Samuel Cantin. Mise en scène : Simon Lacroix. Conseil dramaturgique : Catherine Chabot. Interprétation : Charlotte Aubin, Frédérike Bédard, Éric Bernier, Sonia Cordeau, Oscar Desgagnés, Vincent Kim, Guillaume Laurin, Sébastien Tessier. Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau. Scénographie : Olivia Pia Audet. Costumes : Cynthia St-Gelais. Éclairages : Joëlle LeBlanc. Musique : Marc-Antoine Barbier et Élie Raymond. Concepteur sonore : Arthur Champagne. Une production de Couronne Nord, présentée par Duceppe à la Cinquième Salle de la Place des Arts jusqu’au 16 décembre 2023.
La pièce Whitehorse a gardé toutes les empreintes du roman graphique dont elle est issue. Des personnages au caractère grossi, parfois grossier, qui appellent un jeu souvent outrancier, des situations farfelues, des accessoires et un décor volontairement kitchs, une palette de costumes qui entremêle réalisme et déguisement. Tout cela avec en arrière-plan une caricature, plutôt qu’une satire, de gens du cinéma (réalisateur, actrices, cascadeur…). Un soir de première, les blagues sur ce beau milieu faisaient mouche. En fait, du début à la fin, les rires sonores du public ont parfois enterré les répliques.
Le récit s’articule autour des deux personnages masculins principaux, celui de l’écrivain anxieux Henri Castagnette et du mégalomane cinéaste Sylvain Pastrami, tous deux magistralement défendus par Sébastien Tessier et Guillaume Laurin. Le personnage d’Henri, malgré son mal-être, ses échecs et son improbable syndrome de la tortue, s’avère par moment attachant, alors que celui de Pastrami reste essentiellement caricatural. Entre eux, Laura (Charlotte Aubin), la blonde actrice du premier qui décroche un rôle dans le film du second. Le trio est entouré de personnages plutôt clownesques : le couple formé de Nath (Sonia Cordeau), actrice amie de Laura, et de Diego (Vincent Kim), un cascadeur qui parfois se déplace sur scène en roulés-boulés, Sébastien (Oscar Desgagnés) l’enfant acteur, Patrick (Éric Bernier) le sous-fifre béni-oui-oui de Pastrami. Le personnage de la docteure Von Strudel (Frédérike Bédard), grisée de sa découverte du syndrome de la tortue, est presque fortuit et ne revient plus une fois l’annonce faite à Henri de sa maladie. Le petit univers forgé par de tels personnages ne peut qu’être vaudevillesque. Et il l’est.
Tout un cartoon, mais rien qu’un cartoon !
La mise en scène de Simon Lacroix insuffle aux répliques vives du texte un rythme soutenu que le jeu des interprètes soutient d’un bout à l’autre. Impossible de ne pas rire quand Henri et son ami Diégo, debout dans l’appartement de ce dernier, se retrouvent sur-le-champ assis sur scène quand ils décident d’aller au parc. Ou devant les menaces du perroquet coloré de la docteure Van Strudel qui, tels les vautours de Lucky Luke, annonce le destin du pauvre Henri.
Cela dit, nous sommes ici dans un univers qui rappelle le boulevard ou le vaudeville. L’essentiel de l’intrigue, si on peut dire, repose sur le trio de l’amoureux perdant, du riche prétendant prétentieux et de la femme prête à se plier au jeu de la séduction. Pourtant, ce personnage aurait pu être le fil de plomb qui assure un certain lest à la comédie. Parce qu’elle est justement déchirée entre le désir d’obtenir le rôle et celui de s’émanciper tant de la concupiscence de Pastrami que de l’amour étouffant d’Henri, Laura est le seul personnage qui évolue un peu. Henri, malgré beaucoup d’envie d’y échapper, reste pris dans sa jalousie et sa médiocrité. Tous les autres courtisent Pastrami parce qu’il a du succès et qu’il peut leur être utile. Certes, ce fil est donné dans le texte, mais me semble faiblement suivi dans la mise en scène. Voilà sans doute les limites du parti pris de faire une comédie bouffonne pour le plus grand bonheur, cela dit, des bédéphiles.
Whitehorse
Texte : Guillaume Laurin, Sébastien Tessier et Samuel Cantin, adapté du roman graphique de Samuel Cantin. Mise en scène : Simon Lacroix. Conseil dramaturgique : Catherine Chabot. Interprétation : Charlotte Aubin, Frédérike Bédard, Éric Bernier, Sonia Cordeau, Oscar Desgagnés, Vincent Kim, Guillaume Laurin, Sébastien Tessier. Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau. Scénographie : Olivia Pia Audet. Costumes : Cynthia St-Gelais. Éclairages : Joëlle LeBlanc. Musique : Marc-Antoine Barbier et Élie Raymond. Concepteur sonore : Arthur Champagne. Une production de Couronne Nord, présentée par Duceppe à la Cinquième Salle de la Place des Arts jusqu’au 16 décembre 2023.