Après un beau succès en 2022-2023, la pièce d’Anne-Marie Olivier, Maurice, revient sur les planches du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. L’artiste interprète le personnage éponyme, un économiste qui a vu sa vie transfigurée après un AVC. Sur scène, elle s’entretient avec un membre du public tous les soirs.
Tout a été écrit au sujet de Maurice. Avec plusieurs représentations derrière la cravate, la mémoire du corps et de l’esprit doit faire son travail, mais est-ce plus facile pour autant d’entrer dans la peau de cet « autre » très spécial ?
La mémoire du corps demeure impressionnante, mais je ne tiens rien pour acquis. Le travail qui m’intéresse remet tout en jeu le soir de la représentation, un jeu ouvert comme les ailes d’un écureuil volant. Il y a aussi le fait que je joue quelqu’un qui existe vraiment, dont c’est la vie. Ce chemin entre lui et moi est à parfaire à l’infini et enfin, je désire faire preuve de la plus grande réactivité avec la personne du public qui accepte de venir jouer avec moi. Pour toutes ces raisons et, aussi, pour une raison d’alchimie, je ne me repose pas sur l’acquis pour m’assurer de rendre le moment présent vif, plein et électrique.
Avec le temps aussi, plusieurs interprètes, auteurs et autrices changent de petites ou de grandes choses dans le texte, voire la représentation. Est-ce que Maurice a beaucoup évolué depuis les débuts ?
En fait, ce qui est fascinant, ce sont mes invité∙es. Ils et elles apportent énormément de variables; on a vu des spectateurs et spectatrices qui font augmenter la durée totale du spectacle du cinquième ! Je peux citer une adorable invitée qui suggérait d’annexer la Wallonie à un Québec indépendant; un homme mûr qui me parlait de La mort de Dieu de Nietzsche; ou un pharmacien à qui la moitié de la salle hurlait leur compréhension de la situation. Je tente d’être à la hauteur de Maurice qui vit le moment présent avec une réjouissante intensité autant dans la partition fixe que dans la partition improvisée.

La pièce Maurice lors de sa présentation au Théâtre Périscope du 25 octobre au 12 novembre 2022. © Émilie Dumais
Avez-vous l’impression d’avoir retrouvé une certaine créativité et liberté artistique en quittant la direction du Trident où vous venez d’adapter Paul à la maison ?
Cela voudrait dire que je l’avais perdu, je ne crois pas, enfin, allons prendre un café si c’est ce que vous croyez. Je dirais plutôt que j’ai du temps, pour lire, pour écrire, pour courir, pour réfléchir. J’ai l’impression de muer, oui je dirais ça, je change de peau.
On sait que les artistes de théâtre répètent souvent le jour un spectacle à venir et en jouent un autre le soir. En ce moment, sans trop dévoiler de secrets, quels sont vos projets ?
Je travaille sur deux projets, le premier sur les traumas intergénérationnels laissés par la guerre et le deuxième sur la sexualité des femmes de quarante ans et plus et comment elles réinventent leur vie. Je retourne en cueillette d’histoires sur ces deux sujets qui me fascinent.
Dans votre carrière touche-à-tout, avez-vous connu une période aussi difficile que celle que l’on vit en ce moment en raison du sous-financement des arts vivants ?
Même chose… non. Je crois qu’il y a une certaine régression. Les cachets ne bougent pas depuis des vingtaines d’années. Mes jeunes collègues en arrachent tellement… Je suis extrêmement préoccupée par ce qui se passe actuellement. Les coupes du gouvernement au CALQ font vraiment mal. Je ne suis pas optimiste. Dieu ! Qu’il y a des révolutions à faire !
Maurice est présenté à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 30 octobre au 14 novembre 2024. La pièce sera également en tournée en 2025 de Trois-Rivières à Victoriaville, en passant par Ottawa, Rouyn et Chambly.
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Après un beau succès en 2022-2023, la pièce d’Anne-Marie Olivier, Maurice, revient sur les planches du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. L’artiste interprète le personnage éponyme, un économiste qui a vu sa vie transfigurée après un AVC. Sur scène, elle s’entretient avec un membre du public tous les soirs.
Tout a été écrit au sujet de Maurice. Avec plusieurs représentations derrière la cravate, la mémoire du corps et de l’esprit doit faire son travail, mais est-ce plus facile pour autant d’entrer dans la peau de cet « autre » très spécial ?
La mémoire du corps demeure impressionnante, mais je ne tiens rien pour acquis. Le travail qui m’intéresse remet tout en jeu le soir de la représentation, un jeu ouvert comme les ailes d’un écureuil volant. Il y a aussi le fait que je joue quelqu’un qui existe vraiment, dont c’est la vie. Ce chemin entre lui et moi est à parfaire à l’infini et enfin, je désire faire preuve de la plus grande réactivité avec la personne du public qui accepte de venir jouer avec moi. Pour toutes ces raisons et, aussi, pour une raison d’alchimie, je ne me repose pas sur l’acquis pour m’assurer de rendre le moment présent vif, plein et électrique.
Avec le temps aussi, plusieurs interprètes, auteurs et autrices changent de petites ou de grandes choses dans le texte, voire la représentation. Est-ce que Maurice a beaucoup évolué depuis les débuts ?
En fait, ce qui est fascinant, ce sont mes invité∙es. Ils et elles apportent énormément de variables; on a vu des spectateurs et spectatrices qui font augmenter la durée totale du spectacle du cinquième ! Je peux citer une adorable invitée qui suggérait d’annexer la Wallonie à un Québec indépendant; un homme mûr qui me parlait de La mort de Dieu de Nietzsche; ou un pharmacien à qui la moitié de la salle hurlait leur compréhension de la situation. Je tente d’être à la hauteur de Maurice qui vit le moment présent avec une réjouissante intensité autant dans la partition fixe que dans la partition improvisée.
La pièce Maurice lors de sa présentation au Théâtre Périscope du 25 octobre au 12 novembre 2022. © Émilie Dumais
Avez-vous l’impression d’avoir retrouvé une certaine créativité et liberté artistique en quittant la direction du Trident où vous venez d’adapter Paul à la maison ?
Cela voudrait dire que je l’avais perdu, je ne crois pas, enfin, allons prendre un café si c’est ce que vous croyez. Je dirais plutôt que j’ai du temps, pour lire, pour écrire, pour courir, pour réfléchir. J’ai l’impression de muer, oui je dirais ça, je change de peau.
On sait que les artistes de théâtre répètent souvent le jour un spectacle à venir et en jouent un autre le soir. En ce moment, sans trop dévoiler de secrets, quels sont vos projets ?
Je travaille sur deux projets, le premier sur les traumas intergénérationnels laissés par la guerre et le deuxième sur la sexualité des femmes de quarante ans et plus et comment elles réinventent leur vie. Je retourne en cueillette d’histoires sur ces deux sujets qui me fascinent.
Dans votre carrière touche-à-tout, avez-vous connu une période aussi difficile que celle que l’on vit en ce moment en raison du sous-financement des arts vivants ?
Même chose… non. Je crois qu’il y a une certaine régression. Les cachets ne bougent pas depuis des vingtaines d’années. Mes jeunes collègues en arrachent tellement… Je suis extrêmement préoccupée par ce qui se passe actuellement. Les coupes du gouvernement au CALQ font vraiment mal. Je ne suis pas optimiste. Dieu ! Qu’il y a des révolutions à faire !
Maurice est présenté à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 30 octobre au 14 novembre 2024. La pièce sera également en tournée en 2025 de Trois-Rivières à Victoriaville, en passant par Ottawa, Rouyn et Chambly.
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