Formé en jeu au collège Lionel-Groulx, Mickael Lamoureux est un jeune auteur dont le premier texte en solo, Les Têtes baissées, sera présenté dans la mise en scène de Louis-Karl Tremblay au Théâtre Prospero à partir du 21 avril. En entrevue, Mickael Lamoureux évoque le sujet de sa pièce et sa démarche artistique.
« J’ai commencé le théâtre très jeune et j’ai toujours fait de la création. Pour moi, l’écriture est ancrée dans le jeu, je ne suis pas seulement un interprète mais un créateur, j’aime raconter des histoires et trouver des façons de les raconter. Celle-ci, très personnelle, est celle de ma mère, et elle m’habite depuis longtemps. Il y a 5 ans, je suis allé voir Marie-France Marcotte, qui a été mon professeur et à qui je destinais ce que je pensais être un monologue. Et puis, au fil des rencontres, nous nous sommes rendus compte que ce serait plus intéressant de montrer toute la famille, de raconter l’histoire de mon point de vue.
La pièce traite de la quête identitaire d’un jeune dans la vingtaine qui s’est créé un univers loin des siens. Suite à un événement tragique – son père a fait une crise cardiaque – il se voit obligé de retourner dans sa famille, mais il revient chargé à bloc. Dans un désir de s’émanciper et de tout quitter, la mère va dévoiler des secrets, et il va découvrir qui il est vraiment. Face à ses révélations, il tente d’abord de fuir, puis il prend le parti de la confrontation, afin de se libérer du poids et des conséquences de son héritage.
Les Têtes baissées a été présenté en lecture à Zone Homa, en 2013. J’avais besoin de tester la « marchandise » devant un public, je voulais vérifier si cela résonnait vraiment. La réaction a été très forte et très favorable, je me suis rendu compte que mon histoire ouvrait des vannes chez les gens et ça m’a donné l’envie de le proposer dans les théâtres…»
Une parole urgente et nécessaire
En tant que créateur, Mickael Lamoureux souhaite bien entendu décloisonner, interroger la forme et le fonds. Pourtant, il reconnaît s’être surpris à écrire « d’une manière classique, bien que l’écriture soit baroque par moments », précise-t-il.
Plus que tout, on sent chez lui une grande urgence, une nécessaire prise de parole : « Selon moi, il y a encore beaucoup de chemin à faire. J’ai été très touché par le mouvement des femmes qui se sont dévoilées, qui sont sorties du silence pour dire le viol, l’inceste, les agressions qu’elles ont subi. Cela reste un sujet tabou. On dit qu’au Québec, une personne sur trois aurait subi un viol. Ma mère l’a vécu de 4 à 16 ans. Et par plus d’une personne. Ça se passe encore aujourd’hui, aussi il faut sensibiliser les gens à cette réalité et pour cela, il faut la nommer.
La pièce traite de la transmission du traumatisme sur les générations futures, de cet héritage invisible qui nous est légué, que nous trainons comme un boulet. Si nous nous intéressons beaucoup à ce qui se passe ailleurs, les tragédies, les guerres, nous avons aussi des luttes à mener ici et c’est cette position que j’avais envie de prendre avec Les Têtes baissées. Les spectacles que j’ai vus ces dernières années parlaient de l’ailleurs, des rapports des immigrants, de la quête identitaire, pourtant nous n’avons pas terminé notre « combat familial », si je puis dire… Récemment, j’ai assisté au spectacle d’Olivier Choinière, Ennemi public, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas vu une famille réunie autour d’une table de cuisine !»
Texte de Mickael Lamoureux. Mise en scène de Louis-Karl Tremblay. Avec Muriel Dutil, Mickael Lamoureux, Jean Maheux, Marie-France Marcotte, Luc Morissette et Lise Roy. Au Théâtre Prospero du 21 avril au 9 mai 2015.
Formé en jeu au collège Lionel-Groulx, Mickael Lamoureux est un jeune auteur dont le premier texte en solo, Les Têtes baissées, sera présenté dans la mise en scène de Louis-Karl Tremblay au Théâtre Prospero à partir du 21 avril. En entrevue, Mickael Lamoureux évoque le sujet de sa pièce et sa démarche artistique.
« J’ai commencé le théâtre très jeune et j’ai toujours fait de la création. Pour moi, l’écriture est ancrée dans le jeu, je ne suis pas seulement un interprète mais un créateur, j’aime raconter des histoires et trouver des façons de les raconter. Celle-ci, très personnelle, est celle de ma mère, et elle m’habite depuis longtemps. Il y a 5 ans, je suis allé voir Marie-France Marcotte, qui a été mon professeur et à qui je destinais ce que je pensais être un monologue. Et puis, au fil des rencontres, nous nous sommes rendus compte que ce serait plus intéressant de montrer toute la famille, de raconter l’histoire de mon point de vue.
La pièce traite de la quête identitaire d’un jeune dans la vingtaine qui s’est créé un univers loin des siens. Suite à un événement tragique – son père a fait une crise cardiaque – il se voit obligé de retourner dans sa famille, mais il revient chargé à bloc. Dans un désir de s’émanciper et de tout quitter, la mère va dévoiler des secrets, et il va découvrir qui il est vraiment. Face à ses révélations, il tente d’abord de fuir, puis il prend le parti de la confrontation, afin de se libérer du poids et des conséquences de son héritage.
Les Têtes baissées a été présenté en lecture à Zone Homa, en 2013. J’avais besoin de tester la « marchandise » devant un public, je voulais vérifier si cela résonnait vraiment. La réaction a été très forte et très favorable, je me suis rendu compte que mon histoire ouvrait des vannes chez les gens et ça m’a donné l’envie de le proposer dans les théâtres…»
Une parole urgente et nécessaire
En tant que créateur, Mickael Lamoureux souhaite bien entendu décloisonner, interroger la forme et le fonds. Pourtant, il reconnaît s’être surpris à écrire « d’une manière classique, bien que l’écriture soit baroque par moments », précise-t-il.
Plus que tout, on sent chez lui une grande urgence, une nécessaire prise de parole : « Selon moi, il y a encore beaucoup de chemin à faire. J’ai été très touché par le mouvement des femmes qui se sont dévoilées, qui sont sorties du silence pour dire le viol, l’inceste, les agressions qu’elles ont subi. Cela reste un sujet tabou. On dit qu’au Québec, une personne sur trois aurait subi un viol. Ma mère l’a vécu de 4 à 16 ans. Et par plus d’une personne. Ça se passe encore aujourd’hui, aussi il faut sensibiliser les gens à cette réalité et pour cela, il faut la nommer.
La pièce traite de la transmission du traumatisme sur les générations futures, de cet héritage invisible qui nous est légué, que nous trainons comme un boulet. Si nous nous intéressons beaucoup à ce qui se passe ailleurs, les tragédies, les guerres, nous avons aussi des luttes à mener ici et c’est cette position que j’avais envie de prendre avec Les Têtes baissées. Les spectacles que j’ai vus ces dernières années parlaient de l’ailleurs, des rapports des immigrants, de la quête identitaire, pourtant nous n’avons pas terminé notre « combat familial », si je puis dire… Récemment, j’ai assisté au spectacle d’Olivier Choinière, Ennemi public, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas vu une famille réunie autour d’une table de cuisine !»
Les Têtes baissées
Texte de Mickael Lamoureux. Mise en scène de Louis-Karl Tremblay. Avec Muriel Dutil, Mickael Lamoureux, Jean Maheux, Marie-France Marcotte, Luc Morissette et Lise Roy. Au Théâtre Prospero du 21 avril au 9 mai 2015.