La proposition sur papier semblait des plus attirantes : cinq auteurs (trois français, deux québécois), dix chansons, une pièce à laquelle tous auraient travaillé, présentée un soir seulement sous cette forme, une première québécoise, d’après une idée originale de la Coopérative d’écriture, un lieu d’exploration protéiforme.
« Nous deviendrions un moi pluriel, ennemi d’un monde unidimensionnel ; un moi-mouvement, ennemi d’un monde sage comme une image ; un moi complexe, ennemi d’un monde plus simple qu’il n’y paraît », peut-on lire en en-tête de manifeste. Tout un contrat! En moins de 48 heures, Marion Aubert, Simon Boulerice, Évelyne de la Chenelière, Rémi de Vos et Pauline Sales ont relevé le défi et concocté une fable dans laquelle ils ont« mêlé leurs langues », qui s’articulait autour de 10 tubes que le public devrait impérativement danser.
Quelle meilleure façon d’ériger un pont entre le vieux et le nouveau continents qu’en campant l’action dans un 767 volant de Montréal à Paris? On y retrouverait Simon, un commandant au regard si acéré que, déjà enfant, il pouvait trouver Charlie en deux secondes top chrono, peu importe le livre, qui voue un amour entier à sa fille – prénommée Charlie, bien sûr – qui se prépare à passer une audition pour Mlle Julie de Strindberg, permettant d’entrée de jeu la mise en abyme du geste théâtral. Il y aurait aussi Jean Ouellet – à ne pas prononcer Ouellette, ciel non! –, un agent de bord qui prend des cours pour devenir acteur de cinéma, qui multiplie les œillades suggestives et les conquêtes foireuses. Il fréquenterait Christine, mère monoparentale un peu dépassée par les événements il faut l’admettre et qui, à un moment, devrait composer avec ses voix intérieures lui assenant quelques vérités. Il ne faudrait pas oublier Julie, 23 ans, héritière d’un géant de l’alimentation sous vide, blogueuse émérite qui ne sait que parler d’elle, qui voyage en première classe – champagne! – avec sa tortue Auguste (qui connaîtra une fin de vie un peu cruelle dans la 9e scène).
Les cinq auteurs ont réussi à établir une galerie de personnages décapants, souvent délirants, toujours attachants, la chanson (les derniers mots de chaque scène) se laissant deviner parfois avec grande aisance (Ma p’tite Julie des Colocs ou 1990 de Jean Leloup), parfois passablement moins (Las Vegas la ville aux mille réverbères, façon de positionner le tube d’Ariane Moffat?). Peu importe! Personne n’était là pour bouder son plaisir et le plancher de danse se remplissait à chaque fois d’un seul coup, tous étant trop heureux de se trémousser, mais impatients de découvrir le « chapitre » suivant de l’histoire. Une formule à reprendre assurément lors d’une prochaine édition du Festival auquel nous souhaitons longue vie!
La proposition sur papier semblait des plus attirantes : cinq auteurs (trois français, deux québécois), dix chansons, une pièce à laquelle tous auraient travaillé, présentée un soir seulement sous cette forme, une première québécoise, d’après une idée originale de la Coopérative d’écriture, un lieu d’exploration protéiforme.
« Nous deviendrions un moi pluriel, ennemi d’un monde unidimensionnel ; un moi-mouvement, ennemi d’un monde sage comme une image ; un moi complexe, ennemi d’un monde plus simple qu’il n’y paraît », peut-on lire en en-tête de manifeste. Tout un contrat! En moins de 48 heures, Marion Aubert, Simon Boulerice, Évelyne de la Chenelière, Rémi de Vos et Pauline Sales ont relevé le défi et concocté une fable dans laquelle ils ont« mêlé leurs langues », qui s’articulait autour de 10 tubes que le public devrait impérativement danser.
Quelle meilleure façon d’ériger un pont entre le vieux et le nouveau continents qu’en campant l’action dans un 767 volant de Montréal à Paris? On y retrouverait Simon, un commandant au regard si acéré que, déjà enfant, il pouvait trouver Charlie en deux secondes top chrono, peu importe le livre, qui voue un amour entier à sa fille – prénommée Charlie, bien sûr – qui se prépare à passer une audition pour Mlle Julie de Strindberg, permettant d’entrée de jeu la mise en abyme du geste théâtral. Il y aurait aussi Jean Ouellet – à ne pas prononcer Ouellette, ciel non! –, un agent de bord qui prend des cours pour devenir acteur de cinéma, qui multiplie les œillades suggestives et les conquêtes foireuses. Il fréquenterait Christine, mère monoparentale un peu dépassée par les événements il faut l’admettre et qui, à un moment, devrait composer avec ses voix intérieures lui assenant quelques vérités. Il ne faudrait pas oublier Julie, 23 ans, héritière d’un géant de l’alimentation sous vide, blogueuse émérite qui ne sait que parler d’elle, qui voyage en première classe – champagne! – avec sa tortue Auguste (qui connaîtra une fin de vie un peu cruelle dans la 9e scène).
Les cinq auteurs ont réussi à établir une galerie de personnages décapants, souvent délirants, toujours attachants, la chanson (les derniers mots de chaque scène) se laissant deviner parfois avec grande aisance (Ma p’tite Julie des Colocs ou 1990 de Jean Leloup), parfois passablement moins (Las Vegas la ville aux mille réverbères, façon de positionner le tube d’Ariane Moffat?). Peu importe! Personne n’était là pour bouder son plaisir et le plancher de danse se remplissait à chaque fois d’un seul coup, tous étant trop heureux de se trémousser, mais impatients de découvrir le « chapitre » suivant de l’histoire. Une formule à reprendre assurément lors d’une prochaine édition du Festival auquel nous souhaitons longue vie!