Comédienne, chanteuse, marionnettiste, auteure, metteur en scène, animatrice, médiatrice culturelle, enseignante en art dramatique, gestionnaire de compagnie : la polyvalence obligatoire de l’artiste de la relève qui veut vivre de son métier. Et Audrée Southières connait la chanson !
Diplômée en 2008 de l’École supérieure de Théâtre de l’Université du Québec à Montréal en jeu, elle complète sa formation par des stages professionnels en art clownesque, en jeu masqué, en théâtre d’ombres et en chant. Collectif et multidisciplinarité font partie intégrante de son parcours. Ainsi, elle a fait la tournée canadienne des Festivals Fringe avec The Duck Wife, une création du collectif anglophone Inertia où elle dansait et chantait. Elle découvre la manipulation de marionnettes dans les spectacles jeunesse du Théâtre La Simagrée et de l’Arsenal à musique.
En 2009, avec ses comparses rencontrés pendant ses études en théâtre au Cégep Saint-Laurent, elle fonde le Théâtre AcharnéE. T’en souviens-tu Pauline, spectacle en hommage à Pauline Julien qu’elle interprétait en solo, a été créé à Espace Libre en mars 2014, puis présenté en reprise au printemps dernier. Avec Christine Plouffe, elle a raconté une Histoire de pomme n° 26, une courte forme marionnettique pour jeunes spectateurs, au festival Casteliers et dans les parcs de Montréal durant l’été. Enfin, au Théâtre la Chapelle, elle fait Diversion du 20 au 24 octobre. Entrevue avec une jeune artiste engagée, féministe et… acharnéE !
Féministe et fière de l’être
Le Théâtre AcharnéE porte fièrement son E majuscule, qui claque au vent comme un drapeau dans le courant d’idées féministes qui circule en ce moment. Début septembre, Alexandre Cadieux faisait paraître un article dans Le Devoir qui s’interrogeait sur la place et le nombre de femmes dans le milieu artistique : où sont les metteures en scène, les auteures ? Le dossier du plus récent numéro de JEU porte sur ce nouveau féminisme qui intéresse une génération qui soudain réalise que rien n’est acquis, surtout en ces temps de régression sociale.
« Le féminisme est un sujet qui m’habite depuis longtemps, dit Audrée Southières. La lutte des femmes est une des seules révolutions concrètes du 20e siècle. Quand je pense qu’il y a tout juste 100 ans ici même, les femmes n’étaient pas considérées les égales des hommes, ça m’émeut. Je me sens redevable envers toutes le femmes de l’histoire qui se sont battus pour défendre leurs droits et qui ont pris le pari de la dignité et du courage pour accéder à l’espace public. Les antiféministes manquent totalement de respect pour les générations qui nous ont précédé. Et le combat est toujours d’actualité, au Québec et dans tous les pays où les femmes sont opprimées, où on se sert des violences infligées au corps des femmes comme armes de guerre. Dans mes projets, même si l’objet n’est pas féministe dans le propos direct, l’équipe de concepteurs est paritaire, et je veux toujours avoir ça à l’esprit ».
Faire Diversion
Une première version de Diversion a été montrée au Fringe en 2013 pour laquelle la troupe a remporté le prix Zone Homa pour la création francophone la plus prometteuse. Dans son mandat, le Théâtre AcharnéE déclare vouloir explorer l’autofiction afin de poursuivre « avec conviction la proposition des artistes féministes qui nous ont précédées ». Et, puisque « le personnel est politique », chaque membre de la compagnie s’est inspiré de lui-même pour créer son personnage dans Diversion.
« Au lieu de chercher un cadre fictif pour présenter des idées et aborder des sujets, pourquoi ne pas le faire avec nos quatre personnalités colorées et complémentaires ? reprend Audrée. Les pousser à l’extrême pour en dégager l’archétype, pour exprimer des enjeux sociaux. Réunis lors d’un souper, une fête avec des moments surréalistes et poétiques, des conversations quotidiennes entrecoupées d’images plus tragiques, nos personnages représentent des problèmes rencontrés par rapport à notre identité, à nos idéaux politiques. Et, comme dans la vie, on ne dit pas toujours les vraies choses ».
Impliquer le public
Plus qu’un spectacle, Diversion se veut une expérience théâtrale, sa forme permettant l’implication du public : « Au Théâtre AcharnéE, on croit au pouvoir de la collectivité, de faire changer les choses par une prise de conscience sociale. On veut donner au spectateur autant qu’à l’acteur la possibilité de s’indigner, de prendre position. J’aime sentir au théâtre que les spectateurs qui viennent s’assoir ne mettent pas leur cerveau à off. La solidarité, la tolérance, l’acceptation des différences sont les valeurs véhiculées dans le spectacle. La prise de parole se fait dans une grande liberté scénique. Nous avons besoin du festif pour être ensemble, sinon ça ne décolle pas… C’est important de prendre le temps de s’accorder un moment collectif, dans le monde individualiste dans lequel on vit ».
Création et interprétation : Mathilde Addy-Laird, Sabrina Casault, Cédric Patterson et Audrée Southières. Au Théâtre la Chapelle du 20 au 24 octobre 2015.
Comédienne, chanteuse, marionnettiste, auteure, metteur en scène, animatrice, médiatrice culturelle, enseignante en art dramatique, gestionnaire de compagnie : la polyvalence obligatoire de l’artiste de la relève qui veut vivre de son métier. Et Audrée Southières connait la chanson !
Diplômée en 2008 de l’École supérieure de Théâtre de l’Université du Québec à Montréal en jeu, elle complète sa formation par des stages professionnels en art clownesque, en jeu masqué, en théâtre d’ombres et en chant. Collectif et multidisciplinarité font partie intégrante de son parcours. Ainsi, elle a fait la tournée canadienne des Festivals Fringe avec The Duck Wife, une création du collectif anglophone Inertia où elle dansait et chantait. Elle découvre la manipulation de marionnettes dans les spectacles jeunesse du Théâtre La Simagrée et de l’Arsenal à musique.
En 2009, avec ses comparses rencontrés pendant ses études en théâtre au Cégep Saint-Laurent, elle fonde le Théâtre AcharnéE. T’en souviens-tu Pauline, spectacle en hommage à Pauline Julien qu’elle interprétait en solo, a été créé à Espace Libre en mars 2014, puis présenté en reprise au printemps dernier. Avec Christine Plouffe, elle a raconté une Histoire de pomme n° 26, une courte forme marionnettique pour jeunes spectateurs, au festival Casteliers et dans les parcs de Montréal durant l’été. Enfin, au Théâtre la Chapelle, elle fait Diversion du 20 au 24 octobre. Entrevue avec une jeune artiste engagée, féministe et… acharnéE !
Féministe et fière de l’être
Le Théâtre AcharnéE porte fièrement son E majuscule, qui claque au vent comme un drapeau dans le courant d’idées féministes qui circule en ce moment. Début septembre, Alexandre Cadieux faisait paraître un article dans Le Devoir qui s’interrogeait sur la place et le nombre de femmes dans le milieu artistique : où sont les metteures en scène, les auteures ? Le dossier du plus récent numéro de JEU porte sur ce nouveau féminisme qui intéresse une génération qui soudain réalise que rien n’est acquis, surtout en ces temps de régression sociale.
« Le féminisme est un sujet qui m’habite depuis longtemps, dit Audrée Southières. La lutte des femmes est une des seules révolutions concrètes du 20e siècle. Quand je pense qu’il y a tout juste 100 ans ici même, les femmes n’étaient pas considérées les égales des hommes, ça m’émeut. Je me sens redevable envers toutes le femmes de l’histoire qui se sont battus pour défendre leurs droits et qui ont pris le pari de la dignité et du courage pour accéder à l’espace public. Les antiféministes manquent totalement de respect pour les générations qui nous ont précédé. Et le combat est toujours d’actualité, au Québec et dans tous les pays où les femmes sont opprimées, où on se sert des violences infligées au corps des femmes comme armes de guerre. Dans mes projets, même si l’objet n’est pas féministe dans le propos direct, l’équipe de concepteurs est paritaire, et je veux toujours avoir ça à l’esprit ».
Faire Diversion
Une première version de Diversion a été montrée au Fringe en 2013 pour laquelle la troupe a remporté le prix Zone Homa pour la création francophone la plus prometteuse. Dans son mandat, le Théâtre AcharnéE déclare vouloir explorer l’autofiction afin de poursuivre « avec conviction la proposition des artistes féministes qui nous ont précédées ». Et, puisque « le personnel est politique », chaque membre de la compagnie s’est inspiré de lui-même pour créer son personnage dans Diversion.
« Au lieu de chercher un cadre fictif pour présenter des idées et aborder des sujets, pourquoi ne pas le faire avec nos quatre personnalités colorées et complémentaires ? reprend Audrée. Les pousser à l’extrême pour en dégager l’archétype, pour exprimer des enjeux sociaux. Réunis lors d’un souper, une fête avec des moments surréalistes et poétiques, des conversations quotidiennes entrecoupées d’images plus tragiques, nos personnages représentent des problèmes rencontrés par rapport à notre identité, à nos idéaux politiques. Et, comme dans la vie, on ne dit pas toujours les vraies choses ».
Impliquer le public
Plus qu’un spectacle, Diversion se veut une expérience théâtrale, sa forme permettant l’implication du public : « Au Théâtre AcharnéE, on croit au pouvoir de la collectivité, de faire changer les choses par une prise de conscience sociale. On veut donner au spectateur autant qu’à l’acteur la possibilité de s’indigner, de prendre position. J’aime sentir au théâtre que les spectateurs qui viennent s’assoir ne mettent pas leur cerveau à off. La solidarité, la tolérance, l’acceptation des différences sont les valeurs véhiculées dans le spectacle. La prise de parole se fait dans une grande liberté scénique. Nous avons besoin du festif pour être ensemble, sinon ça ne décolle pas… C’est important de prendre le temps de s’accorder un moment collectif, dans le monde individualiste dans lequel on vit ».
Diversion
Création et interprétation : Mathilde Addy-Laird, Sabrina Casault, Cédric Patterson et Audrée Southières. Au Théâtre la Chapelle du 20 au 24 octobre 2015.