Après la peur, c’est une expérience théâtrale en mouvement : une série de 12 performances qui peuvent avoir lieu dans une voiture en marche, dans une voiture à l’arrêt, en déambulant dans les rues du Plateau, dans un appartement, dans le hall du théâtre, etc. Parfois il y a des comédiens, parfois non, parfois on porte un casque sur les oreilles, parfois une voix surgit de haut-parleurs. Des propositions très diverses qui nous amènent à réfléchir sur l’urbanité et la façon dont se tissent (ou non) les liens.
Les spectateurs sont appelés à choisir quatre de ces 12 créations issues de l’esprit de 11 auteurs francophones appartenant à des pays différents (Comores, Suisse, Belgique, France, Congo, Québec). Je dois avouer que j’en ai seulement vu trois. En effet, pour des questions de logistique, et même si chaque création ne dure qu’une trentaine de minutes, il faut compter quatre heures pour le parcours complet. C’est long et assez laborieux, particulièrement quand on a l’estomac vide. Un conseil donc : venez armés de patience… et d’un en-cas.
La curiosité l’aurait sans doute emporté sur la faim si la dernière performance à laquelle j’ai assisté (conçue par l’idéateur du spectacle, Armel Roussel, et intitulée Chambre 08 – Safari (comme un teen-movie)) ne m’avait pas assommée par ses lieux communs. Dans une voiture en mouvement, on assiste à la conversation d’un couple. La femme raconte le jeu qu’elle faisait étant plus jeune, celui que nous avons tous fait un jour, inventer une vie aux étrangers qu’elle croise dans la rue. Le jeu pourrait être passionnant si le manque d’imagination n’était pas aussi criant (par exemple : cette femme qui marche a dit à son mari qu’elle avait une réunion, mais elle va en fait voir son amant). Durant tout le trajet, la banalité des propos prime, et la position voyeuriste dans laquelle on nous place ne procure pas le moindre sentiment de gêne, de malaise ou d’excitation.
La première création que j’avais choisie (Chambre 02 – Cet homme), conçue par Sarah Berthiaume, manquait également de matière, même si l’idée de départ, un même homme apparaissant dans les rêves de différentes personnes à travers le monde, était originale. Il reste que parcourir les ruelles du Plateau avec un casque sur les oreilles, le récit des rêves s’accordant parfois étonnamment bien au décor, était plutôt plaisant.
Le véritable coup de cœur de cette soirée, c’est Chambre 11 – Ghost Songs, écrite par Gilles Poulin-Denis et interprétée par Vanja Godée et Adrien Letartre. La scène se passe dans une voiture. Il fait nuit, c’est l’hiver, il neige. Le conducteur s’arrête pour prendre une auto-stoppeuse en route vers Chicago, sur les traces d’un grand-père qui fut un temps joueur de blues. Assis sur la banquette arrière, totalement immergés dans cette nuit hivernale grâce à un procédé qu’il vaut mieux ne pas révéler pour ne pas briser la magie (fermez vraiment les yeux lorsqu’on vous le demande!), oubliant totalement les 25 degrés qu’il fait dehors, nous assistons avec émotion à cette rencontre entre deux inconnus qui fait écho à celle de la jeune femme avec un grand-père surgi du passé. Un moment de grâce où le récit et l’environnement dans lequel il nous est offert s’agencent parfaitement.
En nous arrachant à notre rôle de spectateur passif confortablement assis dans une salle obscure, le metteur en scène franco-belge Armel Roussel nous offre une expérience atypique, qui doit s’adapter aux contraintes des différentes villes dans lesquelles elle est présentée (Montréal, Paris, Bruxelles, Limoges, Ouagadougou). Tout un défi pour les auteurs, qui ont dû imaginer un texte suffisamment flexible pour s’adapter à la réalité du terrain. On ne peut qu’admirer l’ambition qui a présidé à cette démarche, et apprécier qu’on nous fasse ainsi poser un regard différent sur notre environnement quotidien. Malheureusement, la forme primait sur le fond dans deux des trois créations que j’ai vues. Peut-être que des spectateurs ayant fait d’autres choix que les miens auront sur le sujet un tout autre point de vue ?
Conception de Sarah Berthiaume, Gilles Poulin-Denis et Armel Roussel. Une production d’Armel Roussel / [e]utopia3, en coproduction avec le Théâtre Les Tanneurs en Belgique et le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 5 septembre.
Après la peur, c’est une expérience théâtrale en mouvement : une série de 12 performances qui peuvent avoir lieu dans une voiture en marche, dans une voiture à l’arrêt, en déambulant dans les rues du Plateau, dans un appartement, dans le hall du théâtre, etc. Parfois il y a des comédiens, parfois non, parfois on porte un casque sur les oreilles, parfois une voix surgit de haut-parleurs. Des propositions très diverses qui nous amènent à réfléchir sur l’urbanité et la façon dont se tissent (ou non) les liens.
Les spectateurs sont appelés à choisir quatre de ces 12 créations issues de l’esprit de 11 auteurs francophones appartenant à des pays différents (Comores, Suisse, Belgique, France, Congo, Québec). Je dois avouer que j’en ai seulement vu trois. En effet, pour des questions de logistique, et même si chaque création ne dure qu’une trentaine de minutes, il faut compter quatre heures pour le parcours complet. C’est long et assez laborieux, particulièrement quand on a l’estomac vide. Un conseil donc : venez armés de patience… et d’un en-cas.
La curiosité l’aurait sans doute emporté sur la faim si la dernière performance à laquelle j’ai assisté (conçue par l’idéateur du spectacle, Armel Roussel, et intitulée Chambre 08 – Safari (comme un teen-movie)) ne m’avait pas assommée par ses lieux communs. Dans une voiture en mouvement, on assiste à la conversation d’un couple. La femme raconte le jeu qu’elle faisait étant plus jeune, celui que nous avons tous fait un jour, inventer une vie aux étrangers qu’elle croise dans la rue. Le jeu pourrait être passionnant si le manque d’imagination n’était pas aussi criant (par exemple : cette femme qui marche a dit à son mari qu’elle avait une réunion, mais elle va en fait voir son amant). Durant tout le trajet, la banalité des propos prime, et la position voyeuriste dans laquelle on nous place ne procure pas le moindre sentiment de gêne, de malaise ou d’excitation.
La première création que j’avais choisie (Chambre 02 – Cet homme), conçue par Sarah Berthiaume, manquait également de matière, même si l’idée de départ, un même homme apparaissant dans les rêves de différentes personnes à travers le monde, était originale. Il reste que parcourir les ruelles du Plateau avec un casque sur les oreilles, le récit des rêves s’accordant parfois étonnamment bien au décor, était plutôt plaisant.
Le véritable coup de cœur de cette soirée, c’est Chambre 11 – Ghost Songs, écrite par Gilles Poulin-Denis et interprétée par Vanja Godée et Adrien Letartre. La scène se passe dans une voiture. Il fait nuit, c’est l’hiver, il neige. Le conducteur s’arrête pour prendre une auto-stoppeuse en route vers Chicago, sur les traces d’un grand-père qui fut un temps joueur de blues. Assis sur la banquette arrière, totalement immergés dans cette nuit hivernale grâce à un procédé qu’il vaut mieux ne pas révéler pour ne pas briser la magie (fermez vraiment les yeux lorsqu’on vous le demande!), oubliant totalement les 25 degrés qu’il fait dehors, nous assistons avec émotion à cette rencontre entre deux inconnus qui fait écho à celle de la jeune femme avec un grand-père surgi du passé. Un moment de grâce où le récit et l’environnement dans lequel il nous est offert s’agencent parfaitement.
En nous arrachant à notre rôle de spectateur passif confortablement assis dans une salle obscure, le metteur en scène franco-belge Armel Roussel nous offre une expérience atypique, qui doit s’adapter aux contraintes des différentes villes dans lesquelles elle est présentée (Montréal, Paris, Bruxelles, Limoges, Ouagadougou). Tout un défi pour les auteurs, qui ont dû imaginer un texte suffisamment flexible pour s’adapter à la réalité du terrain. On ne peut qu’admirer l’ambition qui a présidé à cette démarche, et apprécier qu’on nous fasse ainsi poser un regard différent sur notre environnement quotidien. Malheureusement, la forme primait sur le fond dans deux des trois créations que j’ai vues. Peut-être que des spectateurs ayant fait d’autres choix que les miens auront sur le sujet un tout autre point de vue ?
Après la peur
Conception de Sarah Berthiaume, Gilles Poulin-Denis et Armel Roussel. Une production d’Armel Roussel / [e]utopia3, en coproduction avec le Théâtre Les Tanneurs en Belgique et le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 5 septembre.