La cuisine : pôle d’attraction de toute maison, lieu des rassemblements, des confidences. Pour sa 13e production, les Sept doigts de la main ont décidé d’y élire domicile, mais surtout de convier le public à la fête, de façon directe dans certains cas.
En effet, alors que spectateurs s’assoient, les neuf acrobates entrent en contact avec eux, parlent un peu de leur parcours, attrapent quelques bribes de vie, qui seront partagées au microphone.
Pendant la représentation elle-même, une chanceuse deviendra flamme d’un soir et pourra goûter l’omelette parfaite constituée d’œufs, d’oignons, de poivrons… et d’amour. La recette était assurément au point vendredi, Stéphanie se prêtant au jeu avec un naturel confondant. Un peu plus tard, le soufflé retombera un peu mollement alors que trois inconnus convoqués sur scène auront bien du mal à briser la glace autour d’une coupelle d’olives. Côté disparition du quatrième mur, le déambulatoire proposé en prélude d’Intersection en juillet aura selon moi mieux fonctionné, tout comme la tension de l’arc narratif, un peu en dents de scie.
Certes, certains moments restent particulièrement magiques. Impossible par exemple d’oublier la poésie mâtinée de tendresse du numéro aérien d’Anna Kichtchenko jumelé à une recette de bortsch ou le main à main de Mishannock Ferrero et Émile Pineault, véritable ode à l’amitié masculine sur une très belle pièce de Nans Bortuzzo.
D’autres inspirent, comme le duo de Sidney Iking Bateman et Melvin Diggs, pendant lequel les deux complices, récents diplômés de l’École nationale de cirque, passent à travers des cerceaux carrés, autant d’obstacles que les deux natifs de St Louis ont dû abolir avant d’atteindre une telle maîtrise.
Un numéro bouleverse : la prestation au mât chinois de Matias Plaul (qui faisait également partie de la distribution d’Intersection) alors qu’il raconte comment son père a été enlevé en Argentine pour des raisons politiques et imagine ce que celui-ci aurait souhaité comme dernier repas.
Avec cela, on aura droit à un pastiche d’une émission de cuisine qui ne déparerait pas certains postes d’infopub, une énumération de desserts, des interactions amusantes, mais aussi un segment inutilement long de Gabriela Parigi à la signature indéterminée, entre art clownesque et acrobatie plus traditionnelle, sur une relecture plus ou moins convaincante de Tango Till They’re Sore de Cyrille Aimée et Assaf Gleizner.
En dégustant ce menu préparé au gré des spécialités de chacun, le spectateur ne se sent pas lésé. Il préférera forcément le piquant d’un numéro, l’acidité d’un autre. Aura-t-il l’impression d’avoir été convié à un festin dont chaque élément a été réfléchi, intégré, transcendé? Peut-être pas, mais parfois, on recherche la convivialité plutôt que le raffinement.
Mise en scène de Shana Carrol et Sébastien Soldevila. Une production Les 7 doigts de la main. À la Tohu jusqu’au 16 novembre 2014.
La cuisine : pôle d’attraction de toute maison, lieu des rassemblements, des confidences. Pour sa 13e production, les Sept doigts de la main ont décidé d’y élire domicile, mais surtout de convier le public à la fête, de façon directe dans certains cas.
En effet, alors que spectateurs s’assoient, les neuf acrobates entrent en contact avec eux, parlent un peu de leur parcours, attrapent quelques bribes de vie, qui seront partagées au microphone.
Pendant la représentation elle-même, une chanceuse deviendra flamme d’un soir et pourra goûter l’omelette parfaite constituée d’œufs, d’oignons, de poivrons… et d’amour. La recette était assurément au point vendredi, Stéphanie se prêtant au jeu avec un naturel confondant. Un peu plus tard, le soufflé retombera un peu mollement alors que trois inconnus convoqués sur scène auront bien du mal à briser la glace autour d’une coupelle d’olives. Côté disparition du quatrième mur, le déambulatoire proposé en prélude d’Intersection en juillet aura selon moi mieux fonctionné, tout comme la tension de l’arc narratif, un peu en dents de scie.
Certes, certains moments restent particulièrement magiques. Impossible par exemple d’oublier la poésie mâtinée de tendresse du numéro aérien d’Anna Kichtchenko jumelé à une recette de bortsch ou le main à main de Mishannock Ferrero et Émile Pineault, véritable ode à l’amitié masculine sur une très belle pièce de Nans Bortuzzo.
D’autres inspirent, comme le duo de Sidney Iking Bateman et Melvin Diggs, pendant lequel les deux complices, récents diplômés de l’École nationale de cirque, passent à travers des cerceaux carrés, autant d’obstacles que les deux natifs de St Louis ont dû abolir avant d’atteindre une telle maîtrise.
Un numéro bouleverse : la prestation au mât chinois de Matias Plaul (qui faisait également partie de la distribution d’Intersection) alors qu’il raconte comment son père a été enlevé en Argentine pour des raisons politiques et imagine ce que celui-ci aurait souhaité comme dernier repas.
Avec cela, on aura droit à un pastiche d’une émission de cuisine qui ne déparerait pas certains postes d’infopub, une énumération de desserts, des interactions amusantes, mais aussi un segment inutilement long de Gabriela Parigi à la signature indéterminée, entre art clownesque et acrobatie plus traditionnelle, sur une relecture plus ou moins convaincante de Tango Till They’re Sore de Cyrille Aimée et Assaf Gleizner.
En dégustant ce menu préparé au gré des spécialités de chacun, le spectateur ne se sent pas lésé. Il préférera forcément le piquant d’un numéro, l’acidité d’un autre. Aura-t-il l’impression d’avoir été convié à un festin dont chaque élément a été réfléchi, intégré, transcendé? Peut-être pas, mais parfois, on recherche la convivialité plutôt que le raffinement.
Cuisine et confessions
Mise en scène de Shana Carrol et Sébastien Soldevila. Une production Les 7 doigts de la main. À la Tohu jusqu’au 16 novembre 2014.