Avec Mademoiselle Molière, présentée ces jours-ci à la Salle Fred-Barry, Hubert Fielden signe une fois de plus un opus doublement pédagogique.
En proposant un astucieux collage de moments-clés d’une dizaine de pièces de Molière et en les liant avec des éléments biographiques (notamment certaines recherches quant à la véritable identité d’Armande Béjart, dite Mademoiselle Molière), il permet aux adolescents de « Sa Majesté le public » de découvrir autrement le dramaturge.
Rien de rébarbatif dans la présentation, au contraire. Grâce à une série de scènes qui s’enchaînent adroitement, Armande revient sur certains moments forts de sa relation souvent tumultueuse avec Jean-Baptiste Poquelin, de vingt ans son aîné.
Celles-ci nous font passer derrière le miroir en jetant un regard sur l’auteur au travail (que ce soit lors de séances d’écriture ou en répétition), intégrant des événements de sa vie amoureuse dans ses pièces, et nous rappellent que « classique » n’a pas besoin de rimer avec « statique ».
Comme avec Le P’tit Jourdain, présenté dans la même salle en 2013, Fielden n’a pas peur de mêler québécois et français dit normatif, la valetaille s’exprimant ainsi le plus souvent dans une langue truffée de clins d’œil dialectiques, souvent jouissifs.
Chemin faisant, il offre aux neuf jeunes finissants du Conservatoire d’art dramatique de Montréal qui forment La Dérive – troupe qui s’est produite lors d’une tournée en France à l’été 2013 dans quatre spectacles – un vaisseau idéal non seulement pour faire leurs premières armes sur scène, mais aussi preuve d’une belle polyvalence. En effet, ils endossent une trentaine de rôles et rendent aussi bien la farce la plus crasse (la scène de Don Juan mettant en vedette Charlotte et Pierrot par exemple, assurément circassienne) que le jeu de masques (parfois de façon un peu plus crispée) et peuvent chanter (délirant détournement d’un succès de Simon and Garfunkel d’Yves Morin, qui signe la conception musicale avec Florence Blain Mbaye).
La production est bien rodée et tous tirent habilement leur épingle du jeu, particulièrement Jean-François Beauvais (en Molière, Sganarelle et Dandin), Rose-Anne Déry (qui passe sans difficulté du personnage d’Armande âgée à celui de sa sœur Madeleine, en plus d’incarner Cathos et Célimène, qui dispose d’une réelle profondeur de registre) et Émilie Carbonneau (Armande jeune, qui établit une belle complicité avec André-Luc Tessier dans l’extrait de La Comtesse d’Escarbagnas). Tatiana Zinga Botao, qui hérite de divers rôles de soubrette, suscite le rire presque à chacune de ses apparitions.
« Suivez votre instinct, suivez votre cœur et la scène sera à vous! » Voilà une maxime bien intégrée et un spectacle qui plaira aussi bien aux néophytes qu’à ceux qui fréquentent Molière depuis toujours.
Texte et mise en scène d’Hubert Fielden. Une production de La Dérive. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 30 janvier 2015.
Avec Mademoiselle Molière, présentée ces jours-ci à la Salle Fred-Barry, Hubert Fielden signe une fois de plus un opus doublement pédagogique.
En proposant un astucieux collage de moments-clés d’une dizaine de pièces de Molière et en les liant avec des éléments biographiques (notamment certaines recherches quant à la véritable identité d’Armande Béjart, dite Mademoiselle Molière), il permet aux adolescents de « Sa Majesté le public » de découvrir autrement le dramaturge.
Rien de rébarbatif dans la présentation, au contraire. Grâce à une série de scènes qui s’enchaînent adroitement, Armande revient sur certains moments forts de sa relation souvent tumultueuse avec Jean-Baptiste Poquelin, de vingt ans son aîné.
Celles-ci nous font passer derrière le miroir en jetant un regard sur l’auteur au travail (que ce soit lors de séances d’écriture ou en répétition), intégrant des événements de sa vie amoureuse dans ses pièces, et nous rappellent que « classique » n’a pas besoin de rimer avec « statique ».
Comme avec Le P’tit Jourdain, présenté dans la même salle en 2013, Fielden n’a pas peur de mêler québécois et français dit normatif, la valetaille s’exprimant ainsi le plus souvent dans une langue truffée de clins d’œil dialectiques, souvent jouissifs.
Chemin faisant, il offre aux neuf jeunes finissants du Conservatoire d’art dramatique de Montréal qui forment La Dérive – troupe qui s’est produite lors d’une tournée en France à l’été 2013 dans quatre spectacles – un vaisseau idéal non seulement pour faire leurs premières armes sur scène, mais aussi preuve d’une belle polyvalence. En effet, ils endossent une trentaine de rôles et rendent aussi bien la farce la plus crasse (la scène de Don Juan mettant en vedette Charlotte et Pierrot par exemple, assurément circassienne) que le jeu de masques (parfois de façon un peu plus crispée) et peuvent chanter (délirant détournement d’un succès de Simon and Garfunkel d’Yves Morin, qui signe la conception musicale avec Florence Blain Mbaye).
La production est bien rodée et tous tirent habilement leur épingle du jeu, particulièrement Jean-François Beauvais (en Molière, Sganarelle et Dandin), Rose-Anne Déry (qui passe sans difficulté du personnage d’Armande âgée à celui de sa sœur Madeleine, en plus d’incarner Cathos et Célimène, qui dispose d’une réelle profondeur de registre) et Émilie Carbonneau (Armande jeune, qui établit une belle complicité avec André-Luc Tessier dans l’extrait de La Comtesse d’Escarbagnas). Tatiana Zinga Botao, qui hérite de divers rôles de soubrette, suscite le rire presque à chacune de ses apparitions.
« Suivez votre instinct, suivez votre cœur et la scène sera à vous! » Voilà une maxime bien intégrée et un spectacle qui plaira aussi bien aux néophytes qu’à ceux qui fréquentent Molière depuis toujours.
Mademoiselle Molière
Texte et mise en scène d’Hubert Fielden. Une production de La Dérive. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 30 janvier 2015.