En ce soir gris et pluvieux, la scène de la salle Michelle-Rossignol se donne des allures d’un club de big band lumineux alors qu’au piano, Vithou Thurber-Promp Tep accueille les spectateurs et spectatrices avec de chaleureux airs jazzy. De nombreux instruments de musique reposant sur des tapis persans, où sont également disséminés des lampions et un scintillant sapin, constituent l’ensemble du décor.
À l’avant-scène, une chaise pivotante et un lutrin attendent le maître de cérémonie. Tel un chef d’orchestre, mais face au public, Mani Soleymanlou s’installe et ouvre son ordinateur portable alors que les membres du groupe Valaire font également leur entrée. L’homme de théâtre avise l’auditoire : ce n’est pas une soirée théâtrale conventionnelle. En effet, texte et musique se répondent, se lient, s’entrechoquent. Le directeur artistique d’Orange Noyée n’a pas fini de surprendre.
Le texte lu semble, par moments, improvisé. L’acteur feinte les digressions, passe du coq à l’âne, s’enlise dans une introduction un tantinet longuette et décousue sur l’origine de son inspiration et de son désir d’écrire. Mais, le meilleur pointe son nez.
Quand le passé défie le futur
Le ton se fait incisif. L’interprète interpelle : « Qui a peur de quoi ? » Valaire se déploie, l’ambiance se réchauffe. Puis des thèmes difficiles comme la maladie, la mort, le deuil sont abordés. Soleymanlou se fait confident. Il parle des cancers de sa mère, du sien. Tous maintenant en rémission, mais qui ont fait des dommages collatéraux, qui ont laissé des séquelles. D’apparentes guérisons, mais une maman méconnaissable et isolée dans un endroit où transpire « l’odeur de l’ennui ». Et lui ; en perpétuelle remise en question.
La barbarie, la violence omniprésente, la bêtise s’invitent également dans la mêlée. Le ton est grinçant, mais jamais revanchard ni larmoyant. L’humour et l’autodérision sont au rendez-vous. Même l’ikigay, ce fameux secret japonais pour une vie longue et heureuse, est joyeusement évoqué. Les figures de style, les savoureux jeux de mots, les descriptions parfois surréalistes et les judicieux silences sont légion dans cette fausse ou vraie autofiction dont se réclame l’auteur.
On ne peut passer sous silence l’apport musical ingénieux de Vithou et des musiciens du groupe Valaire. Leurs envolées jazz-funky rythment et répondent avec efficacité, subtilité et parfois même de façon facétieuse, aux propos et aux interrogations du metteur en scène.
Que l’histoire se répète, que le passé soit trouble, que l’avenir semble sombre, Zamân ne répond pas à tout, mais illumine habilement un moment de réflexion et d’introspection qui s’avère un cadeau des Fêtes inopiné.
Texte et mise en scène : Mani Soleymanlou. Assistance à la mise en scène : Jean Gaudreau. Lumière : Martin Sirois. Musique : Vithou Thurber-Prom Tep et Valaire. Sonorisation : Guyaume Robitaille. Régie lumière : Martin Sirois. Interprétation : Mani Soleymanlou et Vithou Thurber-Prom Tep. Une production d’Orange Noyée en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 11 au 15 décembre 2024.
En ce soir gris et pluvieux, la scène de la salle Michelle-Rossignol se donne des allures d’un club de big band lumineux alors qu’au piano, Vithou Thurber-Promp Tep accueille les spectateurs et spectatrices avec de chaleureux airs jazzy. De nombreux instruments de musique reposant sur des tapis persans, où sont également disséminés des lampions et un scintillant sapin, constituent l’ensemble du décor.
À l’avant-scène, une chaise pivotante et un lutrin attendent le maître de cérémonie. Tel un chef d’orchestre, mais face au public, Mani Soleymanlou s’installe et ouvre son ordinateur portable alors que les membres du groupe Valaire font également leur entrée. L’homme de théâtre avise l’auditoire : ce n’est pas une soirée théâtrale conventionnelle. En effet, texte et musique se répondent, se lient, s’entrechoquent. Le directeur artistique d’Orange Noyée n’a pas fini de surprendre.
Le texte lu semble, par moments, improvisé. L’acteur feinte les digressions, passe du coq à l’âne, s’enlise dans une introduction un tantinet longuette et décousue sur l’origine de son inspiration et de son désir d’écrire. Mais, le meilleur pointe son nez.
Quand le passé défie le futur
Le ton se fait incisif. L’interprète interpelle : « Qui a peur de quoi ? » Valaire se déploie, l’ambiance se réchauffe. Puis des thèmes difficiles comme la maladie, la mort, le deuil sont abordés. Soleymanlou se fait confident. Il parle des cancers de sa mère, du sien. Tous maintenant en rémission, mais qui ont fait des dommages collatéraux, qui ont laissé des séquelles. D’apparentes guérisons, mais une maman méconnaissable et isolée dans un endroit où transpire « l’odeur de l’ennui ». Et lui ; en perpétuelle remise en question.
La barbarie, la violence omniprésente, la bêtise s’invitent également dans la mêlée. Le ton est grinçant, mais jamais revanchard ni larmoyant. L’humour et l’autodérision sont au rendez-vous. Même l’ikigay, ce fameux secret japonais pour une vie longue et heureuse, est joyeusement évoqué. Les figures de style, les savoureux jeux de mots, les descriptions parfois surréalistes et les judicieux silences sont légion dans cette fausse ou vraie autofiction dont se réclame l’auteur.
On ne peut passer sous silence l’apport musical ingénieux de Vithou et des musiciens du groupe Valaire. Leurs envolées jazz-funky rythment et répondent avec efficacité, subtilité et parfois même de façon facétieuse, aux propos et aux interrogations du metteur en scène.
Que l’histoire se répète, que le passé soit trouble, que l’avenir semble sombre, Zamân ne répond pas à tout, mais illumine habilement un moment de réflexion et d’introspection qui s’avère un cadeau des Fêtes inopiné.
Zâman ou on a le même temps qu’on avait
Texte et mise en scène : Mani Soleymanlou. Assistance à la mise en scène : Jean Gaudreau. Lumière : Martin Sirois. Musique : Vithou Thurber-Prom Tep et Valaire. Sonorisation : Guyaume Robitaille. Régie lumière : Martin Sirois. Interprétation : Mani Soleymanlou et Vithou Thurber-Prom Tep. Une production d’Orange Noyée en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 11 au 15 décembre 2024.