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12ᵉ Jamais Lu : rencontre avec Benoît Drouin-Germain et Emmanuel Schwartz

Le Festival du Jamais Lu remet le couvert pour une 12e édition. Du 3 au 10 mai 2013, auteurs de tout poil, amoureux de verbes fourchus et observateurs attentifs de la relève artistique d’ici et d’ailleurs, se réunissent aux Écuries dans une ambiance de joyeux cabaret théâtral et littéraire. Pour vous mettre l’eau à la bouche et stimuler vos neurones, JEU vous propose une série de rencontres avec des auteurs de la 12e édition du Jamais Lu.

Rencontre nº 6 : Benoît Drouin-Germain et Emmanuel Schwartz


Décrivez votre pièce The Weight en trois mots. D’accord, disons six mots puisque vous êtes deux.

Bilingue. Fantastique. Éclaté. Multiculturel. Humour. Musique.

Décrivez l’un de vos personnages.

Yin Siau Phat. Il a la fin de la vingtaine. C’est un jeune homme adopté, d’origine thaïlandaise. Il a des facultés magiques, mais il a un jour décidé de ne plus les utiliser. Il parle 7 langues, notamment le latin, mais il ne trouve personne avec qui converser en latin. C’est le meilleur ami de l’un de nos héros et il est aussi le célébrant du mariage multiculturel de la pièce.

Cinq sujets abordés dans votre pièce.

L’art de vivre ensemble. La magie. Montréal. La physique. L’avenir.

Pourquoi écrire plutôt que de faire quelque chose que l’ensemble de la société jugerait utile?

Benoît : Ça doit provenir d’une certaine envie de changer le monde, la volonté d’ouvrir une porte à un dialogue qui va être différent de ceux qu’on a en ce moment en société. Si on prend le bilinguisme montréalais, puisque c’est ce qui nous intéresse dans cette pièce, c’est un sujet chaud, conflictuel, où on met la faute sur l’autre et où tout est une menace. Si on pouvait juste parler de cette chose-là d’un point de vue positif. Si on pouvait juste y voir une chance, une opportunité, ce serait extraordinaire.

Emmanuel : C’est vrai que le sentiment d’inutilité pendant qu’on écrit est grand, mais si ça peut toucher quelqu’un, le bouleverser, on ne parle même plus d’utilité à ce moment-là, on parle de révélation, on parle de quelque chose qui peut ancrer une existence au complet. 

Le Jamais Lu, qu’est-ce que ça représente pour vous?

Emmanuel : C’est ma deuxième participation comme auteur. Pour moi, ce festival est symbole de liberté. Toute l’organisation est faite en fonction de faciliter la tâche aux auteurs. Se faire accompagner de cette manière-là, c’est tellement l’opposé de ce qui se produit habituellement dans la plupart des maisons de théâtre ou des festivals. C’est précieux.

Benoît : On a cette idée-là depuis 2009. Le Jamais Lu, ça donne un cadre, un objectif, un deadline, une motivation. Sans le festival, on serait surement encore en train de se dire qu’un jour on va écrire ensemble sur ce sujet-là.

Christian Saint-Pierre

Critique de théâtre, on peut également le lire dans Le Devoir et Lettres québécoises. Il a été rédacteur en chef et directeur de JEU de 2011 à 2017.