Dire qu’Olivier est perdu est un euphémisme. Ne sachant plus ni qui il est, ni quel sens donner à sa vie, il se lance dans un processus d’autodestruction assez systématique, dès la minute où il traverse le parc en face de chez lui et franchit la porte de ce bloc-appartements où un 2 1/2 est à louer au sous-sol.
Le hall de l’immeuble, c’est l’entrée des enfers, où le diable prend la forme de voisins envahissants qui soignent leurs propres névroses en tentant de s’approprier le nouveau-venu, où les murs laissent passer les sons et les êtres, où l’individualité comme l’espace et le temps se dissolvent dans un magma de désirs inassouvis que l’on projette sur l’autre.
Il y a la concierge, Sylvie (excellente Sandrine Bisson), qui, pour ses locataires, joue à la fois le rôle d’amante et de mère nourricière et consolante; Alex(e) (Marilyn Castonguay), l’ancienne occupante du 2 1/2, qui transfère sur Olivier ses questionnements de genre ; Monsieur Picard (Marcel Pomerlo), qui se plaint du bruit et aimerait bien épouser Sylvie; Dany (Xavier Malo), le drogué qui partage volontiers ses techniques d’évasion chimique. Et puis il y a Maryline (Laurence Dauphinais), l’ex d’Olivier (Benoît Landry), celle qui veut le sauver au point de se perdre elle-même.
L’atmosphère de ce bloc-appartements qui, telle une plante carnivore, avale et digère ses locataires, est oppressante et n’est pas sans évoquer le film de Polanski, Le Locataire (lui-même tiré d’un roman de Roland Topor, Le Locataire chimérique).
Si le personnage principal de La Beauté du monde porte le prénom de son auteur, Olivier Sylvestre, ce n’est pas par hasard, mais bien parce que celui-ci s’est inspiré d’une période difficile de sa vie pour écrire sa pièce. Il y a aussi mis un peu de sa vie professionnelle d’intervenant en toxicomanie, qui rencontre son lot de personnages colorés et cherchant à échapper au quotidien par des moyens divers.
Le Théâtre I.N.K. est connu pour la physicalité de son théâtre, et cette nouvelle création, mise en scène par Marylin Perreault, n’échappe pas à la règle. L’idée de présenter certaines scènes sous un autre angle (littéralement) est une belle trouvaille et sied bien aux bouleversements intérieurs d’Olivier; la scénographie reflète la dissolution de l’espace-temps qu’il ressent, avec ses cloisons fragiles, amovibles, ses pentes, ses trous… Malheureusement, les acteurs semblent ne pas se l’être encore totalement appropriée et leurs mouvements et chorégraphies sont parfois mal assurés. De plus, de nombreuses gesticulations paraissent inutiles, et, loin d’apporter de l’ampleur ou une autre dimension au texte, renforcent ses défauts.
En fait, on sort de la pièce exactement dans le même état d’esprit que l’on sortait de la lecture présentée à Dramaturgies en dialogues en 2012 : on est tout d’abord séduit par ce texte qui possède une personnalité et un ton bien à lui, on s’attache à ces locataires hauts en couleur et souvent déroutants, on accepte de basculer avec le personnage principal dans un univers kafkaïen puis, le temps passant, on finit par trouver que l’ensemble patine, manque d’action et lasse.
Texte d’Olivier Sylvestre. Mise en scène de Marylin Perreault. Une production du Théâtre I.N.K. Au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 28 février 2015.
Dire qu’Olivier est perdu est un euphémisme. Ne sachant plus ni qui il est, ni quel sens donner à sa vie, il se lance dans un processus d’autodestruction assez systématique, dès la minute où il traverse le parc en face de chez lui et franchit la porte de ce bloc-appartements où un 2 1/2 est à louer au sous-sol.
Le hall de l’immeuble, c’est l’entrée des enfers, où le diable prend la forme de voisins envahissants qui soignent leurs propres névroses en tentant de s’approprier le nouveau-venu, où les murs laissent passer les sons et les êtres, où l’individualité comme l’espace et le temps se dissolvent dans un magma de désirs inassouvis que l’on projette sur l’autre.
Il y a la concierge, Sylvie (excellente Sandrine Bisson), qui, pour ses locataires, joue à la fois le rôle d’amante et de mère nourricière et consolante; Alex(e) (Marilyn Castonguay), l’ancienne occupante du 2 1/2, qui transfère sur Olivier ses questionnements de genre ; Monsieur Picard (Marcel Pomerlo), qui se plaint du bruit et aimerait bien épouser Sylvie; Dany (Xavier Malo), le drogué qui partage volontiers ses techniques d’évasion chimique. Et puis il y a Maryline (Laurence Dauphinais), l’ex d’Olivier (Benoît Landry), celle qui veut le sauver au point de se perdre elle-même.
L’atmosphère de ce bloc-appartements qui, telle une plante carnivore, avale et digère ses locataires, est oppressante et n’est pas sans évoquer le film de Polanski, Le Locataire (lui-même tiré d’un roman de Roland Topor, Le Locataire chimérique).
Si le personnage principal de La Beauté du monde porte le prénom de son auteur, Olivier Sylvestre, ce n’est pas par hasard, mais bien parce que celui-ci s’est inspiré d’une période difficile de sa vie pour écrire sa pièce. Il y a aussi mis un peu de sa vie professionnelle d’intervenant en toxicomanie, qui rencontre son lot de personnages colorés et cherchant à échapper au quotidien par des moyens divers.
Le Théâtre I.N.K. est connu pour la physicalité de son théâtre, et cette nouvelle création, mise en scène par Marylin Perreault, n’échappe pas à la règle. L’idée de présenter certaines scènes sous un autre angle (littéralement) est une belle trouvaille et sied bien aux bouleversements intérieurs d’Olivier; la scénographie reflète la dissolution de l’espace-temps qu’il ressent, avec ses cloisons fragiles, amovibles, ses pentes, ses trous… Malheureusement, les acteurs semblent ne pas se l’être encore totalement appropriée et leurs mouvements et chorégraphies sont parfois mal assurés. De plus, de nombreuses gesticulations paraissent inutiles, et, loin d’apporter de l’ampleur ou une autre dimension au texte, renforcent ses défauts.
En fait, on sort de la pièce exactement dans le même état d’esprit que l’on sortait de la lecture présentée à Dramaturgies en dialogues en 2012 : on est tout d’abord séduit par ce texte qui possède une personnalité et un ton bien à lui, on s’attache à ces locataires hauts en couleur et souvent déroutants, on accepte de basculer avec le personnage principal dans un univers kafkaïen puis, le temps passant, on finit par trouver que l’ensemble patine, manque d’action et lasse.
La Beauté du monde
Texte d’Olivier Sylvestre. Mise en scène de Marylin Perreault. Une production du Théâtre I.N.K. Au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 28 février 2015.