Affirmons-le sans équivoque : rien ne sera révélé ici de ce qui se dit dans All the Sex I’ve Ever Had. Le public dans son ensemble est tenu au secret absolu, et le serment est contraignant dans la mesure où il engage la personne de la chanteuse la plus aimée du Québec… (En d’autres termes : nous avons juré sur la tête de Céline Dion de ne rien divulguer !)
Ce pacte, réalisé de manière à la fois solennelle et bon enfant pour une représentation dont les protagonistes ne sont aucunement des professionnel·les, se place en porte-à-faux avec l’entente habituelle de suspension de l’incrédulité. Ici, au contraire, tout ce qui se dit est présumé vrai. Six personnes dont le seul point commun est d’avoir plus de 65 ans prennent la parole pour raconter des épisodes marquants de leur vie sexuelle, dans une structure chronologique qui débute à leur naissance et se termine aujourd’hui même. Ces Québécois et Québécoises d’origines géographiques et sociales diverses font état d’expériences sexuelles parfois diamétralement opposées, positives et négatives, et qui brossent le tableau de l’époque extrêmement mouvementée qui a caractérisé les trois quarts de siècle écoulés depuis la fin de la Deuxième Guerre.
Les projets de Mammalian Diving Reflex rassemblent des approches de performance, de théâtre, d’installation et de vidéo pour mettre en valeur la responsabilité sociale de l’art et provoquer les dialogues de toutes sortes, en collaboration avec des personnes non-artistes de la communauté. Malgré la promesse de discrétion, il n’est pas interdit de parler de ce qui se ressent au long de ce spectacle, ni des émotions qu’il soulève. Depuis maintenant 15 ans, ce projet de la compagnie torontoise circule autour du monde, laissant dans son sillage des rires, des larmes et la sensation diffuse, pour les personnes ayant eu la chance d’y assister, d’avoir vécu quelque chose de profondément humain.
Musique et confetti
Entre conférence et groupe de parole, cette discussion ponctuée de confettis et de flûtes de champagne est tout sauf statique ou cérébrale. On rit, on danse, on sirote quelques bulles ou un petit verre de punch, on sollicite la participation du public consentant et ravi. Tout est mis en place pour que l’esprit s’ouvre à l’Autre et pour que le corps collectif, détendu et réceptif, y trouve son compte. Les récits ne sont pas toujours roses et l’on sent que la vie a laissé des marques profondes dans les âmes comme sur les corps; mais il est clair, néanmoins, qu’au cours des dernières décennies le corps a exulté plus d’une fois !
On est loin du culte du corps parfait, de l’image technologiquement « corrigée », de la jeunesse à tout prix. Au-delà de l’expérience sexuelle proprement dite, ce qui se dégage du spectacle est l’émotion de ces pudeurs qui se dévoilent, de ces identités fièrement libérées au fil des ans, de ces incongruités qui s’assument avec l’âge, et avec le sourire.
La musique qui accompagne les exposés et ponctue les changements d’époques décuple le poids émotif des récits en les situant dans une époque précise, mais aussi, souvent, à un tournant important de la vie du narrateur ou de la narratrice. Soulignons l’encadrement bienveillant d’Antoine Bédard en maître de cérémonie, ainsi que les interventions de l’équipe de production qui s’immisce à intervalles réguliers dans le spectacle pour propager, avec délicatesse, le dialogue et la bonne humeur.
On en arrive, au long de cette trop courte soirée, à oublier le carcan de l’appareil cybernétique qui guette aujourd’hui chacun de nos liens sociaux et menace de microstructurer nos rapports humains. L’effet à long terme de All the Sex I’ve Ever Had est sans doute, grâce à sa perspective historique et à sa portée sociale, d’insuffler de l’espoir, de nous dépouiller d’un peu de notre armure de cynisme et de restaurer notre confiance dans les relations humaines.
Déjà complet à Montréal, le spectacle continue sa tournée et il sera sans doute possible d’y assister, au cours des prochaines années, dans une autre ville de ce vaste monde.
Idéation et conception : Darren O’Donnell. Mise en scène : Ryan Lewis. Production et rédaction : Christian Horoszczak, Noemie Huttner-Koros, Ryan Lewis, Marie Lola Minimo. Scénographie, lumière et direction technique à la création : Christian Horoszczak. Traduction : Marilou Craft, Mycelium. Maître de cérémonie et DJ : Antoine Bédard. Coordination du projet : Marie Fannie Guay. Régie : Arthur Champagne. Direction technique : Charlie Loup S. Turcot. Direction de production : Catherine Comeau. Avec Carole, Elaine, Gérard (interprété par Denis), Isabelle, Walid et Yvon. Une création de Mammalian Diving Reflex en collaboration avec le Prospero, présenté au Théâtre Prospero jusqu’au 6 septembre 2025.
Affirmons-le sans équivoque : rien ne sera révélé ici de ce qui se dit dans All the Sex I’ve Ever Had. Le public dans son ensemble est tenu au secret absolu, et le serment est contraignant dans la mesure où il engage la personne de la chanteuse la plus aimée du Québec… (En d’autres termes : nous avons juré sur la tête de Céline Dion de ne rien divulguer !)
Ce pacte, réalisé de manière à la fois solennelle et bon enfant pour une représentation dont les protagonistes ne sont aucunement des professionnel·les, se place en porte-à-faux avec l’entente habituelle de suspension de l’incrédulité. Ici, au contraire, tout ce qui se dit est présumé vrai. Six personnes dont le seul point commun est d’avoir plus de 65 ans prennent la parole pour raconter des épisodes marquants de leur vie sexuelle, dans une structure chronologique qui débute à leur naissance et se termine aujourd’hui même. Ces Québécois et Québécoises d’origines géographiques et sociales diverses font état d’expériences sexuelles parfois diamétralement opposées, positives et négatives, et qui brossent le tableau de l’époque extrêmement mouvementée qui a caractérisé les trois quarts de siècle écoulés depuis la fin de la Deuxième Guerre.
Les projets de Mammalian Diving Reflex rassemblent des approches de performance, de théâtre, d’installation et de vidéo pour mettre en valeur la responsabilité sociale de l’art et provoquer les dialogues de toutes sortes, en collaboration avec des personnes non-artistes de la communauté. Malgré la promesse de discrétion, il n’est pas interdit de parler de ce qui se ressent au long de ce spectacle, ni des émotions qu’il soulève. Depuis maintenant 15 ans, ce projet de la compagnie torontoise circule autour du monde, laissant dans son sillage des rires, des larmes et la sensation diffuse, pour les personnes ayant eu la chance d’y assister, d’avoir vécu quelque chose de profondément humain.
Musique et confetti
Entre conférence et groupe de parole, cette discussion ponctuée de confettis et de flûtes de champagne est tout sauf statique ou cérébrale. On rit, on danse, on sirote quelques bulles ou un petit verre de punch, on sollicite la participation du public consentant et ravi. Tout est mis en place pour que l’esprit s’ouvre à l’Autre et pour que le corps collectif, détendu et réceptif, y trouve son compte. Les récits ne sont pas toujours roses et l’on sent que la vie a laissé des marques profondes dans les âmes comme sur les corps; mais il est clair, néanmoins, qu’au cours des dernières décennies le corps a exulté plus d’une fois !
On est loin du culte du corps parfait, de l’image technologiquement « corrigée », de la jeunesse à tout prix. Au-delà de l’expérience sexuelle proprement dite, ce qui se dégage du spectacle est l’émotion de ces pudeurs qui se dévoilent, de ces identités fièrement libérées au fil des ans, de ces incongruités qui s’assument avec l’âge, et avec le sourire.
La musique qui accompagne les exposés et ponctue les changements d’époques décuple le poids émotif des récits en les situant dans une époque précise, mais aussi, souvent, à un tournant important de la vie du narrateur ou de la narratrice. Soulignons l’encadrement bienveillant d’Antoine Bédard en maître de cérémonie, ainsi que les interventions de l’équipe de production qui s’immisce à intervalles réguliers dans le spectacle pour propager, avec délicatesse, le dialogue et la bonne humeur.
On en arrive, au long de cette trop courte soirée, à oublier le carcan de l’appareil cybernétique qui guette aujourd’hui chacun de nos liens sociaux et menace de microstructurer nos rapports humains. L’effet à long terme de All the Sex I’ve Ever Had est sans doute, grâce à sa perspective historique et à sa portée sociale, d’insuffler de l’espoir, de nous dépouiller d’un peu de notre armure de cynisme et de restaurer notre confiance dans les relations humaines.
Déjà complet à Montréal, le spectacle continue sa tournée et il sera sans doute possible d’y assister, au cours des prochaines années, dans une autre ville de ce vaste monde.
All the Sex I’ve Ever Had
Idéation et conception : Darren O’Donnell. Mise en scène : Ryan Lewis. Production et rédaction : Christian Horoszczak, Noemie Huttner-Koros, Ryan Lewis, Marie Lola Minimo. Scénographie, lumière et direction technique à la création : Christian Horoszczak. Traduction : Marilou Craft, Mycelium. Maître de cérémonie et DJ : Antoine Bédard. Coordination du projet : Marie Fannie Guay. Régie : Arthur Champagne. Direction technique : Charlie Loup S. Turcot. Direction de production : Catherine Comeau. Avec Carole, Elaine, Gérard (interprété par Denis), Isabelle, Walid et Yvon. Une création de Mammalian Diving Reflex en collaboration avec le Prospero, présenté au Théâtre Prospero jusqu’au 6 septembre 2025.