Une vie pour deux (la chair et autres fragments de l’amour), c’est d’abord un roman de Marie Cardinal, paru il y a 35 ans. Puis, Évelyne de la Chenelière l’a adapté pour en faire une pièce de théâtre, mise en scène par Alice Ronfard, fille de l’auteure, présentée à l’Espace Go la saison dernière, et en reprise à partir du 22 octobre 2013. Enfin, c’est devenu un film-essai, un «objet artistique» réalisé par Luc Bourdon et Alice Ronfard.
Mieux qu’une captation de la pièce, il s’agit plutôt d’une re-création, une appropriation du théâtre par le cinéma, animée par la volonté de garder une trace de l’éphémère. Un devoir de mémoire. De la part de Luc Bourdon, le réalisateur de La Mémoire des anges, documentaire fait uniquement à partir des films d’archives de l’ONF, ça n’a rien d’étonnant…
Le film s’ouvre sur une entrevue de Marie Cardinal à l’émission Apostrophes, animée par Bernard Pivot, en août 1978. Elle parle de son roman, dans lequel elle dépeint un couple à la dérive, parti en vacances en Irlande. Sur la plage, Jean découvre un cadavre. Cette rencontre le bouleverse à un point tel que Simone va s’acharner, pour tenter de retrouver son amour, à écrire une histoire à cette morte, Mary. Hommage discret à Marie Cardinal, ce document livre les clés pour la pièce qui va suivre, à laquelle Évelyne de la Chenelière a donné une autre perspective: celle de l’auteure qui devient aphasique, qui perd ses mots, ces mots qui étaient toute sa vie.
Le film montre ce qu’on ne voit jamais au théâtre. Les cadrages serrés scrutent le visage des acteurs, sculptent les regards denses et profonds, suivent les larmes qui naissent et coulent comme s’écoule le texte, fluide et grave, rythmé par le chuintement des vagues qui meurent sur la plage, comme les noyées.
Donnant au texte une intensité rare, parfois violente, Violette Chauveau, Évelyne de la Chenelière et Jean-François Casabonne sont littéralement sublimés par la caméra. Les gros plans augmentent l’étouffante impression d’enfermement dans un triangle amoureux morbide et désespéré, et pourtant lumineux. La scène finale de Violette Chauveau est d’une émotion à couper le souffle.
Une vie pour deux. Réalisation: Luc Bourdon et Alice Ronfard. Production de PRIM. Présenté au Cinéma Excentris, à l’occasion du Festival du nouveau cinéma, le 14 octobre à 19h30 et le 17 octobre à 13h.
Une vie pour deux (la chair et autres fragments de l’amour), c’est d’abord un roman de Marie Cardinal, paru il y a 35 ans. Puis, Évelyne de la Chenelière l’a adapté pour en faire une pièce de théâtre, mise en scène par Alice Ronfard, fille de l’auteure, présentée à l’Espace Go la saison dernière, et en reprise à partir du 22 octobre 2013. Enfin, c’est devenu un film-essai, un «objet artistique» réalisé par Luc Bourdon et Alice Ronfard.
Mieux qu’une captation de la pièce, il s’agit plutôt d’une re-création, une appropriation du théâtre par le cinéma, animée par la volonté de garder une trace de l’éphémère. Un devoir de mémoire. De la part de Luc Bourdon, le réalisateur de La Mémoire des anges, documentaire fait uniquement à partir des films d’archives de l’ONF, ça n’a rien d’étonnant…
Le film s’ouvre sur une entrevue de Marie Cardinal à l’émission Apostrophes, animée par Bernard Pivot, en août 1978. Elle parle de son roman, dans lequel elle dépeint un couple à la dérive, parti en vacances en Irlande. Sur la plage, Jean découvre un cadavre. Cette rencontre le bouleverse à un point tel que Simone va s’acharner, pour tenter de retrouver son amour, à écrire une histoire à cette morte, Mary. Hommage discret à Marie Cardinal, ce document livre les clés pour la pièce qui va suivre, à laquelle Évelyne de la Chenelière a donné une autre perspective: celle de l’auteure qui devient aphasique, qui perd ses mots, ces mots qui étaient toute sa vie.
Le film montre ce qu’on ne voit jamais au théâtre. Les cadrages serrés scrutent le visage des acteurs, sculptent les regards denses et profonds, suivent les larmes qui naissent et coulent comme s’écoule le texte, fluide et grave, rythmé par le chuintement des vagues qui meurent sur la plage, comme les noyées.
Donnant au texte une intensité rare, parfois violente, Violette Chauveau, Évelyne de la Chenelière et Jean-François Casabonne sont littéralement sublimés par la caméra. Les gros plans augmentent l’étouffante impression d’enfermement dans un triangle amoureux morbide et désespéré, et pourtant lumineux. La scène finale de Violette Chauveau est d’une émotion à couper le souffle.
Une vie pour deux. Réalisation: Luc Bourdon et Alice Ronfard. Production de PRIM. Présenté au Cinéma Excentris, à l’occasion du Festival du nouveau cinéma, le 14 octobre à 19h30 et le 17 octobre à 13h.