Les complices de longue date Sébastien Ricard et Brigitte Haentjens, accompagnés maintenant de Micha Raoutenfeld, présentent ces jours-ci un objet pour le moins inusité avec La chouette au Prospero, où se mélangent identités, philosophie, littérature et nationalisme.
La figure de l’oiseau de nuit n’est pas centrale dans cette fable intergénérationnelle, intergenres et interdisciplines, mais on y fait parfois allusion comme métaphore du mystère, du survol du territoire et de qui nous sommes.
Ricard s’essaye ici au texte. Il explore bien son propre parcours dans le style d’écriture, dans lequel on reconnait ses célèbres envolées nationalistes, son talent pour le slam et un certain cynisme sociétal, et, dans ce cas-ci, théâtral.
Le fil conducteur est parfois ténu. La pièce-performance est divisée en plusieurs actes où sont abordés un ensemble de concepts aux intersectionnalités multiples, mais parfois par moments en surface. On y mélange amour, réflexions sur le territoire, le genre, les identités plurielles.
Sébastien Ricard et Micha Raoutenfeld ont une complicité indéniable sur scène; on sent le travail commun dans les réflexions et les scènes, par exemple avec celle qui explore le mouvement des corps nus, apport certain de Raoutenfeld dont le parcours s’ancre dans sa double identité et dans une avidité d’influences et de pratiques diverses, dont la danse.
Les complices se sont intéressés à la figure du « monstre » que le philosophe espagnol trans Paul B. Preciado utilise pour se définir ainsi qu’à celle du Canayen, dont le géographe Jean Morisset tente de cerner l’espace et le temps à travers le vaste paysage de l’Amérique. Ricard et Raoutenfeld se mettent dans la peau de l’un et de l’autre pour entamer un dialogue où leurs théories se mélangent et s’affrontent. L’image du territoire pour parler du corps et de l’identité de genre est intéressante, mais certains aspects, comme l’origine créole ou autochtone, auraient pu être exploitées autrement, de façon plus sensible ou plus assumée en termes de récupération culturelle, par exemple.
On tente certainement, avec La chouette, de briser certains codes du théâtre conventionnel; Ricard en parle d’emblée en début de spectacle, et réussit par moment, mais d’autres semblent aussi sombrer dans ce que l’on tente de dénoncer. La pièce aurait intérêt à être resserré en moins d’une heure quarante; cela permettrait aux propos d’être moins dissipés, et au fil conducteur, qu’on sent à travers les nombreux thèmes abordés et qui soulève des questions pertinentes, intéressantes et importantes, plus fort.
Une création de Sibyllines. Une cocréation de Brigitte Haentjens, Micha Raoutenfeld et Sébastien Ricard. Texte : Sébastien Ricard. Interprétation : Micha Raoutenfeld, Sébastien Ricard. Assistance à la mise en scène et régie : Andrée-Anne Garneau. Scénographie : Anick La Bissonnière. Lumière : Martin Sirois. Costumes : Julie Charland. Accessoires : Julie Measroch. Sonorisation : Frédéric Auger. Dramaturgie : Anne-Marie Guilmaine, Mélanie Dumont. Collaboration au mouvement : Alexia Martel. Assistance aux costumes : Amandine Percival. Régie plateau : Mikha Cormier-Murphy. Direction technique : Jérémi Guilbault-Asselin. Direction de production : Émilie Martel. Résidences de création : Compagnie Marie Chouinard, Cité-des-Hospitalières en transition. Au Théâtre Prospero jusqu’au 10 mai 2025.
Les complices de longue date Sébastien Ricard et Brigitte Haentjens, accompagnés maintenant de Micha Raoutenfeld, présentent ces jours-ci un objet pour le moins inusité avec La chouette au Prospero, où se mélangent identités, philosophie, littérature et nationalisme.
La figure de l’oiseau de nuit n’est pas centrale dans cette fable intergénérationnelle, intergenres et interdisciplines, mais on y fait parfois allusion comme métaphore du mystère, du survol du territoire et de qui nous sommes.
Ricard s’essaye ici au texte. Il explore bien son propre parcours dans le style d’écriture, dans lequel on reconnait ses célèbres envolées nationalistes, son talent pour le slam et un certain cynisme sociétal, et, dans ce cas-ci, théâtral.
Le fil conducteur est parfois ténu. La pièce-performance est divisée en plusieurs actes où sont abordés un ensemble de concepts aux intersectionnalités multiples, mais parfois par moments en surface. On y mélange amour, réflexions sur le territoire, le genre, les identités plurielles.
Sébastien Ricard et Micha Raoutenfeld ont une complicité indéniable sur scène; on sent le travail commun dans les réflexions et les scènes, par exemple avec celle qui explore le mouvement des corps nus, apport certain de Raoutenfeld dont le parcours s’ancre dans sa double identité et dans une avidité d’influences et de pratiques diverses, dont la danse.
Les complices se sont intéressés à la figure du « monstre » que le philosophe espagnol trans Paul B. Preciado utilise pour se définir ainsi qu’à celle du Canayen, dont le géographe Jean Morisset tente de cerner l’espace et le temps à travers le vaste paysage de l’Amérique. Ricard et Raoutenfeld se mettent dans la peau de l’un et de l’autre pour entamer un dialogue où leurs théories se mélangent et s’affrontent. L’image du territoire pour parler du corps et de l’identité de genre est intéressante, mais certains aspects, comme l’origine créole ou autochtone, auraient pu être exploitées autrement, de façon plus sensible ou plus assumée en termes de récupération culturelle, par exemple.
On tente certainement, avec La chouette, de briser certains codes du théâtre conventionnel; Ricard en parle d’emblée en début de spectacle, et réussit par moment, mais d’autres semblent aussi sombrer dans ce que l’on tente de dénoncer. La pièce aurait intérêt à être resserré en moins d’une heure quarante; cela permettrait aux propos d’être moins dissipés, et au fil conducteur, qu’on sent à travers les nombreux thèmes abordés et qui soulève des questions pertinentes, intéressantes et importantes, plus fort.
La chouette
Une création de Sibyllines. Une cocréation de Brigitte Haentjens, Micha Raoutenfeld et Sébastien Ricard. Texte : Sébastien Ricard. Interprétation : Micha Raoutenfeld, Sébastien Ricard. Assistance à la mise en scène et régie : Andrée-Anne Garneau. Scénographie : Anick La Bissonnière. Lumière : Martin Sirois. Costumes : Julie Charland. Accessoires : Julie Measroch. Sonorisation : Frédéric Auger. Dramaturgie : Anne-Marie Guilmaine, Mélanie Dumont. Collaboration au mouvement : Alexia Martel. Assistance aux costumes : Amandine Percival. Régie plateau : Mikha Cormier-Murphy. Direction technique : Jérémi Guilbault-Asselin. Direction de production : Émilie Martel. Résidences de création : Compagnie Marie Chouinard, Cité-des-Hospitalières en transition. Au Théâtre Prospero jusqu’au 10 mai 2025.