Depuis quelques temps, en tout cas au théâtre, les exilés, les réfugiés, les immigrés prennent la parole pour raconter leur pays ou le souvenir qu’ils en ont gardé, le voyage initiatique, le déracinement, les origines et l’héritage culturel, bref, ce qui compose à peu près une quête d’identité.
Olivier Sylvestre et Annick Lefebvre ont décidé d’en prendre joyeusement le contre-pied. Eux qui ne sont ni exilés, ni immigrés, si ce n’est de la proche banlieue, ont-ils le droit de prendre la parole ? Même si on n’a pas un périple plus palpitant à raconter que la traversée du pont Pie IX ?
Olivier : « Annick et moi avons écrit en parallèle, sur notre enfance en banlieue. Nous sommes nos propres personnages dans une suite d’anecdotes et de morceaux choisis qui tournent autour de nos souvenirs. Chaque morceau commence par « Je me souviens… », un clin d’œil à la devise du Québec. De quoi se souvient-on ? Est-ce intéressant de raconter des souvenirs et d’en faire une épopée, un mythe, afin que la somme de anecdotes soit plus grande que chacune d’elle ?»
Annick : « Pour Olivier, le travail de mémoire était important, mais mon impulsion première a été de poser la question au milieu théâtral : si des acteurs ou des auteurs issus de l’immigration écrivent des spectacles intimes, moi qui n’ais pas vécu l’exil, puis-je entreprendre une pareille démarche, cartographier mon enfance en ayant vécu peu de drames et de tragédies ? Est-ce que cette parole peut avoir sa place sur une scène et va-t-elle être reçue de la même façon du public et des critiques ?»
Olivier : « En fait, nous racontons notre histoire avant de venir à Montréal, notre exil a été de traverser un pont, depuis Laval ou Saint-Bruno. Chaque morceau devient une anecdote, un petit éditorial, une prise de parole. Ou encore une quête : qui sommes-nous et comment avons-nous fait pour arriver là où nous sommes ? Ce qui rejoint le thème du Jamais Lu, « S’appartenir » : comment s’approprie-t-on son histoire, comment questionner ses origines. »
Le Jamais Lu, c’est ma maison
Annick Lefebvre est une « abonnée » du Jamais Lu. En 2009, elle présentait Ce samedi il pleuvait, la pièce qui a été mise en scène par Marc Beaupré Aux Écuries en 2013. Depuis, elle a participé à presque toutes les éditions. Elle a même été de quelques projets collectifs comme Jusqu’où te mènera ta langue ? et L’Abécédaire d’Olivier Choinière, qui a été repris au Théâtre d’Aujourd’hui.
« C’est un peu ma maison, dit-elle. Pour moi, le Jamais Lu est générateur de projets, je les pense en fonction du festival, c’est une motivation à créer des choses que je ne pourrais pas faire ailleurs. »
Pour Olivier Sylvestre, ce sera le deuxième passage. En 2013, il présentait un texte intitulé Les étoiles apparaissent. « C’était une lecture théâtrale plus classique, précise Olivier. C’est la première fois que je me lance dans un parcours identitaire et autobiographique. »
« Et c’est la deuxième fois qu’on travaille ensemble, complète Annick. Mais pas la dernière ! Nous avons participé à une résidence d’écriture avec un auteur belge, qui devrait déboucher sur une création. »
Quand aux éventuelles suites à la présentation de cette lecture, Olivier reste à la fois honnête et prudent : « Pas encore, mais ça vient…»
Texte, mise en lecture et interprétation d’Annick Lefebvre et Olivier Sylvestre. Au Écuries, le samedi 2 mai à 20 h. Suivi de Soir de scotch n°1 : Carthage-en-Québec, avec Elkahna Talbi.
Depuis quelques temps, en tout cas au théâtre, les exilés, les réfugiés, les immigrés prennent la parole pour raconter leur pays ou le souvenir qu’ils en ont gardé, le voyage initiatique, le déracinement, les origines et l’héritage culturel, bref, ce qui compose à peu près une quête d’identité.
Olivier Sylvestre et Annick Lefebvre ont décidé d’en prendre joyeusement le contre-pied. Eux qui ne sont ni exilés, ni immigrés, si ce n’est de la proche banlieue, ont-ils le droit de prendre la parole ? Même si on n’a pas un périple plus palpitant à raconter que la traversée du pont Pie IX ?
Olivier : « Annick et moi avons écrit en parallèle, sur notre enfance en banlieue. Nous sommes nos propres personnages dans une suite d’anecdotes et de morceaux choisis qui tournent autour de nos souvenirs. Chaque morceau commence par « Je me souviens… », un clin d’œil à la devise du Québec. De quoi se souvient-on ? Est-ce intéressant de raconter des souvenirs et d’en faire une épopée, un mythe, afin que la somme de anecdotes soit plus grande que chacune d’elle ?»
Annick : « Pour Olivier, le travail de mémoire était important, mais mon impulsion première a été de poser la question au milieu théâtral : si des acteurs ou des auteurs issus de l’immigration écrivent des spectacles intimes, moi qui n’ais pas vécu l’exil, puis-je entreprendre une pareille démarche, cartographier mon enfance en ayant vécu peu de drames et de tragédies ? Est-ce que cette parole peut avoir sa place sur une scène et va-t-elle être reçue de la même façon du public et des critiques ?»
Olivier : « En fait, nous racontons notre histoire avant de venir à Montréal, notre exil a été de traverser un pont, depuis Laval ou Saint-Bruno. Chaque morceau devient une anecdote, un petit éditorial, une prise de parole. Ou encore une quête : qui sommes-nous et comment avons-nous fait pour arriver là où nous sommes ? Ce qui rejoint le thème du Jamais Lu, « S’appartenir » : comment s’approprie-t-on son histoire, comment questionner ses origines. »
Le Jamais Lu, c’est ma maison
Annick Lefebvre est une « abonnée » du Jamais Lu. En 2009, elle présentait Ce samedi il pleuvait, la pièce qui a été mise en scène par Marc Beaupré Aux Écuries en 2013. Depuis, elle a participé à presque toutes les éditions. Elle a même été de quelques projets collectifs comme Jusqu’où te mènera ta langue ? et L’Abécédaire d’Olivier Choinière, qui a été repris au Théâtre d’Aujourd’hui.
« C’est un peu ma maison, dit-elle. Pour moi, le Jamais Lu est générateur de projets, je les pense en fonction du festival, c’est une motivation à créer des choses que je ne pourrais pas faire ailleurs. »
Pour Olivier Sylvestre, ce sera le deuxième passage. En 2013, il présentait un texte intitulé Les étoiles apparaissent. « C’était une lecture théâtrale plus classique, précise Olivier. C’est la première fois que je me lance dans un parcours identitaire et autobiographique. »
« Et c’est la deuxième fois qu’on travaille ensemble, complète Annick. Mais pas la dernière ! Nous avons participé à une résidence d’écriture avec un auteur belge, qui devrait déboucher sur une création. »
Quand aux éventuelles suites à la présentation de cette lecture, Olivier reste à la fois honnête et prudent : « Pas encore, mais ça vient…»
Le show du non-exil
Texte, mise en lecture et interprétation d’Annick Lefebvre et Olivier Sylvestre. Au Écuries, le samedi 2 mai à 20 h. Suivi de Soir de scotch n°1 : Carthage-en-Québec, avec Elkahna Talbi.