Montée pour la première fois au Québec, Frozen, de la Britannique Bryony Lavery, explore les méandres du pardon et de la résilience à travers l’histoire d’une mère, dont la petite fille disparue est retrouvée morte. Sur une vingtaine d’années, on suit les trajectoires de cette femme, de l’homme qui a commis l’impensable et d’une psychiatre, qui a passé sa vie à étudier le cerveau des meurtriers. Entre les trois, un point commun: ils souffrent dans un relatif silence, comme si leurs émotions étaient enfouies sous une glace difficile à briser.
Pédophilie, viol, meurtre, l’auteure n’épargne en rien le spectateur de Frozen. À la violence des thèmes, elle ajoute une réflexion sur le deuil, le pardon et la difficulté de sortir des eaux profondes de la souffrance.
Jeremy Peter Allen, dont nous avions beaucoup aimé le film Manners of dying, semble avoir eu du mal à trouver son langage théâtral et n’explore jamais les possibilités de la dramaturgie. La première mise en scène professionnelle du cinéaste souffre d’une redondance d’images et de surlignement d’éléments du texte, pourtant déjà autoportants. Le trio d’acteur voit ainsi son espace d’évocation nettement réduit.
Dans le rôle de la mère, Marie-Ginette Guay parvient à livrer quelques scènes prenantes, notamment dans un face à face avec le tueur (solide Éric Leblanc) où, pour une fois, l’utilisation de projections ajoutent au lieu de nuire. Le spectateur est rivé au visage de cette mère qui, devant l’homme qui a violé et tué son enfant, passe par un subtil mélange de naïveté, de colère, d’ouverture et de volonté de pardon. Ici, les procédés filmiques de Allen nous offrent un gros plan sur l’immense talent de Guay. Est-elle dans le déni, va-t-elle éclater? L’auteure a su composer un personnage riche et complexe dont les réactions face au drame ne cessent de nous surprendre.
Dans ce duo victime-tueur s’immisce la psychiatre Agnetha, un personnage flou, souvent coincé devant un lutrin à faire défiler des diapositives. Nancy Bernier n’a que peu de place pour défendre un personnage mal défini et maladroitement intégré à l’action.
Les gens du milieu de la justice réparatrice et les psychologues s’agiteront probablement sur leur siège devant un tel plaidoyer sans nuance, pétri d’explications psychologiques complexes parfois simplifiées à outrance. Quant aux amateurs d’un théâtre ouvert à l’imaginaire, ils se sentiront probablement trop guidés dans ce chemin pourtant fascinant qu’est la résilience humaine.
Frozen (Océan Arctique). Texte de Bryony Lavery. Traduction et mise en scène de Jeremy Peter Allen. Au Théâtre de la Bordée jusqu’au 29 mars.
Montée pour la première fois au Québec, Frozen, de la Britannique Bryony Lavery, explore les méandres du pardon et de la résilience à travers l’histoire d’une mère, dont la petite fille disparue est retrouvée morte. Sur une vingtaine d’années, on suit les trajectoires de cette femme, de l’homme qui a commis l’impensable et d’une psychiatre, qui a passé sa vie à étudier le cerveau des meurtriers. Entre les trois, un point commun: ils souffrent dans un relatif silence, comme si leurs émotions étaient enfouies sous une glace difficile à briser.
Pédophilie, viol, meurtre, l’auteure n’épargne en rien le spectateur de Frozen. À la violence des thèmes, elle ajoute une réflexion sur le deuil, le pardon et la difficulté de sortir des eaux profondes de la souffrance.
Jeremy Peter Allen, dont nous avions beaucoup aimé le film Manners of dying, semble avoir eu du mal à trouver son langage théâtral et n’explore jamais les possibilités de la dramaturgie. La première mise en scène professionnelle du cinéaste souffre d’une redondance d’images et de surlignement d’éléments du texte, pourtant déjà autoportants. Le trio d’acteur voit ainsi son espace d’évocation nettement réduit.
Dans le rôle de la mère, Marie-Ginette Guay parvient à livrer quelques scènes prenantes, notamment dans un face à face avec le tueur (solide Éric Leblanc) où, pour une fois, l’utilisation de projections ajoutent au lieu de nuire. Le spectateur est rivé au visage de cette mère qui, devant l’homme qui a violé et tué son enfant, passe par un subtil mélange de naïveté, de colère, d’ouverture et de volonté de pardon. Ici, les procédés filmiques de Allen nous offrent un gros plan sur l’immense talent de Guay. Est-elle dans le déni, va-t-elle éclater? L’auteure a su composer un personnage riche et complexe dont les réactions face au drame ne cessent de nous surprendre.
Dans ce duo victime-tueur s’immisce la psychiatre Agnetha, un personnage flou, souvent coincé devant un lutrin à faire défiler des diapositives. Nancy Bernier n’a que peu de place pour défendre un personnage mal défini et maladroitement intégré à l’action.
Les gens du milieu de la justice réparatrice et les psychologues s’agiteront probablement sur leur siège devant un tel plaidoyer sans nuance, pétri d’explications psychologiques complexes parfois simplifiées à outrance. Quant aux amateurs d’un théâtre ouvert à l’imaginaire, ils se sentiront probablement trop guidés dans ce chemin pourtant fascinant qu’est la résilience humaine.
Frozen (Océan Arctique). Texte de Bryony Lavery. Traduction et mise en scène de Jeremy Peter Allen. Au Théâtre de la Bordée jusqu’au 29 mars.