Trois frères: François l’informaticien, Yvon l’avocat, David le dentiste. Trois belles-sœurs qui n’ont rien, mais absolument rien en commun. Christelle vend des propriétés de luxe et porte des vêtements griffés. Martine ne peut s’empêcher de corriger les erreurs de syntaxe, mais possède une redoutable langue de vipère. Nicole, femme au foyer, vaguement nunuche, lève même la main pour parler et mettre son grain de sel – ou de sable dans l’engrenage.
Elle a eu l’idée plus ou moins heureuse d’inviter Talia, secrétaire de son mari, à la pendaison de crémaillère. La voluptueuse créature, qui connaît intimement les trois frères, sèmera en quelques phrases assassines le trouble et la soirée un chouia engoncée tournera rapidement au règlement de compte.
L’esprit de famille d’Éric Assous avait d’abord été présenté en 2011 au Théâtre de Rougemont et dégage un parfum estival certain. Les portes claquent, les quiproquos se multiplient, les personnages sont campés à gros traits. Quelques répliques suffisent pour comprendre les motivations et surtout les faiblesses de chacun.
L’adaptation de Michel Tremblay se décline plutôt comme une transposition, étonnamment humble, de cette comédie parisienne qui avait remporté cinq Molières lors de sa création en 2007. Le ton, l’intonation et les référents se veulent assurément québécois, mais pas une seconde Tremblay ne surimpose son univers à celui d’Assous.
Monique Duceppe a souhaité réunir la distribution originale, l’esprit de famille plus ou moins absent de cette maison de campagne cossue étant clairement perceptible entre les comédiens qui, d’ici quelques jours, auront mieux cerné l’espace à accorder aux rires des spectateurs entre les répliques. Catherine Florent joue la carte de la femme presque fatale avec un sans-gêne étonnant. Anne Casabonne, dans un personnage proche parent de sa Claude de La galère, revisite ce registre avec un plaisir évident.
Le choix de Monique Duceppe de maximiser le côté désemparé de Nicole laisse parfois Catherine-Anne Toupin dans une situation délicate quand son personnage doit faire volte-face et prendre une autre dimension. Linda Sorgini se révèle imparable en professeure déplaisante, mais pas totalement inébranlable. Les trois frères (Antoine Durand, Roger La Rue et Yves Bélanger) servent ici plus ou moins de faire-valoir à ces belles-sœurs (d’ailleurs le titre original de la pièce) qui n’hésitent pas une seule seconde à laver leur linge sale en famille.
Quelques jours à peine avant d’être plongé de gré ou de force «dans l’esprit des fêtes», il faut admettre qu’il y a quelque chose d’assez troublant à savourer cette comédie grinçante, qui suscite sans contredit le rire jaune (qui n’a pas vécu l’une ou l’autre des situations évoquées?) malgré son apparente légèreté. Miroir, miroir, dis-moi quelle famille est la moins dysfonctionnelle?
L’esprit de famille. Texte: Éric Assous. Mise en scène: Monique Duceppe. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 8 février 2014.
Trois frères: François l’informaticien, Yvon l’avocat, David le dentiste. Trois belles-sœurs qui n’ont rien, mais absolument rien en commun. Christelle vend des propriétés de luxe et porte des vêtements griffés. Martine ne peut s’empêcher de corriger les erreurs de syntaxe, mais possède une redoutable langue de vipère. Nicole, femme au foyer, vaguement nunuche, lève même la main pour parler et mettre son grain de sel – ou de sable dans l’engrenage.
Elle a eu l’idée plus ou moins heureuse d’inviter Talia, secrétaire de son mari, à la pendaison de crémaillère. La voluptueuse créature, qui connaît intimement les trois frères, sèmera en quelques phrases assassines le trouble et la soirée un chouia engoncée tournera rapidement au règlement de compte.
L’esprit de famille d’Éric Assous avait d’abord été présenté en 2011 au Théâtre de Rougemont et dégage un parfum estival certain. Les portes claquent, les quiproquos se multiplient, les personnages sont campés à gros traits. Quelques répliques suffisent pour comprendre les motivations et surtout les faiblesses de chacun.
L’adaptation de Michel Tremblay se décline plutôt comme une transposition, étonnamment humble, de cette comédie parisienne qui avait remporté cinq Molières lors de sa création en 2007. Le ton, l’intonation et les référents se veulent assurément québécois, mais pas une seconde Tremblay ne surimpose son univers à celui d’Assous.
Monique Duceppe a souhaité réunir la distribution originale, l’esprit de famille plus ou moins absent de cette maison de campagne cossue étant clairement perceptible entre les comédiens qui, d’ici quelques jours, auront mieux cerné l’espace à accorder aux rires des spectateurs entre les répliques. Catherine Florent joue la carte de la femme presque fatale avec un sans-gêne étonnant. Anne Casabonne, dans un personnage proche parent de sa Claude de La galère, revisite ce registre avec un plaisir évident.
Le choix de Monique Duceppe de maximiser le côté désemparé de Nicole laisse parfois Catherine-Anne Toupin dans une situation délicate quand son personnage doit faire volte-face et prendre une autre dimension. Linda Sorgini se révèle imparable en professeure déplaisante, mais pas totalement inébranlable. Les trois frères (Antoine Durand, Roger La Rue et Yves Bélanger) servent ici plus ou moins de faire-valoir à ces belles-sœurs (d’ailleurs le titre original de la pièce) qui n’hésitent pas une seule seconde à laver leur linge sale en famille.
Quelques jours à peine avant d’être plongé de gré ou de force «dans l’esprit des fêtes», il faut admettre qu’il y a quelque chose d’assez troublant à savourer cette comédie grinçante, qui suscite sans contredit le rire jaune (qui n’a pas vécu l’une ou l’autre des situations évoquées?) malgré son apparente légèreté. Miroir, miroir, dis-moi quelle famille est la moins dysfonctionnelle?
L’esprit de famille. Texte: Éric Assous. Mise en scène: Monique Duceppe. Au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 8 février 2014.