La grande mascarade est un spectacle présenté par le duo formé d’Étienne Lou (Projet Riopelle) et de Gabriel-Antoine Roy (Sur l’apparition des os dans le corps). Les complices utilisent le demi-masque pour faire apparaître les personnages d’Arlequin, Sganarelle et Pantalon dans un récit inspiré de l’univers d’Harry Potter!
L’usage du masque au théâtre est millénaire. Comment en êtes-vous venus à vous y prêter ? Qu’est-ce que le demi-masque vous permet d’aborder comme artistes ?
C’est dans le cadre de stages avec le chorégraphe et performeur Nicolas Cantin que nous nous sommes adonnés au demi-masque Topeng. Nous avons tout d’abord commencé avec le clown (qui est littéralement le plus petit des masques) pour cheminer, par la suite, vers le demi-masque depuis 8 ans exactement. Au cours de ces stages, nous avons découvert la richesse de la recherche du présent que le masque provoque. En se dépouillant de notre individualité, le masque révèle une liberté singulière, permettant une connexion franche avec le public. Cette expérience nous plonge dans un bal grotesque, parfois, mais souvent empreint d’humour, avec les spectateurs. Les masques deviennent des personnages à part entière, ouvrant la voie vers des territoires inexplorés et permettant au public de projeter fantasmes et images. Cette interaction entre l’animé et l’inanimé crée une dynamique captivante, où l’objet semble prendre vie et l’acteur, se fondre dans l’objet. L’artiste caché est maintenant plus à l’aise pour se dévoiler. La voix et le corps du personnage, que représente la physionomie du masque, restreignent l’interprète derrière et le forcent à se déplacer à l’intérieur de lui. La relation avec le public est au cœur de l’improvisation, un pacte entre celui-ci et le personnage. Quand la connexion ne fonctionne pas, c’est clair, on le sent. Le jeu masqué, ça ne ment pas. Il faut développer des stratégies pour garder le public en haleine. Ce sont ces stratégies, ces outils qui demeurent. Quant à elle, la relation avec le public est toujours à reconstruire.
La grande mascarade, présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines du 20 au 23 mars 2024 © Alexis Boulay
Huit ans de gestation, c’est long, mais ça se conçoit malheureusement bien dans les circonstances actuelles de sous-financement de la culture. Comment garde-t-on l’étincelle de l’inspiration allumée tout en multipliant les projets pour gagner sa vie ?
Il est évident que notre pratique du masque est sporadique. Nous sommes loin de faire cela à temps plein. Toutefois, le travail avec le masque a été fondateur à plein d’égards pour nous, il va de soi qu’il teinte notre démarche d’acteur sur tous les plans. Il nous permet de nous questionner sur la notion de personnage, nous éloignant possiblement d’une avenue psychologique de celui-ci, en rendant la notion physique et intime plus concrète.
Quel est le fil rouge du spectacle au-delà du masque, ou encore, en raison du masque qui semble le point d’ancrage du projet ?
Le risque que nous prenons en tant qu’interprètes est au centre du spectacle. Les personnages doivent survivre sur scène. Ils doivent trouver les prétextes pour y rester. La scène leur est interdite, mais ils ne sont en vie que sur scène. La scène est un privilège. L’attention du public en est un tout autant. Tout doit être renouvelé, redécouvert à chaque instant. À la scène comme à la vie, nous jouons avec ce désir, celui d’être en vie.
En lisant les notes de présentation, on pourrait avoir une impression de comédie de stand-up ou du moins de guignol à propos de La grande mascarade. Sachant que vous êtes des comédiens plutôt physiques, on peut donc s’attendre à de l’action ?
Bien sûr, l’aspect physique sera au rendez-vous. Chaque masque a ses stratégies de survie pour rester sur scène; il détient un langage qui lui est propre. Certains utilisent la parole plus que d’autres, ce qui peut s’apparenter au stand-up, mais c’est physiquement qu’il se révèle. La structure du spectacle les force à toujours rester aux aguets, physiquement et mentalement. Le spectacle est un canevas, le texte est toujours en mouvement. Nous partons du conte « des trois frères », tiré du livre Les Reliques de la mort, de la saga Harry Potter. Nous avons découvert la force d’utiliser une histoire accessible et simple, qui permet à nos quatre personnages de divaguer et d’y revenir aisément.
Le masque demeure encore sous-utilisé dans le théâtre contemporain. Les possibles restent immenses. Est-ce que vous continuerez à y travailler, ensemble ? Séparément ?
Oui, nous croyons poursuivre notre exploration du masque ensemble et séparément. Ce travail fait partie de notre formation d’acteur et de créateur, et risque de nous suivre encore longtemps. Avec masque ou sans masque, c’est un regard autre sur nos créations. Cette méthode s’infiltre dans le reste de nos pratiques artistiques respectives. Nos prochaines déclinaisons restent à suivre.
La grande mascarade est présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines du 20 au 23 mars 2024.
La grande mascarade est un spectacle présenté par le duo formé d’Étienne Lou (Projet Riopelle) et de Gabriel-Antoine Roy (Sur l’apparition des os dans le corps). Les complices utilisent le demi-masque pour faire apparaître les personnages d’Arlequin, Sganarelle et Pantalon dans un récit inspiré de l’univers d’Harry Potter!
L’usage du masque au théâtre est millénaire. Comment en êtes-vous venus à vous y prêter ? Qu’est-ce que le demi-masque vous permet d’aborder comme artistes ?
C’est dans le cadre de stages avec le chorégraphe et performeur Nicolas Cantin que nous nous sommes adonnés au demi-masque Topeng. Nous avons tout d’abord commencé avec le clown (qui est littéralement le plus petit des masques) pour cheminer, par la suite, vers le demi-masque depuis 8 ans exactement. Au cours de ces stages, nous avons découvert la richesse de la recherche du présent que le masque provoque. En se dépouillant de notre individualité, le masque révèle une liberté singulière, permettant une connexion franche avec le public. Cette expérience nous plonge dans un bal grotesque, parfois, mais souvent empreint d’humour, avec les spectateurs. Les masques deviennent des personnages à part entière, ouvrant la voie vers des territoires inexplorés et permettant au public de projeter fantasmes et images. Cette interaction entre l’animé et l’inanimé crée une dynamique captivante, où l’objet semble prendre vie et l’acteur, se fondre dans l’objet. L’artiste caché est maintenant plus à l’aise pour se dévoiler. La voix et le corps du personnage, que représente la physionomie du masque, restreignent l’interprète derrière et le forcent à se déplacer à l’intérieur de lui. La relation avec le public est au cœur de l’improvisation, un pacte entre celui-ci et le personnage. Quand la connexion ne fonctionne pas, c’est clair, on le sent. Le jeu masqué, ça ne ment pas. Il faut développer des stratégies pour garder le public en haleine. Ce sont ces stratégies, ces outils qui demeurent. Quant à elle, la relation avec le public est toujours à reconstruire.
La grande mascarade, présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines du 20 au 23 mars 2024 © Alexis Boulay
Huit ans de gestation, c’est long, mais ça se conçoit malheureusement bien dans les circonstances actuelles de sous-financement de la culture. Comment garde-t-on l’étincelle de l’inspiration allumée tout en multipliant les projets pour gagner sa vie ?
Il est évident que notre pratique du masque est sporadique. Nous sommes loin de faire cela à temps plein. Toutefois, le travail avec le masque a été fondateur à plein d’égards pour nous, il va de soi qu’il teinte notre démarche d’acteur sur tous les plans. Il nous permet de nous questionner sur la notion de personnage, nous éloignant possiblement d’une avenue psychologique de celui-ci, en rendant la notion physique et intime plus concrète.
Quel est le fil rouge du spectacle au-delà du masque, ou encore, en raison du masque qui semble le point d’ancrage du projet ?
Le risque que nous prenons en tant qu’interprètes est au centre du spectacle. Les personnages doivent survivre sur scène. Ils doivent trouver les prétextes pour y rester. La scène leur est interdite, mais ils ne sont en vie que sur scène. La scène est un privilège. L’attention du public en est un tout autant. Tout doit être renouvelé, redécouvert à chaque instant. À la scène comme à la vie, nous jouons avec ce désir, celui d’être en vie.
En lisant les notes de présentation, on pourrait avoir une impression de comédie de stand-up ou du moins de guignol à propos de La grande mascarade. Sachant que vous êtes des comédiens plutôt physiques, on peut donc s’attendre à de l’action ?
Bien sûr, l’aspect physique sera au rendez-vous. Chaque masque a ses stratégies de survie pour rester sur scène; il détient un langage qui lui est propre. Certains utilisent la parole plus que d’autres, ce qui peut s’apparenter au stand-up, mais c’est physiquement qu’il se révèle. La structure du spectacle les force à toujours rester aux aguets, physiquement et mentalement. Le spectacle est un canevas, le texte est toujours en mouvement. Nous partons du conte « des trois frères », tiré du livre Les Reliques de la mort, de la saga Harry Potter. Nous avons découvert la force d’utiliser une histoire accessible et simple, qui permet à nos quatre personnages de divaguer et d’y revenir aisément.
Le masque demeure encore sous-utilisé dans le théâtre contemporain. Les possibles restent immenses. Est-ce que vous continuerez à y travailler, ensemble ? Séparément ?
Oui, nous croyons poursuivre notre exploration du masque ensemble et séparément. Ce travail fait partie de notre formation d’acteur et de créateur, et risque de nous suivre encore longtemps. Avec masque ou sans masque, c’est un regard autre sur nos créations. Cette méthode s’infiltre dans le reste de nos pratiques artistiques respectives. Nos prochaines déclinaisons restent à suivre.
La grande mascarade est présentée à La Chapelle Scènes Contemporaines du 20 au 23 mars 2024.