Un thriller d’action, sombre, porté par une intrigue complexe: ceux qui se risquent au genre ne sont pas légion. La compagnie Des miettes dans la caboche offre la première adaptation québécoise de Coronado, du géant de la littérature américaine Dennis Lehane, au grand bonheur des amateurs de polars et de propositions théâtrales différentes.
C’est au son de la Danse macabre de Camille Saint-Saëns que s’ouvre le spectacle. Le récit a quelque chose d’un tango funèbre et les personnages, au nom de l’amour, dansent avec la mort. Nous sommes dans un bar d’une ville américaine sans importance. Dans un coin, un psychologue et sa patiente, attablés autour de plusieurs bières, dérogeant à l’éthique professionnelle. Dans un autre, un fils soupçonne son père d’avoir tué son amoureuse. Plus loin, deux amants planifient le meurtre du mari pour pouvoir vivre au grand jour leur passion. On est en présence de gens ordinaires, qui mettent le pied dans des engrenages de crime et qui, par amour, glissent dans une spirale de violence.
Maître dans l’art de tisser des intrigues (on pense à Mystic River, Gone Baby Gone ou Shutter Island), Dennis Lehane a façonné une toile riche pour sa seule pièce de théâtre à ce jour. Les personnages sont-ils liés les uns aux autres? Peut-être que oui, peut-être que non: l’auteur nous donne la liberté de prendre son texte comme un casse-tête à résoudre ou de simplement le voir se former devant nous. On ne vous dit pas le bonheur de découvrir certaines ficelles de l’intrigue alors qu’on ne les cherchait même pas…
Sur scène, les huit acteurs sont toujours présents, dans une orchestration fine et fluide signée Olivier Lépine. Avec sa trame musicale puissante et les mouvements presque chorégraphiques insufflés à l’action, le jeune metteur en scène nous offre une fois de plus une ambiance cinématographique dans un écrin profondément théâtral. On aurait toutefois souhaité que certains acteurs assouplissent leur façon de rendre la langue si musicale de Lehane. Plusieurs d’entre eux n’ont pas su s’approprier le ton saccadé des répliques de l’auteur. Composée de courtes scènes au rythme rapide, la pièce ne laisse aucune place pour rater le coche. En revanche, soulignons le travail exceptionnel de la trop rare Sophie Dion, qui nous a éblouis du début à la fin.
Le succès des romans de Dennis Lehane repose entre autres sur les réflexions sous-jacentes aux intrigues, portées par des gens ordinaires. Sa pièce Coronado propose le même mélange: du théâtre pour les amateurs de suspense qui ne se contente pas de présenter une intrigue, mais nous balance en plein visage un miroir pas toujours déformant, un collier de réflexions sur l’amour et le sens de la vie. L’auteur de Mystic River écrit d’excellents romans, devenus d’excellents films. Sa première pièce propose un grand moment de théâtre, grâce à la compagnie Des miettes dans la caboche.
Coronado. Texte: Dennis Lehane. Mise en scène: Olivier Lépine. Production de la compagnie Des miettes dans la caboche. À Premier Acte jusqu’au 2 novembre 2013.
Un thriller d’action, sombre, porté par une intrigue complexe: ceux qui se risquent au genre ne sont pas légion. La compagnie Des miettes dans la caboche offre la première adaptation québécoise de Coronado, du géant de la littérature américaine Dennis Lehane, au grand bonheur des amateurs de polars et de propositions théâtrales différentes.
C’est au son de la Danse macabre de Camille Saint-Saëns que s’ouvre le spectacle. Le récit a quelque chose d’un tango funèbre et les personnages, au nom de l’amour, dansent avec la mort. Nous sommes dans un bar d’une ville américaine sans importance. Dans un coin, un psychologue et sa patiente, attablés autour de plusieurs bières, dérogeant à l’éthique professionnelle. Dans un autre, un fils soupçonne son père d’avoir tué son amoureuse. Plus loin, deux amants planifient le meurtre du mari pour pouvoir vivre au grand jour leur passion. On est en présence de gens ordinaires, qui mettent le pied dans des engrenages de crime et qui, par amour, glissent dans une spirale de violence.
Maître dans l’art de tisser des intrigues (on pense à Mystic River, Gone Baby Gone ou Shutter Island), Dennis Lehane a façonné une toile riche pour sa seule pièce de théâtre à ce jour. Les personnages sont-ils liés les uns aux autres? Peut-être que oui, peut-être que non: l’auteur nous donne la liberté de prendre son texte comme un casse-tête à résoudre ou de simplement le voir se former devant nous. On ne vous dit pas le bonheur de découvrir certaines ficelles de l’intrigue alors qu’on ne les cherchait même pas…
Sur scène, les huit acteurs sont toujours présents, dans une orchestration fine et fluide signée Olivier Lépine. Avec sa trame musicale puissante et les mouvements presque chorégraphiques insufflés à l’action, le jeune metteur en scène nous offre une fois de plus une ambiance cinématographique dans un écrin profondément théâtral. On aurait toutefois souhaité que certains acteurs assouplissent leur façon de rendre la langue si musicale de Lehane. Plusieurs d’entre eux n’ont pas su s’approprier le ton saccadé des répliques de l’auteur. Composée de courtes scènes au rythme rapide, la pièce ne laisse aucune place pour rater le coche. En revanche, soulignons le travail exceptionnel de la trop rare Sophie Dion, qui nous a éblouis du début à la fin.
Le succès des romans de Dennis Lehane repose entre autres sur les réflexions sous-jacentes aux intrigues, portées par des gens ordinaires. Sa pièce Coronado propose le même mélange: du théâtre pour les amateurs de suspense qui ne se contente pas de présenter une intrigue, mais nous balance en plein visage un miroir pas toujours déformant, un collier de réflexions sur l’amour et le sens de la vie. L’auteur de Mystic River écrit d’excellents romans, devenus d’excellents films. Sa première pièce propose un grand moment de théâtre, grâce à la compagnie Des miettes dans la caboche.
Coronado. Texte: Dennis Lehane. Mise en scène: Olivier Lépine. Production de la compagnie Des miettes dans la caboche. À Premier Acte jusqu’au 2 novembre 2013.