Des petites momies échevelées, des squelettes de créatures impossibles à identifier, un étrange monsieur Loyal à l’air farouche, à l’accent italien et aux manières d’outre-tombe… Dans un décor tout de tôle ondulée, les marionnettistes Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière, vêtus comme des agents secrets en pleine mission d’infiltration, s’activent pour redonner à de vieux objets l’apparence d’une vie passée.
Avec Le Cirque Orphelin, sa dernière création, les Sages Fous, petite troupe installée à Trois-Rivières, baladent leurs masques et leurs pantins aux sourires grotesques dans toutes sortes de lieux non-théâtraux du monde entier – créé en 2011, ce spectacle a tourné dans pas moins de 16 pays – comme des usines désaffectées ou des espaces en friche. Pour la première fois, la compagnie se plie aux contraintes avignonnaises. À l’Espace Roseau, elle déploie avec bonheur son post-apocalypsme poétique avant de poursuivre sa route.
Pirouettes et récup’
Les Sages Fous n’ont pas la marionnette spectaculaire. Encore moins réaliste. Leurs pantins ont la grâce fragile de déchets arrangés par des pros de la récup’. En France, cette esthétique du reste onirique évoque le travail de la compagnie Turak, qui, dans Sur les traces du ITFO, met en scène la renaissance d’un orchestre de marionnettes à têtes de papier mâché et aux instruments recyclés, dissout pour raisons de coupes budgétaires.
Le Cirque Orphelin n’est pas aussi explicitement traversé par des questions de politique culturelle. À peine accompagnées d’une poignée de mots, les pirouettes et autres numéros des artistes-pantins à l’air usagé des Sages Fous sont ouverts à de nombreuses interprétations. Bien sûr, on peut voir dans l’aspect cadavérique et rafistolé de l’homme-oiseau et de la sirène racornie la trace d’une méditation sur la santé et le rôle du théâtre. Mais en phénix qui ne renaissent qu’imparfaitement de leurs cendres, les membres du Cirque Orphelin sont aussi pensées pirouettantes sur la mort qui loge en toute marionnette et sur la marginalité – en général, et de l’artiste en particulier.
Catastrophe urbaine
Planqués dans des cachettes de tôle que Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière dénichent avec l’enthousiasme de chercheurs d’or, les artistes miniatures du Cirque Orphelin sont les rescapés d’une catastrophe. Nucléaire peut-être, chimique ou naturelle. On ne sait pas, et ça n’a pas d’importance. Ce qui est sûr, c’est que la ville en a pris pour son grade. Que de son époque de tours bien fières et de productivité bien huilée, il ne reste rien d’autre qu’un tas de ferraille et des êtres aux gueules presque entièrement cassées.
Avec leur poésie des ruines, les Sages Fous sont pourtant loin de verser dans le pessimisme. Sur leur piste de fortune, la vie se réinvente dans l’absurde et la bonne humeur. La sirène rabougrie troque sa queue pour une paire de jambes métalliques qui lui permettront d’aimer comme il se doit l’homme-oiseau. Deux bras osseux surmontés d’une tête de mort retrouvent leur souplesse d’équilibriste… Entre noirceur et naïveté, ces petites histoires sans paroles forment une fable délicate sur la nécessaire transformation de l’urbanité. Sans didactisme, pleine de la magie des premières et des dernières fois.
Direction artistique : South Miller. Avec Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière. Une production des Sages Fous. À l’Espace Roseau (Avignon), à l’occasion du OFF d’Avignon, jusqu’au 26 juillet 2015 et au National Puppetry Festival (Storrs, Connecticut, USA) les 14 et 15 août 2015.
Des petites momies échevelées, des squelettes de créatures impossibles à identifier, un étrange monsieur Loyal à l’air farouche, à l’accent italien et aux manières d’outre-tombe… Dans un décor tout de tôle ondulée, les marionnettistes Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière, vêtus comme des agents secrets en pleine mission d’infiltration, s’activent pour redonner à de vieux objets l’apparence d’une vie passée.
Avec Le Cirque Orphelin, sa dernière création, les Sages Fous, petite troupe installée à Trois-Rivières, baladent leurs masques et leurs pantins aux sourires grotesques dans toutes sortes de lieux non-théâtraux du monde entier – créé en 2011, ce spectacle a tourné dans pas moins de 16 pays – comme des usines désaffectées ou des espaces en friche. Pour la première fois, la compagnie se plie aux contraintes avignonnaises. À l’Espace Roseau, elle déploie avec bonheur son post-apocalypsme poétique avant de poursuivre sa route.
Pirouettes et récup’
Les Sages Fous n’ont pas la marionnette spectaculaire. Encore moins réaliste. Leurs pantins ont la grâce fragile de déchets arrangés par des pros de la récup’. En France, cette esthétique du reste onirique évoque le travail de la compagnie Turak, qui, dans Sur les traces du ITFO, met en scène la renaissance d’un orchestre de marionnettes à têtes de papier mâché et aux instruments recyclés, dissout pour raisons de coupes budgétaires.
Le Cirque Orphelin n’est pas aussi explicitement traversé par des questions de politique culturelle. À peine accompagnées d’une poignée de mots, les pirouettes et autres numéros des artistes-pantins à l’air usagé des Sages Fous sont ouverts à de nombreuses interprétations. Bien sûr, on peut voir dans l’aspect cadavérique et rafistolé de l’homme-oiseau et de la sirène racornie la trace d’une méditation sur la santé et le rôle du théâtre. Mais en phénix qui ne renaissent qu’imparfaitement de leurs cendres, les membres du Cirque Orphelin sont aussi pensées pirouettantes sur la mort qui loge en toute marionnette et sur la marginalité – en général, et de l’artiste en particulier.
Catastrophe urbaine
Planqués dans des cachettes de tôle que Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière dénichent avec l’enthousiasme de chercheurs d’or, les artistes miniatures du Cirque Orphelin sont les rescapés d’une catastrophe. Nucléaire peut-être, chimique ou naturelle. On ne sait pas, et ça n’a pas d’importance. Ce qui est sûr, c’est que la ville en a pris pour son grade. Que de son époque de tours bien fières et de productivité bien huilée, il ne reste rien d’autre qu’un tas de ferraille et des êtres aux gueules presque entièrement cassées.
Avec leur poésie des ruines, les Sages Fous sont pourtant loin de verser dans le pessimisme. Sur leur piste de fortune, la vie se réinvente dans l’absurde et la bonne humeur. La sirène rabougrie troque sa queue pour une paire de jambes métalliques qui lui permettront d’aimer comme il se doit l’homme-oiseau. Deux bras osseux surmontés d’une tête de mort retrouvent leur souplesse d’équilibriste… Entre noirceur et naïveté, ces petites histoires sans paroles forment une fable délicate sur la nécessaire transformation de l’urbanité. Sans didactisme, pleine de la magie des premières et des dernières fois.
Le Cirque Orphelin
Direction artistique : South Miller. Avec Jacob Brindamour et Olivia Faye Lathuillière. Une production des Sages Fous. À l’Espace Roseau (Avignon), à l’occasion du OFF d’Avignon, jusqu’au 26 juillet 2015 et au National Puppetry Festival (Storrs, Connecticut, USA) les 14 et 15 août 2015.