Le dernier né de la compagnie Parabollik Guérilla est ce qu’il est convenu d’appeler un objet spectaculaire non identifié. Il faut dire qu’Alexander Wilson et Mélanie Verville jonglent avec des concepts aussi pointus que l’anisotropie du cosmos, la fluctuation quantique ou la stochasticité intrinsèque du vide pur comme d’autres parlent de la pluie et du beau temps. Ça vous donne une idée du ton de cette création dont les mots, précisons-le, sont à peu près absents.
Je n’ai pas eu la chance de voir la précédente réalisation de la compagnie, Homo Faber, méditation multimédia sur l’aliénation du corps par le travail présentée Aux Écuries en 2010, mais il me semble que la rumeur avait été plutôt positive. Quoi qu’il en soit, Organon, qui tient en ce moment même l’affiche du Théâtre La Chapelle, offre soixante minutes de perplexité, mais aussi, et peut-être même surtout, d’exaspération.
La scène semble se dérouler à la surface d’une planète froide et désertique. Recouvert de tulle créant replis et cratères, le sol a quelque chose de lunaire. Avec leurs vêtements de couleur chair, leurs visages annihilés et leurs perruques de longs cheveux blonds, les performeurs rampent, marchent à reculons, à deux ou à quatre pattes. Au final, des astronautes s’ajouteront à cette étrange tribu, une communauté dont l’agitation ne cesse à vrai dire de nous paraître infondée, mais qui, il faut le reconnaître, donne naissance à quelques belles images ici et là.
La teneur extraterrestre de l’aventure ne trouve pas vraiment de signification, elle n’est jamais drôle, souvent farfelue, quand elle n’est pas carrément risible. On pourrait en dire autant de la musique et des projections, d’inexplicables évocations des années 70. Ça semble fait sans une once d’ironie ou de dérision. À quoi tout cela rime-t-il? Plus agaçant encore est le ton ésotérique de la représentation, sa nature pseudo-scientifique, vaguement philosophique.
En voulant traiter «des dimensions cachées de la réalité», les créateurs d’Organon on peut-être un peu trop intensément épousé le caractère abscons – «asymétrique», disent-ils – de leur sujet. Traduire une réflexion aussi complexe «en images sensibles et parlantes» n’est pas simple. Pour ceux qui n’arriveront pas à syntoniser la fréquence bien peu fréquentée sur laquelle émet le tandem, le voyage risque d’être une douloureuse épreuve. Vous aurez été prévenus.
Organon. Conception et mise en scène: Alexander Wilson et Mélanie Verville. Une production de Parabolik Guérilla Théâtre. Au Théâtre La Chapelle, jusqu’au 8 février 2014.
Le dernier né de la compagnie Parabollik Guérilla est ce qu’il est convenu d’appeler un objet spectaculaire non identifié. Il faut dire qu’Alexander Wilson et Mélanie Verville jonglent avec des concepts aussi pointus que l’anisotropie du cosmos, la fluctuation quantique ou la stochasticité intrinsèque du vide pur comme d’autres parlent de la pluie et du beau temps. Ça vous donne une idée du ton de cette création dont les mots, précisons-le, sont à peu près absents.
Je n’ai pas eu la chance de voir la précédente réalisation de la compagnie, Homo Faber, méditation multimédia sur l’aliénation du corps par le travail présentée Aux Écuries en 2010, mais il me semble que la rumeur avait été plutôt positive. Quoi qu’il en soit, Organon, qui tient en ce moment même l’affiche du Théâtre La Chapelle, offre soixante minutes de perplexité, mais aussi, et peut-être même surtout, d’exaspération.
La scène semble se dérouler à la surface d’une planète froide et désertique. Recouvert de tulle créant replis et cratères, le sol a quelque chose de lunaire. Avec leurs vêtements de couleur chair, leurs visages annihilés et leurs perruques de longs cheveux blonds, les performeurs rampent, marchent à reculons, à deux ou à quatre pattes. Au final, des astronautes s’ajouteront à cette étrange tribu, une communauté dont l’agitation ne cesse à vrai dire de nous paraître infondée, mais qui, il faut le reconnaître, donne naissance à quelques belles images ici et là.
La teneur extraterrestre de l’aventure ne trouve pas vraiment de signification, elle n’est jamais drôle, souvent farfelue, quand elle n’est pas carrément risible. On pourrait en dire autant de la musique et des projections, d’inexplicables évocations des années 70. Ça semble fait sans une once d’ironie ou de dérision. À quoi tout cela rime-t-il? Plus agaçant encore est le ton ésotérique de la représentation, sa nature pseudo-scientifique, vaguement philosophique.
En voulant traiter «des dimensions cachées de la réalité», les créateurs d’Organon on peut-être un peu trop intensément épousé le caractère abscons – «asymétrique», disent-ils – de leur sujet. Traduire une réflexion aussi complexe «en images sensibles et parlantes» n’est pas simple. Pour ceux qui n’arriveront pas à syntoniser la fréquence bien peu fréquentée sur laquelle émet le tandem, le voyage risque d’être une douloureuse épreuve. Vous aurez été prévenus.
Organon. Conception et mise en scène: Alexander Wilson et Mélanie Verville. Une production de Parabolik Guérilla Théâtre. Au Théâtre La Chapelle, jusqu’au 8 février 2014.